Au cours de la conversation, Alexander sembla se rendre compte que ses propos étaient plus qu’inhabituels pour un maestonien. Il s’empressa de clarifier. « L'Empire ne serait pas forcément d'accord avec ce principe... mais faisons comme s'il ne pouvait pas nous entendre ici, d'accord ? » Plus qu’une clarification, tout compte fait, il se confortait dans sa vision des choses. Gento ne fut toutefois pas plus perturbé que cela. Après tout, la vision impériale était bien loin de la sienne propre. « Les militaires qui protègent le pays ont une philosophie bien différente de celle-là, mais je reste persuadé que pour devenir meilleur, en combat comme dans la vie, il est nécessaire de se complémenter », poursuivit le dresseur. Il lança un regard attendri à son Pokémon, qui d’un léger coup de tête dans sa jambe, rendit l’affection au centuple. Il était incroyable de constater le lien qui pouvait unir humains et Pokémon d’aussi près. Gento se rappelait avoir été impressionné par Cynthia et Eridu, lorsqu’il les avait vus combattre. Finalement, sortant de sa torpeur, il se décida de répondre. « Ce n’est rien. Je ne suis pas originaire de Maeston. » Donc, leur mentalité n’était pas nécessairement la sienne.

Face à l’invitation, Alexander sembla comme frappé par la foudre. Il chercha vigoureusement ses poches avant d’en tirer un morceau de papier et un crayon ; il inscrivit quelque chose à la hâte sur la feuille avant de la tendre au diplomate. « Prenez mon numéro et mon adresse mail personnels, Gento, reprit l’homme, n'hésitez pas à m'envoyer un message, selon votre convenance. Par contre, je risque de ne répondre que le soir, après les cours, ou très tôt avant ; être enseignant-chercheur à l'Académie de Corvinium, ça occupe son homme. » Alexander rit à voix basse, comme pour ponctuer sa phrase. Le diplomate acquiesça poliment, afin d’accepter les coordonnées de son interlocuteur, reconnaissant de la gentillesse dont il avait fait preuve envers lui. « Merci infiniment, répondit-il, je vous contacterai certainement en temps voulu. Je suis moi-même un homme très occupé, ainsi je chercherai à ne pas trop vous faire perdre votre temps. » Toujours aussi mesuré dans ses mots, mais son sourire laissait transparaître une certaine forme de complicité naissante.

Oui, il recontacterait cet homme. Après tout, il était loin d’être prêt pour l’arène de Carteia.