Gento jura avoir vu la sénatrice rouler des yeux lorsqu’il lui répondit. Il fronça les sourcils. « Sauf que j'ai l'autorisation d'être ici. Et sans cette autorisation il s'avère qu'on ne vous aurait jamais retrouvé », répliqua-t-elle. Le diplomate soupira, vaincu. Elle n’avait pas tort. Qui sait ce qui aurait pu se passer s’il avait été seul ? Heureusement, il aurait pu compter sur l’aide de la Strassie, et des lucioles manifestées par le bois dans ses cheveux. Mais Mino avait tout de même été d’un grand secours, et il lui en était très reconnaissant. « Il est vrai. Pardonnez-moi », souffla l’homme.

La jeune femme sembla toutefois déçue lorsque le diplomate gagna leur pari. Était-elle dépitée de toute la situation ? Probablement. En entendant qu’elle devait la boisson promise, elle ne se démonta pas. « On dirait bien que oui. Vous savez comment me contacter. » Gento acquiesça. Ils auraient le temps de s’organiser ça… Lorsqu’il aurait vu un médecin pour sa jambe. « Peut-être que je devrai trouver une branche pour permettre de trouver facilement la sortie de labyrinthe naturel, reprit Mino d’un air songeur, Vous la vendez ? » Le froncement de sourcil qui s’ensuivit lui donna la réponse. Bien sûr que non. Si la sénatrice avait retrouvé son cynisme naturel dès que la fièvre de son compagnon d’infortune était tombée, ce dernier avait perdu son humour. Il fut presque offusqué par la proposition, et toucha naturellement la branche, comme pour s’assurer que Mino ne lui avait pas volé en douce – comme si cela risquait réellement d’arriver.

La jeune femme reprit son sérieux, inquiète au sujet d’une chose. « La dernière question est de savoir ce que nous allons raconter. » Gento n’y avait pas réellement pensé. Sûrement parce qu’à ses yeux, la question ne se posait pas réellement. « Si l’on me demande, je dirai la vérité. Quant à vous… C’est à votre discrétion. » Il s’agissait d’une évidence. Le diplomate ne mentait pas. Quant à la sénatrice, elle était libre de dire ce qu’elle souhaitait, ou non. Il se doutait bien qu’il ne s’agissait pas d’une situation simple pour elle. Elle se devait sûrement de rapporter l’événement aux autorités impériales ; il ne chercherait pas à la soudoyer pour l’empêcher. Qu’elle fasse ce qu’elle avait à faire ; il en assumerait les conséquences en temps voulu.

Désormais à l’air libre, le diplomate sortit son téléphone. Il avait du réseau. Il soupira et se tourna vers Mino. « Je vais appeler une ambulance. C’est peu prudent de me déplacer jusqu’en ville, même à dos de Pokémon. » Une fois ceci annoncé, il passa en effet le coup de fil, donnant toutes les informations à l’opératrice au bout du fil pour que les urgences arrivent le plus rapidement possible. En attendant, il lança un regard à la sénatrice. « Je vous contacterai à ma sortie de l’hôpital. Je connais un bon café à Nepthe. Nous pourrons voir les détails plus tard si cela vous intéresse. »

Il était épuisé. Il avait hâte de rentrer chez lui, et de plonger dans un long sommeil réparateur. Mais il était certain que les lucioles colorées le suivraient jusque dans ses rêves. Il y avait tant de choses qu’il ne pouvait pas expliquer.
Cela lui donnait le tournis.