Toujours compliqué, ça ne t’étonne pas. T’aimerais avoir de douces paroles à lui offrir pour faciliter la situation, mais tu sais que ce n’est pas vraiment une option au fond. Que t’es bien mal placée pour lui donner un quelconque conseils considérant que ta relation avec ta soeur cadette comporte aussi un aspect de complication sans limite. Tu te souviens encore de votre conversation au pont d’Ilerda où elle s’est laissée aller aux pires théories possibles. Enfin, c’est un détail que tu taies, tu préfères essayer de te montrer encourageante. « Mais tu sais peut-être que tu vois le pire dans la situation et que ce n’est pas si mal. » Tu sais que c’est naïf, que ce n’est probablement pas ce qui se passe, mais au fond, tu ne vas pas te mettre à accuser la femme qu’elle aime, même indirectement. De toute façon, lorsque Maxmillian souligne qu’elle-même se trouvait à Arsinoe, tu te retrouves avec une préoccupation bien plus importante. « Tu dois en garder d’aussi bons souvenirs que moi dans ce cas. » Et encore, t’as eu le pire, t’as pas été grièvement blessée. « T’as raison. » Quand elle parle de ne pas avoir besoin de ressasser tout ça. Peut-être que ça te ferait du bien d’en parler avec quelqu’un qui te comprend, mais tu ne vas pas pousser davantage où ça fait mal.

Tu ne relèves même pas le fait qu’elle n’est toujours pas crédible quand elle affirme bien aller. « T’inquiètes, c’est moi qui ait demandé. » Tu peux bien prendre la responsabilité, ça ne change rien de toute façon. Tu l’observes encore un instant avant de rebondir sur ce qu’elle affirme par la suite. « Je pense que c’est largement normal vu tout ce qui s’est passé. » Vu ce qu’elle doit faire dans son travail. Tu lui adresses un fin sourire, quelque chose qui se veut encourager, mais qui ne l’est probablement pas du tout.
Et toi alors ? La question te fait grimacer. « J’ai la vague impression que rien n’avance nulle part, mais ça va je suppose. » À croire que tu n’es pas bien plus convaincante qu’elle. Ce n’est même pas que ta vie va si mal en soit, c’est certainement pas comparable à ce qu’elle subit, c’est juste. « Disons que c’est compliqué au Sénat. On se remet difficilement de ce qui s’est passé et personne ne veut agir. » T’as jamais été celle qui est tant dans l’action, mais il faut croire que tu le deviens toujours un peu plus, parce que l’inaction de tes pairs t’insupporte au plus haut point. « Mais je n’ai pas à me plaindre en réalité. » Et ça c’est sincère, à défaut d’être vraiment crédible.