L’ambiance est pesante. Dès lors que tu es entrée dans la bâtisse, tu n’as eu de cesse de te sentir épiée. De temps à autre, tu as bien lancé quelques regards par-dessus ton épaule, il t’a semblé apercevoir une ombre se mouvoir du coin de l’œil. À chaque fois, rien. Tu pourrais jurer que des murmures fourmillent dans certains murs, là où l’atmosphère générale de l’endroit, ses décorations, se veulent assez humbles et de bonne facture. Droit à l’essentiel dans tes yeux. Malgré cette étouffante pression qui commencerait à te gagner, tu n’es que de plus en plus impatiente d’en découdre. Tu viens de passer un formidable moment en compagnie du géant, qui se lève et sourit, lorsqu’une hôtesse nous intime de nous rendre sur le lieu de l’épreuve.

Tu as pu déjà goûter à la victoire par anticipations et différentes hypothèses, il vient maintenant l’heure de la savourer pour de vrai et le bond que font tes hormones ne vient de davantage te motiver à cela. Un fond de cortisol et une bonne dose d’adrénaline, de quoi te donner un bon coup de fouet alors que tu emboîtes le pas à ton étrange compagnon. Tu es profondément rassuré par sa présence. Bien qu’il vienne relever le niveau de ta seconde arène, tu as la sensation qu’avec lui, il y aura peut-être moyen que les choses se passent bien cette fois-ci. Non pas quelles eut été catastrophiques la dernière fois, plutôt que tu as soif de victoire, éperdument et que tu es contente de pouvoir compter sur quelqu’un comme lui.

Bruce te regarde, l’air de dire que les choses iraient pour le mieux. Tu lui tends un fin sourire, vite éclipsé. L’heure est au jeux de dupes et aux coups fourrés, pas à l’honnêteté. Si cette arène doit représenté la simplicité et l’étrange, l’au-delà et le banal, soyons les ténèbres qui les feront tous sombrer. Tu t’apprêtes à jouer la comédie, jamais tu n’aurais cru te servir de ton expérience à la cours pour des matchs d’arène, mais le diable est dans les détails, ton rôle est de composition, tu dois jouer une jeune dresseuse un peu nigaude et malhabile, en piste ! En approchant de l’arène de combat, ton pas se fait plus hésitant, tu marcherais presque à reculons pour t’amener à hauteur de ton comparse, déjà face aux deux championnes.

Tu les dévisages un très court instant avant que ton regard ne se perde rapidement ailleurs, sans trouver la moindre prise, rien de réconfortant dans ce décor angoissant, qui s'étale devant tes yeux. Bruce prend la parole, tu sursautes, lorsque de sa voix rauque, il déchire à nouveau le silence. Un Sablaireau d’Adola, tu le regardes, circonspecte. Qu’est-ce que cela pourrait bien vouloir dire ? Pourquoi un tel hors-sujet ? Tu sembles sincèrement atterrée par ce choix, d’autant que vous avez le bénéfice de connaître le type de prédilections de vos adversaires. Tu n’es pas sûre de comprendre... D’une voix clairement intimidée et peu assurée, tu poursuis le travail de présentation de ton drôle de compagnon.

« Euh… Dvora. » Tu déglutis avec difficulté. « Enchantée. » Une révérence, maladroite, ce doit être le stress. « Je viens vous affronter pour mon second badge. Dvora Feinstein Fried ! Pardon. Voilà mon premier pokémon… » Tu libères mollement un Cradopaud de sa luxeball. Pour ta part, tu auras tenté de répondre au challenge qui t'attends, c’est au moins un pokémon combat que tu traînes sur la zone de combat. Tu as la décence de viser à moitié juste pour ce premier test. Certes, le pokémon n’est pas totalement évolué, mais tu n’es que peu expérimentée, encore. Cinabre n’aime que trop ce genre de bêtises. Bien que d’habitude, ce soit toi qui subisses ce genre de farces, il aime aussi beaucoup l’idée de s’associer à sa dresseuse pour orchestrer ce type de calembours, c'est rafraîchissant. Finalement, pourrait-il trouver de l’amusement dans ces matchs de brutes décérébrées ? Peut-être, la suite nous le confirmera ou non.

Pour parachever ce premier acte, au poil, tu conclus avec la honte. Comment était-ce possible d'avoir autant bafouillé, d’entrée de jeu, qui plus est ! C’est pourtant ton second défi d’arène, il y aurait de quoi être habitué plus que cela. Il faut dire que tout chez toi évoque une néophyte, ton attitude générale, la manière que tu peux avoir de jouer avec tes cheveux, nerveusement, ou bien de te triturer les doigts, ne sachant que faire de tes mains. Tu enfouis d'ailleurs rapidement ton visage dans une de tes mains, qui découvre ainsi son but. Si tu viens, d'une part, y enterrer ton inconfort affiché, c'est surtout pour mieux y dissimuler le sourire d’une actrice se voulant aussi finaude que possible. Que le spectacle commence !