Cette sensation que le monde s'effrite sous ses pieds. Tes pieds frappaient les cailloux des vestiges de cette ville alors que tu le suivais, ta main refusant de quitter la sienne. Tu étais terrifiée au fond de toi, terrifiée de venir en ce lieu qui te l'avait rendu dans cet état. Ce soir-là, tu ne t'y attendais pas. Il était parti comme à l'habitude, avec cet uniforme de Ranger qui lui sied à ravir. Tu l'avais embrassé, lui disant au revoir avec déjà la hâte qu'il revienne. Sauf que ton coeur s'était arrêté en le voyant ainsi revenir.

C'était difficile de comprendre ce qui était arrivé, n'ayant pas été présente, n'ayant que ses mots pour illustrer les évènements. Difficile de saisir ce qui semblait le travailler autant, ce qui l'avait choqué, troublé. Traumatisé. Alors que toi, tu craignais un peu plus la réalité. Qu'un jour, ce soit ta belle-mère qui cogne à ta porte pour t'apprendre une horrible nouvelle. Tes yeux picotent et tu te convaincs que c'est la faute de la poussière que vous soulevez en traversant ses lieux. Tu te sens impuissante face à la situation, un support moral seulement. Tu ne peux pas lui retirer la douleur de ses souvenirs comme tu ne pouvais qu'enlever la poussière sur sa peau sous cette douche que vous aviez partagé, sans pouvoir effacer les brûlures qui l'avaient marqués.

Cette sensation que le monde s'effrite sous ses pieds. C'était-il senti ainsi lorsque tu lui avais annoncé que tu étais membre de la révolution? Une petite taupe un peu sotte qui surveillait le palais pour une tierce personne? Avait-il eu cette boule de l'estomac qu'un jour, il ne te retrouve pas? Sa main te serre un peu plus fort, sans douleur, et tu t'y agrippes, le presse également, faisant savoir que tu es toujours là, que tu es avec lui.

Il te raconte s'être séparer des autres et tu imagines déjà un scénario de film d'horreur. C'est jamais une bonne idée de se séparer et tu as envie de le taper. C'est pas que tu lui en veux, tu peux pas lui en vouloir. Sauf que tu l'étranglerais et irais le cacher sous ton jardin. Façon de parler. Tu l'aimes, tu l'aimes à en souffrir. Et tu es terrifiée à l'idée de le perdre. Sauf que voilà, ce n'est pas de toi qu'il est question, alors tu ne l'étrangleras pas, tu ne le taperas pas, tu ne crieras pas. Il lâche ta main et tu le laisses s'avancer à contrecoeur, le regardant gesticuler, parler, expliquer des évènements que personne n'aurait pu se douter. L'Empire est responsable de tant de choses et ça bouille dans ton coeur. Ton visage pourrait devenir rouge de rage, tu pourrais hurler, crier à plein poumon, mais au lieu de cela, tu t'approches avec douceur de ton tendre aimé.

Tu t'accroupis devant lui, prends place devant ses jambes sur lesquelles tes côtes prennent appui, alors que tes mains saisissent son visage. Tes pouces caressent ses joues, alors que ton regard est douceur dans le sien.  

▬ Une chose à la fois.

Parce qu'à vous seul, vous ne pouvez pas déterrer tous les secrets de l'Empire. Chose certaine, maintenant, tu garderas les oreilles ouvertes à ce nom. Anatole Chabert. Un scientifique, probablement, de ce que tu en comprends.

▬ Et ce pokémon.. l'Empire a réussi à le retrouver, tu crois?

Il a détruit la ville, et après? Où est-il? Quand a-t-il été créé? Était-ce pour l'utiliser contre Palera? Pour faire plier les gens sous leurs coupes? Tes mains tremblent un peu contre son visage, de peur et de colère, mais tu respires doucement, tentes de te calmer, de garder ce sourire, pour lui, pour être son soutien aujourd'hui, comme il a été le tien si souvent.

▬ Et les labos.. On pourrait trouver une piste, là-dedans?

Allait-il vraiment avoir envie d'y retourner?