Retourner à la Pointe d’Artikodin aussi tôt après les événements ayant eu lieu près de « l’arbre gelé » était sûrement une mauvaise idée. Mais Gento avait promis à Asphodèle de creuser un mémorial pour la personne qu’elle avait perdu. Il ignorait encore les circonstances de la perte, ni l’identité de cette personne. Mais il avait promis. Le diplomate considérait les promesses comme des liens presque sacrés unissant les gens.

On ne brisait pas une promesse.

C’est donc légèrement malade, et la respiration sifflante après avoir passé des heures dans la neige, qu’il avait entrepris une troisième ascension de la montagne. Chrysanthème sur les genoux, et chevauchant Lycoris, il avait laissé Asphodèle de sortie, une couverture chaude sur le dos. Cette dernière avançait d’un pas lent, lourd, le genre de pas qui laisse le doute. Qui serait quel pas ne serait pas le dernier avant l’abandon total ?

Gento avait tenu à lui laisser choisir le lieu. Il était déterminé à accompagner la Meganium dans son deuil au maximum de ses capacités. S’il devait gravir la montagne pour qu’elle puisse s’y recueillir, il le ferait. Il savait à quel point c’étaient des choses difficiles à accepter. Le diplomate avait déjà été en deuil.

Il avait déjà perdu sa mère. Et il s’était déjà perdu lui-même.

De temps en temps, Lycoris ralentissait le pas naturellement, pour laisser le Pokémon plante, bien plus lent, suivre ses traces. Elle faisait preuve d’une patience extraordinaire, n’ayant pas besoin des mots de son dresseur pour adapter l’allure, tourner ses yeux vides vers la Meganium de temps à autres pour s’assurer de son état. Gento découvrait une toute nouvelle facette de cette Galopa habituellement si calme et apathique. Il grattait gentiment son encolure pendant qu’elle avançait.

Et puis au bout d’un long moment de recherches, le groupe croisa la route d’une jeune femme, accompagnée d’un Balbalèze et d’un Dragmara. Gento la salua poliment, avant que celle-ci n’arbore un air fier. « T’as l’air perdu », déclara-t-elle sans même prendre le temps de saluer ce nouvel arrivant. Chrysanthème avait sauté du dos de la jument mortuaire pour s’approcher de ces Pokémon inconnus. Elle désirait plus que jamais se faire de nouveaux amis, comme à chaque fois. « Pas vraiment, répondit le diplomate, qui commençait à s’habituer à ces montagnes, je cherche simplement un endroit. Pour elle. » Il désigna Asphodèle, qui traînait toujours la patte, tête basse. Parfois, ses sanglots silencieux pouvaient être entendus à travers sa respiration saccadée.

Gento descendit lui-même du dos de Lycoris pour s’approcher de la Meganium, caressant gentiment sa tête. « Tout va bien, ma grande, souffla-t-il doucement, on finira bien par trouver, d’accord ? » Asphodèle se mura dans un profond silence en réponse. Le diplomate reporta son attention sur la jeune femme. « Puis-je savoir qui vous êtes ? Mon nom est Gento, Gento Kouya, se présenta-t-il, connaissez-vous les environs ? »