Tsss...

Le pas cadencé, tu n'hésitais pas à toiser le monde du regard de ta démarche des plus détestables. Comme à son habitude, le Prince t'envoyait faire ses bases besognes. Pourquoi pas, c'était là le prix de ta liberté, mais tu préférais rester à ses côtés plutôt que traverser la moitié du continent pour une affaire de ce genre. Heureusement, le temps passé à voyager et à ruminer ton énervement t'avait laissé plus qu'assez de temps pour étudier le dossier.

Un légendaire ? Il te fallait le vérifier de tes yeux, au nom du Prince à qui cette affaire avait été menée. Ce ne serait pas la première fois que tu verrais l'irréel de tes propres yeux, évidemment, si cette histoire s'avérait être vraie. Tu n'étais pas là pour faire preuve de pitié face à une personne s'inventant une vie. Ta parole, aussi remise en question pouvait-elle être par le reste de la royauté, était prise en compte par William. Si tu n'étais pas convaincue par toute cette affaire, alors il ne le serait pas plus.

C'était là ta raison de la présence ici après tout. Femme de confiance, adjointe à William. Tu représentais l'espace de cette rencontre son autorité.

- C'est ça.

Elle avait exigé la discrétion sur toute cette affaire. Mais elle n'avait aucun crédit pour exiger quoi que ce soit. Heureusement pour elle, cela était une évidence. L'Empire n'avait aucune raison d'ébruiter ceci, encore moins lorsque ce dossier ne se fondait encore que sur des photos potentiellement truquées et des témoignages à la crédibilité discutable. Il fallait plus au Prince, et il n'avait pas le temps de se manifester lui-même.

Tâche ingrate qu'était parfois ton rôle d'Adjointe.

-Des détails ? Si vous avez bien fait votre travail, je n'ai pas besoin d'en savoir davantage. Ne me cachez rien.

Le regard était inquisiteur. Qu'importe qui pouvait-elle bien être, elle n'était pas le Prince et dès lors tu ne lui accordais aucune confiance. Dès qu'elle avait décidé de confier ce qu'elle savait à William, alors elle ne pouvait plus faire marche arrière. Elle s'était engagée à se livrer entièrement, et tu n'accepterais aucune autre alternative. Un Légendaire, aussi insignifiant pouvait-il être aux côtés du trio royal, n'en restait pas moins un danger potentiel d'ordre national.

- Ne faites pas regretter au Prince de m'avoir envoyé faire autant de marche.

Le ton était tout autant détestable. Heureusement pour elle, tu n'éprouvais aucun intérêt personnel à toute cette histoire. Dès lors, tu ne répondais qu'aux exigences du Prince. Tu n'étais que sa personne de confiance. Tu n'avais aucune raison de saboter cela, ni même d'ordonner quoi que ce soit à cette sénatrice dont tu connaissais presque tout ce qu'il y avait à savoir. Tu voulais juste régler cette mission au plus vite pour rentrer.

En conclusion, tu étais bien plus supportable qu'en temps normal.