Il t'avait parlé de cette grand-mère qui lui donnait des misères, mais pour qui, il répondait toujours présent. Tu aurais pu être jalouse de l'attention que la vieille semblait porter à ton copain, mais ce n'était pas toi d'être jalouse et encore moins d'une cougar du moyen âge. Alors quand il te propose d'aller lui rendre visite, tu le suis avec plaisir, parce que tu aimes les petits voyages entre vous, tu aimes les expéditions, parce que vous passiez déjà beaucoup de temps ensemble avant de finalement franchir cette ligne qu'était l'amitié, alors pourquoi ça serait différent maintenant?

Or, plus que vous avancez dans la ville, plus tu commences à avoir un doute. Et si c'était.., mais tu effaçais rapidement cette pensée, te disant que le monde serait drôlement petit si la vieille dame était la mémé du thé, Artémis, la personne avec la rancoeur toujours active. Ça faisait déjà quelques années que tu avais cassé son service à thé et depuis, tu avais tenté de te faire pardonner. Tu étais revenue, tu avais ouvert des bouquets, des plantes exotiques, de trucs pas commun, tu avais même fait importé du thé d'Asia pour essayer de l'impressionner. Le résultat était qu'elle t'avait prise en photo, imprimer celle-ci et avait mis un beau signe rouge sur ton visage. Probablement qu'elle craignait que tu casses encore quelque chose ou que ta maladresse ferait brûlé son commerce d'une combustion spontanée.

Et voilà que tu marches, sa main dans la tienne et tu ralentis, tu essaies de freiner avec tes talons, de l'arrêter d'avancer.

▬ Even.. att..

Tu réussis pas à finir ta phrase à temps, c'est qu'il avance vite ce ranger ! Tu as cette impression de déjà-vu avec ton ramoloss sur tes épaules en arrivant devant l'enseigne de mémé. Il te fait entré par la grande porte et toi, tu lui lâches la main et te caches derrière ton homme. Tu le sens que ça va mal se finir. Ton regard croise le sien et tu as presque peur qu'elle fasse une syncope. Un petit signe de la main, timide, honteux et ta tête se recache derrière le dos d'Even. Elle t'a déjà repéré, à quoi bon se cacher, idiote? Et tu ressors tranquillement de ta cachette, glissant ta main dans celle d'Even, cherchant dans sa présence le courage qu'il te faut pour parler sans bégueiller. C'est qu'elle te met dans tous tes états, Artémis. Tu te rappelles toujours de la froideur de ses mots, de sa rancune qui ne part pas malgré le temps, comme si la vision de ton visage ne faisait que lui rappeler une douleur vive, la perte de sa fille probablement. Tes doigts serrent ceux de ton copain, peut-être un peu fort, mais c'est pas voulu que tu tentes de lui broyer. Comment n'avais-tu pas fait le lien après ses histoires?

▬ Bonjour Artémis..

Il manque de soleil dans ta voix, y a ton regard qui arrive pas à la fixer, y a juste cette petite main qui se lève et qui lui fait signe.

▬ Elle a bien profité, ta Monstera.

Vaine tentative d'ouvrir une conversation, de rappeler un sujet commun entre vous, d'essayer quelque chose même si tu sens qu'une bombe va peut-être t'exploser au visage. Tu entends presque le clic, clic, clic de l'appareil, tu pourrais voir un décompte sur son visage en attendant que les fils se touchent. Faudrait couper le bleu, le rouge ou le jaune pour que ça se passe bien? Néanmoins, tu finis par répondre à ton blond qui te lance un regard interrogatif et ses sourcils froncés te font craindre aussi sa réaction. Du doigt, tu pointes cette affiche derrière le comptoir qui annonce que tu es interdite en ses lieux. Et le pire, c'est que cette photo ne te met vraiment pas en valeur. Maintenant, il restait à savoir si mémé allait te menacer avec un balai ou si la présence du Ranger allait adoucir vos moeurs.