Ouai, bon, l'appeler "gamin" était peut-être un peu abusé. Après tout, Marcus n'avait qu'une dizaine d'années de plus qu'Eddie. Mais le blond avait la fibre paternelle, et le brun était fragile et perdu. C'était sans surprise qu'ils s'étaient installé dans cette petite routine, où le cadet l'appelait papi. C'était de bonne guerre. Et le surnom faisait franchement rire Marcus. S'il n'avait même pas encore la quarantaine, il avait l'air tellement plus vieux, avec ses douleurs lombaires et son arthrite. Il aurait aussi éventuellement pu aller voir un médecin, mais c'était pas le but de la balade. Donc rapidement, il rendait son sourire à Eddie avant de continuer.

— Ah mais j'en doute pas, un "grand" explorateur, ça c'est sûr. Qui est quand même très bien accompagné, hein Motö?

Marcus préférait étouffer l'idée que le plus jeune aie pu crever seul dans le désert en soulignant l'aide précieuse du motorizard. Depuis le départ, il s'était senti responsable de l'état d'Eddie, ou du moins, la fragilité du garçon avait fait vibré sa fibre parentale. Marcus n'avait Eddie que depuis un jour et demi, mais si quelque chose devait lui arriver, le croquemort tuerait tout le monde dans la zone puis lui-même.

— Le grand gaillard va faire de son mieux, dit-il en flexant théatralement ses muscles, mais fais quand même gaffe, ok? Pas la peine de se mettre inutilement en danger.

Son sac s'était mis à remuer. Mateo s'était réveillé de sa petite sieste, et il était temps pour le fantôme d'étirer ses membres fantomatiques engourdis. Sans arrêter sa marche, Marcus ramenait devant lui son sac à dos, l'ouvrait plus en grand, et l'esprit s'en échappait. Le brocélôme tournoyait un peu, dans des petits gazouillis mignons qui avaient cet écho sépulcral. Il s'était ensuite approché d'Eddie, lui faisant de grands yeux de ponchiots battus, en espérant que lui aussi, aie le droit de grimper sur le dos de Motö. Lui aussi, il voulait faire une balade! Et puis, il était tout petit, il y avait bien encore un peu de place pour lui, non?