Le craquement sourd fit sursauter William. Tendu, les mains tremblantes, il récupéra l'œuf des mains d'Alexis pour le bercer contre lui. Il allait donc éclore? Et si vite en plus? Mais il était toujours si froid... William était mort d'inquiétude, et le regard empli de doute venant de la jeune fille ne l'avait en aucun cas rassuré.

William finit par s'accroupir au sol, pour éviter tout accident si le petit venait à glisser ou faire une chute et, le cœur battant la chamade, il posa une main sur la coquille qui craqua, comme pour lui répondre. Il craqua encore deux fois avant que les morceaux de la coquille tombent au sol, épais et poussiéreux, pour laisser apparaitre le petit qui- Eh bien...

C'était un Germignon. Plus ou moins.

Il était vivace, ses petits coups de pattes rapides et pleins d'énergie. C'était bon signe, si seulement ça avait été le seul facteur à prendre en compte. Le petit nouveau-né était décoloré, d'un verdâtre pâle et tâché. Sa feuille noire semblait lourde et épaisse, plus proche du cuir que d'une vraie feuille. Il peinait à la soulever. Ses yeux étaient fermés, il ne semblait pas en mesure de les ouvrir. Ses bourgeons étaient de la même couleurs que sa feuille... Il était... effrayant. Un véritable cauchemar.

Mais cette petite vision d'horreur semblait en bonne santé, une vraie surprise à cause de son apparence décharnée. Et ses petits coups de pattes tristes semblaient quémander la chaleur corporel de William. Alors, il le câlina contre son torse, ce qui calma immédiatement le petit monstre. Le Germignon soupira d'aise, blottit contre lui et se recroquevilla pour s'assoupir là, immobile. Il n'en fallut pas plus à William pour tomber sous son charme.

Un enfant que seul un parent pourrait aimer... Ce qui expliquait pourquoi William avait trouvé son œuf hideux seul dans son nid. Le soldat était dévasté à cette idée. Il déposa un petit baiser sur le front du petit Germignon, peiné du sort qu'aurait pu rencontrer ce petit bout s'il ne l'avait pas trouvé dans les buissons.

Mais que t'est-il arrivé, petit... William lui murmura-t-il, avant de tourner son regard vers Alexis. Je vais m'occuper au mieux de lui... Je pense qu'il en a besoin. C'était une manière sympathique d'adresser le problème, dans un sens. Personne ne voudrait de lui, l'Empire le considèrerait comme une arme défectueuse... William frissonna et caressa la petite boule verte dans ses bras. Kas était venu renifler le nouveau-né en ronronnant, il était apparemment sous le charme, lui aussi, aveugle quant à son apparence spéciale.

Ce p'tit Germignon-là à pas trop l'air comme les autres mais... J'appliquerais tes conseils à la lettre. Je te fais confiance. Tu as l'air de t'y connaitre en plante, et tu as vu juste sur... Eh- l'espèce. Finit-il avec un sourire sincère.