Après avoir quitter la pièce en éclat, Keigan n’a qu’un endroit où elle peut se réfugier. Cela fait une éternité qu’elle n’y est pas montée - on lui ait reproché les risques que ça impliquait pour l’une des princesses de monter si haut - mais cette fois, elle en ressent le besoin. C’est une façon de s’éloigner de tout : de sa famille, de ses responsabilités, du service militaire qu’on veut lui imposer. Elle peut arrêter d’y penser un moment, regarder Castra Nicia qui s’étend devant elle sans se préoccuper du reste. Elle aurait appeler Zapdos si elle avait pu histoire de trouver un peu de réconfort dans la présence d’un être infiniment plus grand qu’elle
Mais tout, la seule chose à laquelle elle a droit, c’est une vague de solitude. Se serrer elle-même entre ses bras n’aident en rien. Et peut-être qu’elle aurait pu chercher de la compagnie ailleurs ? Sans doute, après tout, elle a toujours le numéro de Kyra dans son téléphone, tout en haut de la liste des messages. Sauf que ça n’aurait pas été très juste pour la porte-parole et Keigan, dans la situation, préfère affronter ses difficultés par elle-même.
C’est pour ça qu’elle ne bouge pas lorsque des pas se font entendre derrière elle. Elle réagit à peine lorsque la voix de Dvora s’élève, un petit mouvement de la tête pour la dévisager. « J’sais pas où est Lavinia. » La voix acide, prise d’une animosité qui n’y est presque jamais en temps normal. Et pourtant, la princesse ne peut pas s’en empêcher. Dvora a toujours été plus une soeur pour elle que sa soeur, mais ça n’empêche pas Keigan de lui en vouloir dans l’instant présent. Peut-être parce qu’elle comprend enfin que la loyauté de l’autre jeune femme va à Lavinia avant tout le reste, avant elle. « Je vais pas vous aider. Tu perds ton temps. » Elle n’aiderait pas Rowena à gérer Callero et elle n’aiderait certainement pas sa soeur. Une fois que c’est dit, la plus jeune se replie à nouveau. Dire qu’elle n’est pas d’humeur serait sans doute l’euphémisme du siècle. Au moins, cette fois, le ciel ne gronde pas en unisson.
Une histoire de Famille
Toit du Palais Impérial • Castra Nicia
Tu passes à grandes enjambées devant la porte de la chambre de la seconde princesse impériale, mais ne ralentis pas la cadence. Keigan a toujours eu ces accès de colère, d’aussi loin qu’il t’en souvienne. Très jeune, déjà et ils auront grandi avec elle. Déjà toute petite, tu ne comprenais que trop bien ses écarts de conduite. De l’avis de Rowena, ce serait sans doute une faiblesse, un manque évident de rigueur et de discipline. Pourtant, tu n’auras jamais su que plaindre celle qui, à la différence de toi, disposait bel et bien d’une famille, mais qui, désespérément, ne parvenait pas à y trouver sa place.
Comment, si une enfant aussi importante qu’elle pouvait être rejetée, pouvais-tu t’apitoyer sur ta propre situation, toi, qui n’étais rien qu’un rejeton de nobliau ? Tu as toujours vu en elle, celle qui, au fond, te ressemblait le plus. Elle extériorisait les injustices qu’elle vivait et continue encore de le faire, avec de moins en moins de retenue. Tu noteras tout de même que cette fois-ci, bien qu’elle ait tenu tête à sa mère, les yeux dans les yeux, elle aura déguerpi sans plus de grabuge. Tu ne doutes pas qu’à la voir plus tôt, ronger son frein de la sorte, tu la découvriras bientôt à s’en prendre à tout ou à rien, pour exorciser son affligeante conduite.
Non pas qu’elle soit intrinsèquement pathétique, plutôt que la puissance colossale de sa mère n’a d’égale que sa constante indifférence. C’est rageant de ne pouvoir rien répondre à cette femme-là qui siège sur le toit monde et qui en a les pleines capacités, un grand vide à la place du cœur. Elle impose à tous sa vision des choses, ses décisions, quand bien même injustes, quand bien même impitoyables. Ce que tu auras déclaré un peu plus tôt à Lavinia est on ne peut plus vrai, tu ferais tout pour la voir monter sur le trône, au détail près que ça ne serait pas de n’importe quelle manière. Tu résonnes grandement avec les frustrations de Keigan et son amertume. Tu ne connais que trop bien l’âpreté de l’impuissance et tu n’es pas la moitié de la dresseuse qu’elle est.
Tu pousses la porte qui mène aux toits du palais et entame ton ultime ascension. Tu n’entends pas un bruit, mais tu es sûre de toi. C’est un des endroits dans lesquels tu la retrouvais, des années de ça et d’où tu la ramenais, beaucoup plus tard, sans jamais dévoiler sa localisation. Depuis, les tours de garde et sa large bouche auront fait le reste, il n’empêche que tu restes persuadée que plus que nulle part ailleurs, c’est bien ici que tu vas la trouver. À bien des égards, tu respectes la position de Keigan de prendre part à une discussion avec le Mouvement de libération de Callero. Tu es sensible à la détresse de ce peuple délaissé par l’Empire. Ici encore, tu blâmes la politique de Rowena et préférerais plutôt voir au plus vite Lavinia la remplacer sur le trône impérial.
De plus en plus, tu es amenée à revoir ta position vis-à-vis des puissants et au fur et à mesure, tu mûris la réalisation qu’il te faudrait peut-être éclairer au mieux ta championne, pour qu’elle puisse de briller de tous feux. Pour être honnête, il n’est pas dit que tu reportes quoi que ce soit auprès de la première princesse impériale, pas dit non plus que tu trahisses le moindre secret de Keigan et l’utilises contre elle. Peut-être, simplement, lui extirper un contact. Plus tard, sans doute, cela pourrait se faire. Cela permettrait peut-être, enfin de créer un ascendant dont vous avez terriblement besoin. Mais, pour l’heure, les choses n’en sont pas là. Tu époussettes ta robe alors que tu fais face à une dernière porte, tu soupires longuement, puis, puisant une profonde inspiration, tu ouvres cette porte pour poser à nouveau ton regard sur cette chevelure sauvage.
« Keigan… »
Comment, si une enfant aussi importante qu’elle pouvait être rejetée, pouvais-tu t’apitoyer sur ta propre situation, toi, qui n’étais rien qu’un rejeton de nobliau ? Tu as toujours vu en elle, celle qui, au fond, te ressemblait le plus. Elle extériorisait les injustices qu’elle vivait et continue encore de le faire, avec de moins en moins de retenue. Tu noteras tout de même que cette fois-ci, bien qu’elle ait tenu tête à sa mère, les yeux dans les yeux, elle aura déguerpi sans plus de grabuge. Tu ne doutes pas qu’à la voir plus tôt, ronger son frein de la sorte, tu la découvriras bientôt à s’en prendre à tout ou à rien, pour exorciser son affligeante conduite.
Non pas qu’elle soit intrinsèquement pathétique, plutôt que la puissance colossale de sa mère n’a d’égale que sa constante indifférence. C’est rageant de ne pouvoir rien répondre à cette femme-là qui siège sur le toit monde et qui en a les pleines capacités, un grand vide à la place du cœur. Elle impose à tous sa vision des choses, ses décisions, quand bien même injustes, quand bien même impitoyables. Ce que tu auras déclaré un peu plus tôt à Lavinia est on ne peut plus vrai, tu ferais tout pour la voir monter sur le trône, au détail près que ça ne serait pas de n’importe quelle manière. Tu résonnes grandement avec les frustrations de Keigan et son amertume. Tu ne connais que trop bien l’âpreté de l’impuissance et tu n’es pas la moitié de la dresseuse qu’elle est.
Tu pousses la porte qui mène aux toits du palais et entame ton ultime ascension. Tu n’entends pas un bruit, mais tu es sûre de toi. C’est un des endroits dans lesquels tu la retrouvais, des années de ça et d’où tu la ramenais, beaucoup plus tard, sans jamais dévoiler sa localisation. Depuis, les tours de garde et sa large bouche auront fait le reste, il n’empêche que tu restes persuadée que plus que nulle part ailleurs, c’est bien ici que tu vas la trouver. À bien des égards, tu respectes la position de Keigan de prendre part à une discussion avec le Mouvement de libération de Callero. Tu es sensible à la détresse de ce peuple délaissé par l’Empire. Ici encore, tu blâmes la politique de Rowena et préférerais plutôt voir au plus vite Lavinia la remplacer sur le trône impérial.
De plus en plus, tu es amenée à revoir ta position vis-à-vis des puissants et au fur et à mesure, tu mûris la réalisation qu’il te faudrait peut-être éclairer au mieux ta championne, pour qu’elle puisse de briller de tous feux. Pour être honnête, il n’est pas dit que tu reportes quoi que ce soit auprès de la première princesse impériale, pas dit non plus que tu trahisses le moindre secret de Keigan et l’utilises contre elle. Peut-être, simplement, lui extirper un contact. Plus tard, sans doute, cela pourrait se faire. Cela permettrait peut-être, enfin de créer un ascendant dont vous avez terriblement besoin. Mais, pour l’heure, les choses n’en sont pas là. Tu époussettes ta robe alors que tu fais face à une dernière porte, tu soupires longuement, puis, puisant une profonde inspiration, tu ouvres cette porte pour poser à nouveau ton regard sur cette chevelure sauvage.
« Keigan… »
Osme ♀ - Rang B | Cinabre ♂ - Rang B |