Le désert.

En début de soirée, Gento avait décidé d’explorer le Désert Blanc. Entre chien et loup, à l’heure où les sables de la Route 11 qui bordaient les dunes n’étaient ni brûlants ni gelés. Chrysanthème profitait de l’air frais, dont elle n’avait pas pu profiter depuis plusieurs jours déjà, suite aux lois impériales passées dans l’urgence, votées sous l’impulsion d’une nouvelle crainte terroriste.

« La Menace Obscure est une arme des révolutionnaires », avait annoncé Sa Majesté Rowena Maeston. Gento soupira. Il se demandait si Cynthia était au courant. Après tout, elle était celle qui l’avait mis au courant ; quant à l’implication de Genesis…
Cela paraissait bien trop alambiqué pour être une simple manœuvre des rebelles.

Le vent balayait ses cheveux, et le soleil se reflétait sur les cristaux de la branche qui coiffait le diplomate. Chrysanthème jouait avec l’autre Ptiravi qui avait été confié à Gento par l’Empire, pour s’assurer que ses soins soient assurés, puisque Chrysanthème avait désormais l’interdiction de sortir de sa Pokéball en ville. Les deux petites boules rose s’entendaient à merveille, et Gento se surprit à sourire de voir les deux bébés Pokémon s’amuser avec tant d’entrain.

Le diplomate dépassa ce qui semblait être un ancien parc, dévoré par le sable du désert. Il approchait de la frontière du Désert Blanc. Si on le lui avait demandé, il aurait été incapable de dire pour quelle raison il souhaitait s’y rendre. Il s’y sentait inexorablement attiré. Comme il avait été attiré à la Pointe d’Artikodin. Comme il avait été attiré à Arpinium. Une part de lui anticipait déjà ce qui se trouvait au plus profond du désert.

Il avait vu le bois s’éveiller, ramener la vie à Arpinium, guérir ses blessures et celle d’Immortelle, la Draco qui l’accompagnait après avoir tenté de lui ôter la vie. Le gigantesque serpent immaculé avait vu en ce bois quelque chose – une chose dont Gento ignorait encore la teneur. Et il y avait ce nom.

Xerneas.

Un soupir.

En s’aventurant dans les restes du parc, Gento s’arrêta soudainement, en constatant une silhouette au loin. Un Porygon-Z se tenait à ses côtés. Il y avait une espèce de sensation de déjà-vu, un pressentiment de malheur qui envahit le cœur du diplomate. Il sortit son téléphone pour prévenir Cynthia – juste qu’elle sache où il était, s’il devait lui arriver quelque chose. Pas de réseau. En plein milieu du désert, cela ne l’étonnait pas. Retenant son souffle, Gento laissa la Pokéball de Lycoris glisser, et la jument mortuaire apparut aux côtés de son dresseur. Comme si elle avait immédiatement senti la tension qui émanait du diplomate, elle posa son regard vide sur l’inconnu un peu plus loin.

Gento tapota l’encolure de la jument. « Allons-y », dit-il simplement. Il nous attend. Si le masque que portait l’homme ne ressemblait pas à celui de l’agent A qu’il avait rencontré par le passé, alors il ne connaissait qu’un autre dresseur de Porygon-Z. L’homme étrange qui l’avait contacté il y avait de cela quelques mois.

« Bonjour, salua-t-il simplement l’homme une fois arrivé à sa hauteur, j’imagine que vous avez à me parler ? » Cette fois-ci, il n’avait personne à prévenir. C’était eux, au milieu du désert.

Heureusement qu’il avait pensé à emmener ses Pokémon…