Du haut de ses 1m64, Kate arpente le monde d’un pas assuré, le regard porté vers le lointain, considérant d’un œil inquisiteur tout ce qui attire son attention, ce qui représente pas mal de choses un minimum voyantes. Si au premier abord, on pourrait croire que cette femme aux airs altiers poursuit son chemin sans jamais regarder derrière elle, la vérité est autrement plus complexe. Car au-delà de ces yeux arctiques, c’est un coeur émotif et rêveur qui bat.

Kate naquit dans les Landes, dans la petite exploitation agricole de du Tendre Autrefois. Elle y côtoya toute jeune bien des pokémons et fut vite amenée à assimiler la place que la société leur confère : celle d’une ressource dispensable et sacrifiable. Cependant, la petite fille qu’elle était n’a jamais oublié ce jour. Celui où Oscar, le fidèle Bourrinos qui aidait la famille à travailler les champs, s’est gravement blessé à la patte pendant un tremblement de terre. Des dégâts irréversibles qui l’empêcheraient de poursuivre les labeurs difficiles qu’on lui imposait au jour le jour. Loin de s’en embarrasser, ses parents, après délibération, décidèrent de… disposer de lui, plutôt que de lui accorder une retraite bien méritée avec son vieil âge. On a voulu faire comprendre à Kate que la vie d'Oscar, en tant que Pokémon, ne valait rien s’il ne rendait pas service aux humains. Or, la petite Kate n’appréciait pas Oscar que pour sa force de travail monstre. Elle était montée dessus plus d’une fois, s’amusant à se considérer comme une cavalière géante. Elle n'a pas oublié toutes ces fois où elle s’était caché derrière lui pour échapper à la colère de ses parents après avoir fait une bêtise. Des nombreuses occasions, où elle a apprécié sa seule présence et la chaleur qu’il lui inspirait. Ce fut le premier deuil de sa vie et la première fois où elle remit en doute le point de vue de ses parents, et de la société en général.

Bien entendu, les années passant et avec l’adolescence pointant le bout de son nez, Kate sentit de plus en plus un décalage avec le reste de sa famille. La vie à la campagne l’ennuyait et elle aspirait à mieux. Ou plus exactement, elle ne se voyait clairement pas participer plus activement au sein de l’exploitation familiale. En vérité, elle avait d’autres projets depuis bien longtemps. Dans ses jeunes années, elle aimait beaucoup passer du temps dans des bacs à sable. Un jour, elle trouva dans l'un d'eux un vieux bout de métal qu’elle entreprit de nettoyer, faisant de lui son trésor personnel. Avec le recul, elle a pu apprendre qu’il s’agissait en fait d’un bouton d’uniforme de soldat impérial contemporain. Il n’avait pas de valeur particulière, mais elle le garda comme porte bonheur, souvent épinglé à ses vêtements, et garda en tête l’étrange satisfaction qu’elle avait tiré du fait de lui redonner de l’éclat à cette vielle breloque perdue. Ainsi, non pas sans se brouiller avec ses géniteurs, elle étudia pour travailler dans le domaine de la restauration d’objets historiques.

Puis, dans le cadre de ses études et de son service militaire. Kate s’éloigna des siens et mêla ses expériences à celles d’autres individus en provenance d’un peu partout au sein de l’Empire. On lui confia un curieux partenaire de travail en la personne de Molguy le rototaupe, un petit gaillard habile pour déterrer de drôles de choses. Diplôme en poche, elle trouva un travail à la capitale en tant que restauratrice d’oeuvres d’arts polyvalente, une façon raffinée de sous-entendre qu’on pouvait l’envoyer sur le terrain pour creuser ça et là en cas de besoin. Kate n’est pas insatisfaite de sa situation. Mais la réalité de la vie urbaine, avec tous ses tracas et l’omniprésence de la propagande, l’amène parfois à regretter sa vie paisible à la campagne. Parfois, elle reçoit quelques produits envoyés par ses frères et sœurs, parfois même du miel de la part de son oncle. Des saveurs qui finalement, la renvoie bien vers le Tendre Autrefois.