Le deuxième homme s’était arrêté en hauteur, sur des rochers à plusieurs mètres de là où la conversation entre son compagnon et Gento avait lieu. Mais bien vite l’attention de Gento se reporta sur son interlocuteur, qui répondait à sa question. « De la curiosité, et peut-être un excès de prudence… Vous devez le savoir, l'actualité pousse à être méfiant face aux anomalies. » Gento haussa un sourcil. Anomalies ? Son arrivée datait d’un an, et il ne s’était jamais caché d’être en territoire impérial – pas plus que l’Empire lui-même n’avait essayé de le masquer à la vue de tous. Comment parler d’anomalie le concernant, quand il était déjà relativement établi ici ? Il comprenait cependant que la Révolution, ainsi que les événements d’octobre avait mis beaucoup de maestoniens à cran. Il se contenta d’un soupir en seule réponse.

« Je ne vais pas vous déranger plus longtemps cependant, reprit Bruce, je vous souhaite bon courage. Je préfèrerais affronter un Métalosse à mains nues que d'avoir à être diplomate ici. Bon courage, mon vieux. » Un faible sourire gêné se dessina sur le visage de Gento, alors que l’homme lui tapotait l’épaule avec beaucoup plus d’amabilité qu’au moment de leur premier échange. Le diplomate le salua d’un signe de tête, poli et mesuré, comme il était son habitude de le faire. Puis, Bruce remonta le sentier en direction de l’homme accompagné du Leopardus, avant que les deux ne disparaissent dans les montagnes.

Lycoris n’avait pas un seul instant cessé de guetter leur direction, et Gento sentit immédiatement que quelque chose n’allait pas. « Tout va bien, ma belle ? » demanda-t-il en flattant l’encolure de la jument. Cette dernière ne répondit pas, continuant de fixer la direction vers laquelle était parti l’homme, les yeux vides et morts, comme contrariée. Puis, après quelques instants de silence, elle se tourna vers son dresseur et, doucement, d’un coup de museau, le dirigea à l’opposé.

Gento resta interdit face à la réaction de son Pokémon, qui habituellement restait parfaitement placide en toutes circonstances. Mais lorsqu’il s’agissait d’instinct, le diplomate ne doutait jamais de sa jument. Il décida d’obéir sans faire d’histoires.