Genesis disait vrai : la Menace Obscure est réelle. Nul n'est à l'abri, pas même la princesse impériale. Ne vous y trompez pas : la guerre est à vos portes. Commencez-vous à voir les fils du destin ?
Effleurer le divin
On dirait bien que vous êtes passé à côté d'un être mythique... Que vous l'ayez vu ou entraperçu, leur existence est bien réelle. Et maintenant ?
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Vous avez vaincu le champion type plante. Ne prenez pas racine.
Six mois
Qu'avez-vous fait ce semestre dernier ? Beaucoup de Lux Novae, apparemment.
Arsinoe reculait dans l’rétroviseur, et toute la ville disparaissait rapidement dans l’horizon, et tout ça était peut-être un peu de ma faute. J’avais la mâchoire serrée à m’en faire sauter une molaire ou deux, mes sourcils qui s’fronçaient et mon pied qui écrasait l’accélérateur. Le moteur, il ronronnait, plus fort, et moi, je ressassais toute cette dernière heure. Ça tournait, ça tournait encore et encore, ça tournait un peu comme si mes neurones étaient entraînés par une courroie qui ne craque pas, et ça grondait, à l’intérieur de mon crâne. Je n’comprenais pas pourquoi je m’étais dégonflé, je trouvais pas la moindre parcelle d’explication possible, et c’était peut-être quelque chose qui était trop enfoui, quelque part, dans mon ventre, dans mes tripes. Et pourtant, j’étais là-bas. Devant les portes de cette arène, et j’étais à quelques mètres à peine de la championne, mais je n’ai pas fait un pas de plus. Je brûlé une cigarette, puis une autre, et une autre. Fourrant mes mégots dans le paquet même de mes clopes, et tartinant mes poumons d’une mélasse noirâtre. Je crachais tout ça, toute cette fumée, comme un autre de ces Smogo, et j’attendais peut-être bien que quelque chose m’attrape et m’entraîne, mais qu’importe. Je filais à toute allure sur la route 09. Et il n’y a que la lâcheté qui m’a attrapé, et qui entraîné, jusque-là, comme les serres d’un gargantuesque Gueriaigle.
Le frein à main. Sur le bord de la route, je délaissais mon van après avoir flanqué un coup de pied dans la carrosserie. Il y a eu un vacarme métallique, et un creux est apparu dans l’métal. Je l’ai enfoncé, ce morceau de tôle, et j’ai fermé les yeux quelques secondes, ne serait-ce que pour retrouver un peu de calme. Une inspiration, une expiration, peut-être un peu plus que ça. Deux, ou trois, et voilà que je me retrouve à déambuler là, dans une prairie ayant perdu un peu d’son éclat, en s’enfonçant dans l’hiver. Une brise vient foutre un peu le merdier dans mes cheveux, et elle s’infiltre et elle s’engouffre sous mes fringues, peut-être un peu trop grande, histoire de me grignoter la chair et les os. Un frisson. Et de la condensation qui commence à s’échapper de mes lèvres, au rythme de ma respiration. C’est idiot, tout ça. C’est idiot, mais c’est peut-être utile. C’est peut-être le bon chemin à prendre, après tout. Je comprenais pas moi-même ce que j’foutais dans l’cœur de cette après-midi, à m’promener là, mais ce n'était pas si différent des autres jours, si j’prends le temps d’y penser. Et puis, ce n’est peut-être rien d’autre que ça, finalement. Ce n’est peut-être rien d’autre qu’une histoire de recul, et de saut…
Des cris gutturaux se font entendre. Bon signe ou mauvais signe? Quelque chose approche, quelque chose de chaud. Il veut peut-être t'aider à faire fondre de la carrosserie ou à rendre plus molle afin d'aider à replacer certains morceaux enfoncés.. Ou il croit que ce van est bon à être détruit? Lui aussi veut s'amuser..
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Acte 1 : Au travers des ombres
Genesis disait vrai : la Menace Obscure est réelle. Nul n'est à l'abri, pas même la princesse impériale. Ne vous y trompez pas : la guerre est à vos portes. Commencez-vous à voir les fils du destin ?
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De nouveaux grondements, et un soupir s’échappant et franchissant la barrière entrouverte de mes deux lèvres. Puis d’nouveaux cris, rauques et caverneux, et c’est alors seulement à ce moment-là que je sens chacun d’mes muscles se tendre, un peu comme si j’avais besoin d’un second avertissement pour comprendre quoique ce soit, une deuxième alarme pour me réveiller. Mes yeux s’écarquillent alors, et mes pupilles se dilatent. Mon souffle, lui, il se suspends pendant quelques secondes, et je crois bien que je me surprends moi-même, à réagir instinctivement, comme ça. C’est que j’ai peut-être quelques mauvais souvenirs qui demeurent et qui trottent, quelque part, dans ma chair, dans quelques-uns des os de mon squelettes, un peu comme des mollusques obstinément agrippés à un rocher, lorsque la mer se retire, vagues après vagues. Les pointes empoisonnés d’un Qwilfish, l’amour moite et gluant d’un Excelangue, et de la boue, partout. Alors j’fais un ou deux pas en arrière avant d’remarquer ses pas, à lui. Une démarche maladroite, quelque chose de gauche, un peu comme s’il dodelinait plus qu’il ne marchait réellement. Je le regarde, et il s’approche, comme ça, et il porte et il amène avec lui une chaleur qui m’enveloppe et qui m’emporte, délicatement. Et bordel, c’est pas désagréable du tout…
Alors je sens quelque chose qui se détend, à l’intérieur, et c’est une autre vague qui m’emmène. Une vague sèche et tendre, une vague revigorante, et je porte mes deux mains à mon visage pour souffler un peu dessus. C’est que l’monde fait ça pour se réchauffer, d’autant plus dans l’cœur glaciale d’un hiver naissant, mais moi, je m’en fous pas mal pour être honnête. Je veux qu’il comprenne que j’ai froid. Je veux qu’il comprenne que je me les caille, et je m’accroupis en tendant les mains vers lui, comme pour lui inspirer ne serait-ce qu’un peu d’confiance. « T’as à l’air de bien savoir chanter toi, que j’commence à lui dire, ça te dirait de m’chanter quelque chose ? ». Il semblait vouloir s’amuser, et quant à moi, j’avais peut-être simplement besoin d’me détendre un peu. Puisque ce n’est pas en bouffant l’macadam qu’on prend du recul, et que le Van, l’essence et l’moteur, c’est de l’évasion, et que cette évasion n’est rien d’autre qu’une formule un peu plus noble pour parler d’une fuite qui n’a, finalement, pas grand-chose d’honorable… Alors je finis par m’asseoir, le cul dans des herbes seulement réchauffées par la présence de cette petite créature aux lueurs chatoyantes… Et je me laisse porter par le courant…
Il te regarde avant de baisser les yeux, devenant tout timide d'un coup. On lui a toujours dit qu'il chantait mal, alors lui il préfère taper sur des trucs. Il pointe la carrosserie du bout du doigt, t'es sûr qu'il peut pas taper dessus ?
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Il n’y a plus un seul son pour se glisser dans mes oreilles, comme si le silence qui s’est installé avant sabré et massacré la moindre vibration dans l’atmosphère, peut-être histoire de s’la jouer despote pendant quelques secondes. Une autre brise s’élève, mais sa morsure n’est plus aussi froide. Ses crocs se cassent et se brisent sur toute l’ardeur qui suinte de cette créature, qui s’empresse de baisser les yeux, visiblement désolé, en entendant ce que j’lui raconte. Ma tête, elle se penche sur l’côté, sans vraiment que j’y pense, et c’est comme si j’essayais de sonder un peu ce qui s’passait dans des recoins de sa cervelle, de sonder ce qui pouvait bien s’passer sous ce grand tas de braises incandescentes. Et peut-être bien que j’essaye de deviner ce qui se trame à l’intérieur de lui, que j’essaye d’observer les courants et les flux qui le traversent, pour me détourner un peu de ce qui se passe à l’intérieur de moi, de ferrer et de pêcher quoique ce soit dans les fleuves tempétueux d’mon inconscient. Mais il y a son doigt qui se lève, qui pointe mon van abandonné un peu plus loin, sur le bord de la route, et qui noie la moindre de mes réflexions dans l’fond du premier lac venu. Je m’dis alors que c’est peut-être ça qui l’a attiré jusque-là. Le bruit d’la ferraille, le vacarme de ma semelle contre le métal, le ramdam de mon incompréhension et d’une certaine forme de rage intérieur s’écrasant contre la carrosserie. « Tu veux taper un peu là-dessus toi aussi, que j'commence à lui demander, t'es plus du genre batteur que chanteur? ». Mais il me dit rien de plus en retour, et il n’en a peut-être pas besoin, après tout. Je me relève, et la maladresse dans ses pas qui emboîtent les miens en disent plus long que n’importe quel grondement gutturaux.
Ce vieux van, il en a déjà vu de toutes les couleurs. Que ce soit des pannes, des accidents, des nids-de-poule, des glissades, des démarrages en trombe, des colissions, des trottoirs, du bitume, de la boue, de la neige ou quoique ce soit d’autres. De la cendre et de la bière et du café. C’est une maison montée sur des pneus, et ma main parcourt les différentes bosses et les différents creux de sa carcasse. Ses entorses et ses fractures, les traces de la vie et de l’existence même. J’esquisse un sourire, avant de m’retourner vers le Crocogril et d’lui dire quelque chose qui sonne un peu comme ça : « Tu peux taper un peu dessus, si ça t’amuse, mais c’est ma maison quand même, alors… » Je retiens un peu la fin d’ma phrase, avant de flanquer un coup de poing contre le métal, un peu comme pour lui donner l’exemple. « Ne détruis pas tout, d’accord ? », que j’ajoute après que l’éclat de ce coup se soit un peu estompé à travers la pleine, tandis que je sens le sang qui commence à pulser au niveau d’mes phalanges, et une certaine douleur, pointant le bout d’son nez.
Le crocogril t'adresse un grand sourire avant de tapoter sur la carosserie. Il crée un rythme doux, un peu mélancolique ce qui est surprenant vu l'instrument utiliser. Une fois sa petite représentation terminée, il se tourne vers toi avec de grands yeux, est-ce que tu as bien aimé ? (parce que lui il t'aime bien)
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Crocogril
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Les pulsations lancinantes à l’intérieur d’mon poing s’estompent doucement, comme au rythme de ses deux pattes, frappant sur cette carrosserie froide et délavée. C’est que cette vieille carlingue avait déjà vécu plusieurs vies, six ou sept environ, et peut-être même encore un peu plus que ça, et que je m’disais qu’elle pouvait bien encaisser encore quelques coups. Alors tant pis, tant pis pour les bosses et tant pis pour les creux, tant pis pour les reflets disparates de la lumière sur ces longues traînées de tôles, qu’importe tout ça… Ce sourire qui s’étend sur le visage de cette petite créature en valait bien la peine. Alors mes lèvres se sont étirées elles aussi, et je lui ai souri en retour, et voilà. La tendresse assez surprenant des percussions, remplissant les plaines et cette brise, acerbe et glacée. Ma tête se penche d’un côté, et il y a du mouvement dans mes sourcils, des airs de surprise sur mon visage qui fondent, un peu comme un tas d’neige au printemps. J’ai la sensation d’entendre la lueur d’un feu de cheminée, et de voir son crépitement, métallique. Il y a de la sensibilité, dans tout ça, dans ce corps rond et chaud, sous ces airs de loubards gauche et dodelinant. Comme un peu de tristesse planquée quelque part, comme une nostalgie étouffée sous des airs désinvoltes qui n’sont qu’autant de tapis sous lequel on dissimule un peu d’poussière. Ça sonne comme une cloche fêlée, qui tinte, comme des souvenirs d’enfances qui ressurgissent, comme une phrase qu’on aurait aimé ne jamais dire, et… « C’est beau, que je murmure, peut-être inconsciemment désireux de n’pas faire éclater ce silence qui s’installe après cette démonstration, tu serais foutu capable de faire chialer pas mal de personne avec ça. » Mais au final, c’est peut-être bien davantage ce sourire qui n’parvient pas à s’échapper de ma tronche qui lui répond plus qu’autre chose. Et j’en viens à comprendre que, s’il n’avait pas voulu chanter, c’est peut-être parce que son véritable langage est là. Dans les percussions, le rythme, et la saisissante mélodie qu’il parvient à faire naître avec ses deux mains, qui s’contentent de cogner contre une carrosserie.
Alors je m’assois, et je m’retrouve là, avec le cul par terre, au milieu de nulle part, emmitouflé dans cette chaleur qui transpire et qui suinte de partout, et dans cette mélodie qui reprend et qui renait, un peu plus, après qu’un mouvement de tête en vienne à l’inviter à jouer à nouveau. Et qu’importe si l’arène de Maud est derrière moi, et qu’elle a toujours le badge que j’voulais bien lui arracher dans le fond d’une de ses poches. Il y a des instants où il faut savoir s’laisser porter par le courant, et être comme une feuille qui tombe au début de l’automne. J’parle pas de faire confiance à quoique ce soit, ni à qui que ce soit, de prétendument plus grand que nous. Je laisse ça aux autres. Je parle juste de se laisser porter par le vent, de devenir le vent, d’embrasser et de creuser l’absurde. Je ferme les yeux et mes pensées s’laissent, elles aussi, guidées un peu par ça. La surprenante musique de ce Crocogril, son tempo et un peu tout ce que cet air-là et sa mélancolie peut bien m’raconter. Je me souviens. Et je sais qu’Arsinoe n’est pas si loin derrière moi que ça. Bordel, tout ça, ce n’est vraiment rien d’autre qu’une histoire de recul et de saut… je prends un peu d’élan. Et bordel, c’est le pied…
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