Il y avait eu visite de ce lieu, il y avait eu le désir d'acheter et il y avait un projet de vie commune qui avançait. Tu te lançais à pied joint dans cette aventure avec Even, sans regarder derrière, sans te préoccuper de l'avis d'autrui. Tu étais heureuse, c'est tout ce qui comptait. Et dans le bonheur qui se dessinait au travers du terrain de cette nouvelle maison dont vous faisiez l'acquisition prochainement, il y avait ce grand jardin et cette serre pour te rendre plus qu'épanouit. Mais qui parlais de terre à une jardinière parlait de légumes à y faire pousser et qu'il te fallait donc des plants à cultiver.

Tu en avais glisser un mot à ton père, parce que tes parents avaient un adorable jardin pour subvenir à certains de leurs besoins alimentaires et bien qu'ils étaient pêcheurs, ils appréciaient ce savoir-faire qu'ils avaient développé avec le temps et c'était cette joie de prendre soin de ce petit lot de terre qui t'avait permis de découvrir une voie qui ne leur plaisait pas. Ton idée première était d'aller voler un plant ici et là à ton père pour te démarrer une petite culture variée, mais ce dernier t'envoya balader. Hors de question que tu viennes prendre dans ses précieuses créations, dans les amours à qui il avait tant parler après une longue journée sur son bateau. Par contre, il t'avait rappelé cet homme qui était un ami de longue date et tu avais alors fait le chemin, espérant que ce dernier allait être en mesure de t'aider.

Encore aujourd'hui, tu avais emprunté le véhicule de ton ancien patron, de ce fleuriste qui avait un petit camion de livraison et il était bien utile de le prendre lorsque tu avais de telles commissions à faire. Tu avais fait la route dans les landes, appréciant ce paysage agricole qui se découvrait devant toi et alors, tu entras dans les terres des Winchester, impatiente à l'idée de voir les produits qu'il avait à t'offrir.

Vêtue de ton fidèle chapeau de paille, d'une salopette d'un vert délavé, usé à certains endroits, particulièrement aux genoux où la terre avait changé la teinte du tissu et de grandes bottes avec une semelle bien épaisse, ce qui fallait pour se promener à travers champ et terre sans te ralentir, sans te nuire. Tu quittas ton véhicule, regardait les alentours, analysait la ferme, marchait lentement avec ce pas lasse, cette nostalgie dans l'âme. Tu étais happée par le passé, te revoyant, mini-Alexis, petite toi, qui court ici et là, entourée de têtes blondes, d'amis tout petit dont tu avais perdu la trace avec le temps. Tu hésites un peu entre aller frapper à la porte de cette maison où tu courrais avec tes souliers un peu trop sale pour le parquet ou aller voir au kiosque si quelqu'un y travaillait.

L'esprit confus, tu reculais, sans trop regarder où tu marchais lorsque ton dos frappa quelque chose ou, à l'occurence, quelqu'un. Un grand blond, un visage connu et le voir te fit sourire de toutes tes dents, t'exprimer avec un cri de joie, de surprise, de nostalgie.

▬ Eliott !! Je pensais pas te voir ici aujourd'hui!

Parce qu'évidemment, tu pouvais pas l'avoir oublier, cet acolyte du bons vieux temps. Il avait grandi, il avait changé, mais son regard restait le même, l'ensemble de sa personne te semblait la même. Mais qu'en était-il de toi, Alexis?