Aujourd’hui était un jour particulier pour la jeune domestique. Seule au bord de la plage, elle était présente en ces lieux car son Maître avait une quelconque affaire à régler dans le coin. Il n’y avait pas un Chacripan et Cyrène contemplait au bord de la mer le changement constant des vagues, qui se laissaient aller et venir tel un métronome.

Son Maître, pour faire preuve d’originalité, l’avait abandonnée pour Sûrement quelque chose en rapport avec l’amélioration des conditions de vie des Pokémons avec Genesis ou une réforme politique, rien d’exotique en somme… Mais la jeune femme n’avait pas encore le rang nécessaire pour être digne d’une quelconque participation. Le mot d’ordre de l’employeur était donc clair.

“ Reposez-vous un peu tout le monde, vous aussi Cyrène, je reviens demain, voilà la clé d’une chambre d'hôtel où vous pouvez séjourner. “ avait-il dit, partant sur le dos de son Dracolosse et en donnant une carte d’accès d’un hôtel nommé “Le Parecool”.

C’était les derniers mots de Thaddeus avant qu’il s’évapore dans l’ombre au crépuscule.

Il ne restait plus qu’à la jeune femme de se rendre à l’hôtel en attendant un retour potentiel de son Maître. Une servante de qualité se devait d’être toujours prête.

Je sais ! Talt ! Teal ! Nous allons explorer l’endroit afin de mieux connaître la plage et nous pourrons peut-être trouver un coin tranquille pour que le maître puisse, lors de ses rares congés, passer un bon moment.

Sauf qu’à ces mots, Talt et Teal, qui habituellement ne sont jamais d’accord sur quoi que ce soit, ont commencé à se regarder tous les deux. Inclinant leur tête au même moment en signe d'acceptation, ils se retournèrent, doucement, mais sûrement, vers leur dresseuse.

Hum ? Qu’est-ce que vous manigancez tous les deux encore ?

N’obtenant aucune réponse, Cyrène se décida de se concentrer sur leurs expressions, mais Tatl était impossible à lire et le Lucario faisait de son mieux pour ne pas trahir ses intentions. Le Mélodelfe se plaça près de la porte et bloquait la sortie, là ou le Lucario approchait, tel un prédateur, sa dresseuse.

Se laissant faire, les pokémons prirent les mains de la Domestique et l’asseyèrent. Dès qu’elle essayait de se relever, on la repoussait sur le canapé. Ce petit jeu dura une bonne quinzaine de minute et énerva de plus en plus la femme en plus de l’effrayer. Quand ses pokémons commençaient à agir par eux mêmes et à commencer leur petite révolution, elle ne pouvait rien faire pour les stopper. Cyrène ne pouvait que regretter que ce genre de coopération ne soit pas d’actualité quand il s’agit de faire des choses un peu plus sérieuses…

Si elle se levait en disant qu’elle voulait lire un livre ou regarder la mer par la fenêtre, Tatl occupait le rôle parfait d’un pokémon spectre et la suivait sans faire un bruit et sans dire un mot, fixée comme une statue. Sa couleur rappelait celle d’un Ectoplasma et elle en dégageait la sinistre volonté d’ennuyer les humains.

Mais elle commençait à comprendre, avec le temps et malgré la peur, comment jouer avec les sentiments de ses propres pokémons. Il fallait qu'elle fasse preuve d’innovation. Ses pokémons la connaissaient et elle connaissait ses pokémons. Elle refusait de passer la nuit à s’ennuyer comme un Rattata mort.

Je veux aller aux toilettes !! Je peux ça non ?  “ s’exclama la servante.


Rusée comme un Feunard et feignant l’énervement, les pokémons, surpris par novation du langage (en théorie elle aurait utilisé plutôt le mot “sanitaires”), laissèrent la dame se retirer dans la salle de bains. De là, elle courut jusqu’à la porte et enferma ses pokémons dans sa propre chambre de l’extérieur ! Épatée elle même par son idée d’avoir pris le Tauros par les cornes, Cyrène courut jusqu’à la plage.

Courant, haletante sur la plage de nuit. Cyrène avait rarement vu un aussi beau spectacle. La Lune toute ronde se reflétait sur la mer et l’absence de lumières et de la pollution urbaine donnait quelque chose de fantastique à regarder. Mais il ne fallait pas perdre de temps, ses pokémons étaient capables de passer par la fenêtre et le Mélodelfe pouvait entendre une aiguille tomber à un kilomètre et le Lucario avait son aura.

Libre pour une fois, la domestique en profita pour s’éloigner le plus possible sur la plage. Fuyant avec inconstance, fatiguée par sa frénésie, pour s’éloigner de ses pokémons, elle profitait de l’air marin qui, était frais et bon. On était loin de ces endroits qui avaient perdu un certain charme à cause de la modernisation.

Continuant de progresser, Cyrène avait fini par trouver une crique à force de passer par les petites grottes qu’avaient le Littoral dans l’espoir de fuir ses pokémons. Seule, elle n’était pas la personne la plus à l’aise près de la mer, on pouvait disparaître dans l’eau profonde et ténébreuse en toute discrétion. Surtout que si elle n’avait pas la Pleine Lune pour l’éclairer, elle n’y verrait presque rien du tout . Elle regardait souvent d’un coup d'œil discret la plage autour d’elle.

Cependant, elle avait décidé de s’arrêter là, elle avait fui ses pokémons assez longtemps et elle ne pensait pas qu’ils pourraient la retrouver. On revenait donc au point de départ, à la voir la belle servante fixer l’horizon patiemment, profitant, à sa manière, du calme et la sérénité qu’offrait la nature.

Ouvrant les yeux d’un coup, elle vit le jour au-dessus d’elle, on pouvait voir également les Goelise voler au-dessus d’elle. C’était déjà le jour ??? Impossible ! Elle avait dû s'endormir d’épuisement à force de trop courir. Vite ! Il fallait rentrer ! Peut-être que le maître était déjà de retour !

En se levant et en enlevant le sable dans ses cheveux et ses vêtements, Cyrène, vit, à une distance fixe à quelques mètres, deux silhouettes l’observer sans un bruit. Elle manqua de pousser un cri d’effroi mais se retint. Puis elle questionna ses pokémons, comprenant un peu pourquoi ils étaient après elle :

Vous voulez que je me repose c’est ça ?

Elle n’eut que pour seule réponse un Lucario qui la prit comme un sac à patates avant de s’enfuir à toute vitesse avec elle, la ramenant à l’hôtel de force, malgré les cris et les plaintes de la jeune femme qui voulait juste agir pour le bien de son maître….

C’est ainsi qu’elle se retrouva à nouveau enfermée dans sa propre chambre, forcée de prendre du repos, chose qu’elle ne faisait quasiment jamais. Ses pokémons la tenant bien à l'œil et s’assurant qu’elle ne travaille pas du tout… Cyrène garda néanmoins un souvenir de la crique qu’elle avait découverte, et se disait que ce ne serait pas un mauvais endroit où pique-niquer un jour, le jour où son Maître prendra enfin un peu de vacances… Quand il reviendra, elle essaiera de l’emmener en ces lieux ! Explorer à deux sera beaucoup plus amusant, pour sûr.