Le visage figé dans le marbre, tu t'avançais dans ce monde étrange. Vestige d'un passé, témoignage porté au présent. Curieuse, tu étais naïve dans ta démarche, dans ta volonté de risquer ta vie pour voir de tes propres yeux quelque chose qui avait été vu par tant de monde déjà. Pourquoi faire cela ? Pourquoi prendre un risque que tu ne pourrais pas assumer ? Cet endroit n'était-il pas la preuve même de l'arrogance du monde civilisé face à la nature ? Ne faisais-tu pas la même chose en marchant sur ces ruines qui ne te pardonneraient aucune erreurs de vigilance ?
Peut-être...
Difficile à dire, tu ne savais pas te défendre, tu n'avais jamais rencontré l'hostilité du monde, tu n'avais jamais dû t'en préserver. Seule, il était simple pour les dirigeants de ce royaume perdu, tapis dans l'ombre, de te ravir. On entendrait plus jamais parler de toi, et d'une certaine manière, tu trouvais cela un peu grisant. Pas assez pour laisser l'adrénaline pulser dans tes veines et déclencher chez toi une excitation perceptible, mais suffisamment pour te faire persister dans ton exploration. Tu voulais simplement vivre, et on ne pouvait pas savourer l'existence à travers des lignes d'histoire ou des reportages télévisés.
L'absence de son accompagnant ce monde rend celui-ci encore plus terne. Tu ne savais pas quelle ambiance émanait de ruine dévastée de la sorte. Devrais-tu y entendre les cris des êtres morts durant le cataclysme ? Comment le savoir ? Il n'y avait personne pour t'expliquer ce que tu étais censé ressentir en voyant cela, alors tu te contentais d'agir avec modestie, avec un côté humble qui t'allait assez bien. Face à ce restant de fléau, tu ne pouvais que te montrer respectueuse. Que ce soit envers ce qui avait déclenché cela, qu'envers ce qui y avait survécu.
Mais que cherchais-tu exactement ? Assouvir ta curiosité ? Pouvais-tu vraiment te contenter de simplement observer pour calmer celle-ci ou fallait-il que tu fasses la rencontre de quelque chose n'ayant jamais été vu par quiconque ? Difficile à savoir, toi même tu ne savais pas vraiment pourquoi tu risquais ta vie concrètement. Qu'importe. Le tout était que tu y étais, et que tu ne pouvais que tourner ton regard vers Rodin, pour fixer sa mono-expression. Tout aussi placide que toi à bien des égards, tu arrivais à déchiffrer à travers son œil vif ses inquiétudes. Si tu étais sourde, ce n'était pas son cas, et il était alors ta seule assurance de pouvoir fuir si un danger s'approchait.
Mais s'il n'exprimait que très peu, tu comprenais que lui aussi était tout aussi happé par les mystères qui voilaient cet endroit. Après tout, de tout les Pokémon, ses origines étaient parmi les plus cryptiques. Ironique qu'un pokémon censé manifester le langage racine de ce monde est décidé de te suivre, toi, à la communication défaillante. Alors, face à son œil toujours posé dans les tiens, tu souriais un peu en coin en penchant ta tête sur le côté avant de lui "parler".
- Je compte sur toi pour la suite.
Lui disais-tu en langage des signes. Les Pokémon Psy étaient dotés d'une intelligence bien supérieurs en comparaison des autres espèces. Il n'avait pas eu du mal à te comprendre et d'une certaine manière, il semblait saisir tes intentions bien plus que celles de n'importe quel autre être humain. C'était satisfaisant d'avoir un être sur qui compter, quand bien même lui non plus n'était pas très bavard.
Une petite ombre vous suit depuis que vous êtes arrivés, peut-être que ton zarbi s'en est rendu compte mais il se fait très discret ce petit solosis, ça fait longtemps qu'il n'a pas vu d'humains donc il est curieux. Caché derrière un mur affaissé, il espère peut-être qu'on ne le remarque pas mais sa petite corne dépasse du haut. PS : tout est bon pour ta capture c'est bien comme ça qu'il faut faire !
Si ton ouïe était absente, ce n'était pas le cas de ta vue. Il ne t'avait fallut que quelques secondes pour discerner les légers tressaillement du Zarbi pour comprendre qu'il avait repéré quelque chose. Et seulement quelques autres secondes supplémentaires pour en comprendre la cause. Dans ce paysage bien terne se dégageait un semblant de vie. Un être, timide en apparence, qui cherchait sans doute à se préserver de votre regard par sa discrétion maladroite.
Curieuse, mais surtout soucieuse de cette rencontre, tu venais à afficher une moue pensive. Devais-tu l'approcher ? Devais-tu feindre l'ignorance ? Il avait certainement eu l'occasion de t'entendre venir à des kilomètres et pourtant il semblait s'être prit d’intérêt pour vous en vous observant de la sorte. A bien des égards, tu étais heureuse de ton destin, de rencontrer un petit être plein de surprise plutôt qu'une créature gigantesque, trouvant ta présence sur son territoire malvenue.
Finalement tu avais décidé de céder à tes bas instincts. Tu ne pouvais décemment pas ignorer la première chose intrigante que tu avais rencontré sur ta route et c'était d'un pas prudent, se voulant aussi silencieux que l'écho de ces ruines, que tu t'approchais de lui. Sur ton visage, tu n'affichais évidemment aucune forme d'animosité, simplement un regard perçant qui ne lâchait pas la petite corne dépassant de sa cachette de fortune.
- Nous devrions être aimables envers notre hôte du moment.
Des pensées qui se voulaient éloquentes mais qui souffraient néanmoins de leurs applications à tes gestes, tandis que Rodin comprenait rapidement tes intentions. Après tout, lui aussi s'était perdu en tombant sur toi par le grès du hasard. Loin de ses pairs, loin des autres Zarbi qui vivaient pourtant en étrange symbiose, il s'était montré timide et réservé avec toi pour finalement recréer ce lien presque fraternel avec ta personne. Ta famille n'avait jamais comprit comme tu avais réussi à te trouver un pareil Pokémon. Tes talents de dresseuse n'avaient jamais été sublimée d'une quelconque sorte, et si tu en avais, alors ils étaient très bien cachés.
A mi-chemin, tu te penchais alors vers le petit être dont tu reconnaissais difficilement l'espèce. Tu étais un puits de culture certes, mais pas à même de remplacer les encyclopédies de ce monde. Encore moins informatiques. Bien placée pour comprendre que la communication était bien plus qu'un ensemble de mot, tu transcrivais une certaine confiance en toi et une chaleur qui se voulait aussi rassurante possible.
- Enchantée.
Qui se traduisit par un petit mouvement de tête et un sourire dévoilé. Tu avais beaucoup à apprendre des autres, et pourtant, tu étais bien incapable de te fondre dans la masse. C'était pareil avec la majorité des Pokémon de ce monde, et c'était bien pour ça que tu étais bien seule en cet instant.
HRP:
Tentative de Capture : Pokéball (4/5) Capture Type (Psy)
Pris la main dans le sac, il sautilla un peu paniqué avant de se rendre compte que tu viens sans mauvaises attention. Timidement il te salue en retour, avant de t'adresser ce qui peut être interprété comme un large sourire, sa timidité envolée une fois cette introduction dépassée, il tourne trois fois autour de toi avant d'aller voir ton zarbi, il veut bien jouer avec lui ?
Le petit être, bien qu'anxieux à l'idée de se faire approcher de la sorte, n'avait pas mit longtemps avant de comprendre vos intentions. Un braconnier aurait sans doute voulu mettre la main sur ce Pokémon sans même en prendre considération son individualité, mais tu n'étais pas comme ça. Loin de là. Tu te contentais d'être observatrice de ce monde à défaut de pouvoir en être une grade actrice, et cela passait par ce genre d'instant unique.
Satisfaite, tu fronçais les sourcils pour tenter de comprendre Rodin avant de simplement lui faire un léger mouvement de la main, l'invitant à profiter lui aussi du moment. Il était toujours si absent, si tête en l'air, un peu comme toi. Bien souvent, vous en oubliez de profiter de la vie dans l'instant, mais pas cette fois et c'était réservé bien qu'évidemment enjoué qu'il vint à flotter tout autour du Pokémon translucide.
Cela devait être étonnant de flotter de la sorte, contraint par aucune forme de loi physique, une liberté absolue partagée avec personne d'autre que soi-même. Sans doute, un jour, tu parviendrais à toi aussi pourfendre les cieux à l'aide de tes compagnons. Cela te rappelait Charles qui avait jeté son dévolu sur son Roucool. Un oiseau savant tempérer les ardeurs de ce jumeaux compensant ton calme olympien par son extravagance. Il avait obtenu son Pokémon après toi en s'imposant à votre père. Sans doute serait-il à nouveau jaloux d'apprendre que tu avais rencontré un être si curieux pendant ton exploration des ruines.
Tu en rigolais rien qu'à t'imaginer la scène et c'était donc plein de bon sentiment que tu continuais ton exploration tout en laissant les deux Pokémons apprendre à se connaître. Rodin ne jouait pas assez à ton goût. Il fallait dire que tu étais une piètre amie. Toujours trop calme pour ses proches. Tu savais te contenter de peu, mais ce n'était pas forcément leur cas.
Et après plusieurs heures, sans rencontre alarmante, ce fut l'heure de rentrer avant que le crépuscule ne vous rattrape. Si cet endroit était lugubre en journée, tu n'avais pas l'audace de l'affronter en pleine nuit. Un lieu de tragédie de la sorte était sans doute le repère de bon nombre d'esprit vengeur, tourmenté par le funeste destin qui les avait frappé. Si évidemment, cela en tenait plus à la légende et aux rumeurs locales, tu n'irais pas braver ce genre d'interdit. Et puis, la pénombre de la nuit t'enlevait l'un de seuls sens sur lequel tu pouvais t'appuyer.
Il n'était clairement pas judicieux pour toi de laisser ta curiosité te mettre en danger de la sorte et tu vins alors à te tourner vers Rodin qui lui n'avait pas fini de sympathiser avec votre hôte.
- Il est l'heure de partir.
Déçu mais comprenant la situation, il hocha la tête face à tes mouvements de mains, résolu à t'obéir. Cependant, ce n'était pas la réaction de ton Zarbi qui t'étonna le plus mais celle du Pokémon à ses côtés. Celui-ci secouait vivement son petit corps de telle sorte à te répondre par la négation. Savait-il te comprendre ? Surprise, tu fronças les sourcils quelques instants. Ce n'était pas habituel qu'on te comprenne aussi simplement.
- Pardonne nous, ce serait une bêtise que de prendre le risque de nous perdre une fois la nuit tombée.
Et encore une fois, il venait à afficher sa réponse en secouant son corps de la même manière que tu secouais tes mains. Alors il te comprenait vraiment. A bien y regarder, il partageait des traits assez similaire avec ton Zarbi, et tu comprenais alors que lui aussi devait être de la famille des types Psy. Pour un dresseur, se faire comprendre était essentiel, et beaucoup passait par des ordres oraux. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle on t'avait exempté de Service. Comment te faire comprendre de créature qui avait déjà du mal à saisir les paroles de leur dresseur de manière générale ?
Et pourtant, tu avais ce sentiment agréable de pouvoir partager un peu plus que des expressions de visage avec ce petit Pokémon que tu connaissais à peine. Savait-il comprendre tes intentions plus que tes gestes ? Difficile à dire, mais dans tout les cas, il avait quelque chose en plus que beaucoup d'autres Pokémon n'avaient pas.
- Si tu veux nous suivre. Je serais ravie de partager ma route avec toi.
Tu lui souriais. Bien sur, tu pouvais percevoir son hésitation. Mais combien de temps avait-il passé dans ses ruines ? Voilé aux yeux des hommes. Solitaire et incapable de se trouver en sympathique compagnie ? Sans doute beaucoup trop de temps et ta présence chaleureuse lui avait donné un aperçu de ce que le monde pouvait lui offrir. Du moins, ce que toi, tu avais offrir. Ce n'était pas beaucoup, mais suffisant pour lui apparemment puisqu'il secouait à nouveau son corps avant de tourner autour de toi pour se frotter à ton Zarbi. Comprenant alors que c'était peut-être tant d'user de cette Pokéball qu'on t'avait offert à presque dix ans en arrière, tu penchais ta tête avant de la lui proposer.
Tu n'avais pas besoin de te formaliser par ce genre de chose pour partager un moment avec autrui, mais s'il tenait à te suivre, alors c'était ton rôle de faire en sorte qu'il n'ai aucun problème par la suite. Notamment avec l'administration de l'Empire. Comme tu avais pu le faire avec Rodin lorsque la même situation s'était offerte à lui.
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