a fête battait son plein et… et si Lilibelle était une personnalité pétillante qui ramenait la fête avec elle, c’était bien l’une des rares fois où elle se retrouvait entourée d’autant de gens, c’en était presque intimidant. Une timidité qui dura quelques minutes, le temps qu’elle approche d’un stand où une dame proposait du thé et des gâteaux et l’échange vif entre elle et son voisin sur le contenu de son stand. Elle resta quelques minutes à proximité, son sourire gagnant en intensité après chaque échange. La vieille dame semblait connaître tout le monde, d’ailleurs, et la jeune soigneuse se cala dans un coin pour ne pas gêner le flot de passants tout en restant observer et écouter. Il y avait une bonne ambiance, le genre d’ambiance bon enfant qui fait du bien, qui fait plaisir. Le badinage entre la mémé et son voisin, plus jeune, lui arracha des gloussements qu’elle dissimula derrière sa main.
Une fois un rien plus assurée, elle approcha du stand avec un rien de timidité mais un vrai sourire aux lèvres et si elle n’avait pas l’air tout à fait assurée, elle avait clairement l’air d’être contente d’être là :

« Est-ce que vous auriez du thé vert à la violette ? » Elle jeta un coup d’oeil aux assortiments de gâteaux à disposition et se mordit la lèvre inférieure avant de dire avec un sourire : « Et quelques biscuits au chocolat blanc, s’il vous plaît ! »

Elle avait hâte de déguster une bonne boisson chaude et peut-être qu’elle reviendrait plus tard pour tester quelque… Malgré elle, Lilibelle pouffa, masquant sa réaction derrière une main. De façon tout à fait inutile puisque son éclat premier se transforma en rire léger. Peut-être qu’elle viendrait tester un taco yaquis, elle échangea un regard amusé avec le monsieur qui tenait le stand voisin, hilare et appréciant le bon humour et la bonne volonté.
Un thé en main et quelques biscuits à grignoter, elle s’éloigna avec prudente pour ne pas renverser sa boisson sur l’un des passants.
Elle terminait les derniers biscuits tout en commençant à avoir l’idée de faire demi-tour pour aller essayer ces taco yaquis et peut-être autre chose pour accompagner le tout - et peut-être un nouveau thé et quelques autres biscuits - lorsque l’annonce d’un concours de sauce piquante attira son attention. Curieuse, elle approcha et… participa. Elle n’avait absolument aucune résistance aux sauces piquantes mais c’était beaucoup trop fun pour passer l’occasion et c’est donc avec un petit groupe d’encouragement autour d’elle, qu’elle participa au concours. Les larmes aux yeux aussi bien à cause de sa bouche en feu que parce qu’elle s’éclatait, Lilibelle tint jusqu’à la quatrième sauce piquante avant de déclarer forfait. Elle s’empressa de fourrer le pain qu’on lui tendit dans la bouche pour essayer d’atténuer la sensation que ses dents allaient faire leur valise et se tirer après avoir subi une telle maltraitance.

… et ce fut le début de la fin. Enthousiasmée par la bonne ambiance, les bonnes rencontres, les corps qui se pressaient de part et d’autre d’elle, Lili s’emballa et retourna auprès de la mémé et de son stand de thé pour commander, auprès de son voisin, un taco yaquis, ponctuant sa commande d’un clin d’oeil qu’elle ne put s’empêcher d’accompagner d’un rire. Elle en avait parlé autour d’elle, pendant le concours de sauce piquante et espérait qu’avec un peu de chance, cela ramènerait des gens chez lui mais aussi chez Mémé Thé. Laquelle hélait une jeune femme enceinte jusqu’aux yeux, une main couverte d’un gant noir reposant sur son ventre rebondi, demandant des nouvelles. Il y avait tant de vie, tant de bonne humeur et de bon sentiment.

Elle participa, à quatorze heures et des poussières à un truc de gommette sur des meubles et des canapés blancs… couvrant les gens, les meubles et elle-même de gommettes de toutes les couleurs. Elle en avait encore coincées dans les cheveux, en avait une sur le bout du nez qui ne tarderait bientôt plus à tomber. Elle dansait, riait aux éclats tout en couvrant chaque surface disponible de gommettes colorées, dessinant parfois des pokémons et des gâteaux en assemblant artistiquement quelques gommettes ensembles, assise en tailleur en face d’un petit meuble blanc qu’elle redécora des pieds aux tiroirs.

C’est devant la scène qu’elle se retrouva à lever les yeux vers un Ailbhe aussi à l’aise qu’un magikarp au milieu d’une plage sans mer. Et le discours fut à l’image du révolutionnaire, bordélique, exprimé sans chichi mais avec les bons mots, il venait du coeur ce discours et il en disait long sur l’intention derrière l’organisation de cette fête. Incapable de ce retenir, c’est à la mention de la meute de réprouvés qu’elle se mit à hurler à la façon d’un lougaroc, vite rejointe par d’autres, tapant du pied pour faire du bruit. Ils étaient là les réprouvés, ils écoutaient, ils participaient et ils étaient de tout coeur avec lui.
Il y avait tant à faire et encore tant à reconstruire mais c’était dans des moments comme ça, entourée de gens déterminés à faire bouger les choses, pour le meilleur, qu’elle se sentait moins seule et infiniment plus forte. Capable de bouger les montagnes, s’il le fallait.

Elle applaudit avec les autres, engoncée dans un hoodie noir acheté à un stand avec le logo de la fête du lendemain et de la date du jour, pollué de gommettes de toutes les couleurs.