Qu’est-ce qui te réveille en premier ? Ton cœur battant si fort qu’il menace de se rompre, l’air qui manque cruellement à tes poumons ou la vision de cette silhouette si familière les pieds dans une flaque vermeille. T’en sais trop rien. Sans doute un peu de cela tout à la fois. Encore secouée par ce que tu viens de voir sans être pour autant capable de t’en rappeler avec précision, tu tentes en vain de reprendre ton souffle. L'œil hagard, tu essaies d'identifier cette silhouette dont l’image persiste un instant.

Tu connais cette silhouette.

Une évidence qui te frappe tandis que l’image s'estompe et disparaît certainement à jamais. Et le décor s’offre alors enfin à tes yeux. Tu ne te trouves pas là où tu t’es endormie mais complètement ailleurs. Reste à savoir où tu es exactement. Ton esprit semble en capter l’essence avant que ton cerveau ne comprenne ce qu’il en est réellement. L’image de ce que tu as pu entrevoir par les portails, à la prison de Castra Nicia, s’impose à toi. C’est peut-être différent mais l’impression est la même.

Sauf qu’avant que tu puisses étudier plus ton environnement, ton corps se plie contre ta volonté. La sensation t’es familière. Ça ne remonte pas à si longtemps la dernière fois que tu as été possédé de la sorte. Sauf que cette fois, tu es pleinement consciente de ce qui se passe alors que tu plies genoux au sol. La sensation est familière, presque réconfortante et tu n’y opposes presque aucune résistance alors qu’une voix résonne. Et si les titres qui te sont donnés à toi et aux deux autres âmes présentes te paraissent énigmatiques pour l’instant, tu ne peux nier la puissance et la supériorité de l’Être qui vous as invoqué ici. C’est à peine si tu oses lever le regard vers cette Entité omnipotente alors qu’elle te rend la pleine possession de tes moyens, ce qui te permet de remarquer une pierre lévitant plus bas, juste devant toi. Tu la suis du regard alors qu’elle rejoint ses deux sœurs. Tu poses enfin le regard sur les propriétaires de ces deux autres gemmes.

Si peu…

Tu ne t’attendais certes pas à trouver une armée au service de la Menace Obscure mais tu pensais que bien plus de personnes auraient répondu à l’appel. Après tout, le marché proposé n’est pas si insensé que cela… Ou peut-être que c'est vous trois qui êtes complètement insensés, au final ?

- Faustea.

Les présentations sont brèves, simples et efficaces. Non pas par dédain mais parce que tu es complètement perdue dans cette situation, ce qui ne semble pas être le cas de l’homme qui prend la parole avec un flegme qui frôle presque l’admiration. Tu l’observes du coin de l'œil, alors qu’il cause avec l’être supérieur comme on discute avec un ami de longue date.

- C’est pour ça… Tes mots ne sont qu’un murmure alors que les pièces du puzzle s'emboîtent petit à petit. Même si tu as répondu par la positive à l’appel, ça t'avait déjà semblé étrange cette nuit-là que cette toute Puissance fasse appel à de pauvres humains pour engendrer la destruction de leur semblable. Il aurait été plus simple de raser toute l’humanité sans faire de distinction. Cette histoire de miséricorde envers certains n’est peut-être qu’un prétexte. Une hypothèse qui semble se confirmer. Et si c’est le cas… On pourra y arriver seulement à trois ? Une question qui s’adresse autant au blond qu’à l’Être qui vous surplombe. Tu sembles douter et c’est tout à fait légitime à ton sens. Tu sais que vous allez rencontrer de la résistance. Une silhouette blonde en claquette et chemise bariolée te vient à l’esprit à cette simple pensée. Tu chasses néanmoins la vision désagréable d’Anderson. Il n’est pas le seul dont vous devrez vous occupez mais vous avez un allié de taille dans cette bataille. J’imagine que c’est une chose qui a été prise en compte… Ton regard dérive un instant sur les trois pierres qui valsent dans les airs. Tu oses enfin porté le yeux sur celui qui vous a invoqué ici, le laissant juger de ta détermination.

Après tout, les combats déséquilibrés, ça te connait plutôt bien.