Une force de la nature.

Il serait difficile de mieux décrire qui est Dwayne Campbell.

Ce colosse mesurant pas moins de 2m15 a dans les veines les courants de l'océan, dans la poitrine les tambours du volcan et sur la tête la végétation luxuriante des îles de chez lui. En phase avec ces éléments tantôt paradisiaques, tantôt destructeurs, il vit comme eux sans s'adapter une seule seconde à autrui, ou presque. Ce sont aux autres de composer avec les remous de sa nature profonde. Heureusement que les tempêtes se font assez rares en Oceania, donc. Cela dit, quand elles se forment, rien ne les arrête.

Presque aussi large que haut, il dégage quelque chose d'impressionnant, touchant au "plus grand que nature". Ses très nombreux tatouages traditionnels et sa chevelure parfaite jouent peut-être un rôle là-dedans. Ils attirent le regard à coup sûr. Son sourire contagieux, ses chemises à fleurs et sa sympathie débordante aident bien heureusement à limiter la casse. A quoi bon aimer les gens si ces derniers tremblent des genoux à chaque fois qu'ils te voient, franchement ?

Quand il n'était encore qu'un jeune minot avec les cheveux (presque) courts mais (presque) autant de muscles qu'aujourd'hui, il partit à l'aventure en compagnie de son compagnon Wailmer, s'imaginant être le héros de l'Histoire avec un grand H. Petit arrogant. Tête de pioche autocentrée. Après tout, il ne pouvait pas en être autrement. On lui trouvait du talent, de la détermination et du style. Un cocktail détonnant pour tout gamin en quête de soi.

Pourtant Tauarii, un incorrigible petit vantard du même âge, un odieux personnage même, lui mettait constamment des bâtons dans les roues. Ils se livraient une âpre concurrence dans leur quête des badges, des semaines, des mois, des années durant. Jusqu'à l'un et l'autre vaincre le Maître de la Ligue Pacifique. Pourtant au sommet de sa force, Dwayne vit malgré tout l'écart de puissance avec son rival augmenter, encore et encore, sans qu'il ne parvienne à comprendre pourquoi. Une frustration terrible, qui lui occupa la tête plus d'une fois lorsque venait le moment de s'endormir.

Bien qu'adorant la mer, il se prit d'une affection toute particulière pour les Pokémons de type Roche, qui lui évoquaient les îles rocailleuses posées sur l'eau, source de toute vie. Leur rudesse extérieure, leurs reliefs et leur solidité lui parlèrent presque immédiatement.

Chacun de son côté puis ensemble, Tauarii et Dwayne luttèrent contre les Akuas, une famille criminelle implantée sur de nombreuses îles du Pacifique. Ces malfrats essayaient de prendre le contrôle de Tokorico, Tokotoro, Tokopisco et Tokopiyon, les Gardiens d'Oceania. Leur objectif ? Obtenir le pouvoir ultime et écraser toute résistance. Un plan banal. Du déjà vu. Dangereux. Et suffisamment fou pour réussir. Au dernier moment, au cœur d'un temple ancien, alors qu'il pensait mettre fin à cette quête déraisonnée de puissance, Dwayne plia le genou. Dwayne fut vaincu. Dwayne comprit qu'il n'était pas le héros de cette histoire.

Le vrai héros surgit alors: Tauarii. Ce dernier, devenu plus fort que tout ce dont pouvait alors rêver le jeune Campbell, mena un combat d'anthologie au terme duquel il triompha (en faisant soit dit en passant couler l'île volcanique sur laquelle ils se trouvaient tous). Cela se fit toutefois prix d'une terrible blessure. Après avoir été remercié par les Gardiens, il prit une retraite anticipée quoique totalement méritée, ce qui laissa le champ libre à son rival. Mais le Campbell était perclus de doute. Il avait échoué, sans comprendre pourquoi. Alors pour progresser, et bien que cela lui brûlait la langue, il vint demander conseil à Tauarii.

QUI LE BASSINA AVEC DES HISTOIRES D'AMOUR DE SON PROCHAIN, ET DE TOUT ÊTRE VIVANT.

Vous savez quoi ? Il avait mille fois raison. Dès lors que Dwayne commença à mieux considérer ses Pokémons, à les voir comme ses égaux, comme ses proches, il reprit sa progression jusqu'à tutoyer les sommets. Refaisant chaque arène pour gagner avec honneur ses badges, il alla jusqu'à impressionner le champion Roche pourtant stoïque comme pas permis. Ni une ni deux, les deux hommes échangèrent, et une succession fut convenue. Mais avant, il devait encore s'accomplir soi-même. Pour cela, il voyagea aux quatre coins du monde à la recherche du danger, du grand frisson et de l'union avec ses partenaires. Aucune montagne, aucune abysse, aucun volcan, aucun désert ne pouvait leur résister. De jolies amitiés naquirent de ces explorations, des contacts entretenus régulièrement.

De retour chez lui, il devint le Roc des Îles, et s'employa à protéger Oceania des nouvelles menaces, pendant de longues années. Une mission certes difficiles, mais aussi passionnante. Changé par la rencontre de bonnes personnes, Dwayne s'adoucit et devint la personne cool, sympa et fun qu'il est aujourd'hui. Ce boulot riche en aventures et rebondissements ne l'empêcha pas d'inviter ou d'aller voir les cousins du Nord là, ces Campbell du froid en Canada. Des liens forts furent noués, lourdement impactés par tous ces drames. Mais tel un rocher au milieu de l'océan, il ne céda pas.

Après tout, la vie continuait, et les vivants avaient plus besoin que l'on se batte pour eux que les morts.

Toutefois, les crises récentes à Maeston ainsi que le "retour" de Bruce d'entre les morts motiva Dwayne à prendre des "vacances" un peu plus tôt que prévu. Laissant la direction de l'arène Roche à son plus proche disciple, il empaqueta deux ou trois trucs utiles, alla récupérer un Pokémon "faiblard mais fun" dans les montagnes et prit la mer sur son voilier traditionnel. Quelques semaines de voyage ponctuées d'arrêts ça-et-là suffirent, et il atteignit enfin la côté maestonienne. Ou callérienne, c'était dur de suivre les rebondissements géopolitiques. Syene, quoi.

Maintenant qu'il était enfin à bon port, il ne restait plus qu'à envoyer un SMS à Madison (en espérant que le numéro soit encore le bon) pour prévenir de son arrivée. Non, il n'avait pas du tout oublié de la contacter avant de partir. PAS DU TOUT.

De toute façon, les surprises, c'était toujours plus agréable non ? Et puis, il venait en vacances. Et en vacances, il était interdit de se prendre la tête.