Pestant toujours contre sa chaussure, la sénatrice commenta sur la Mélofée : « Vous venez la relâcher dans la nature ? » Elle était portée par Elphelt, qui refusait catégoriquement que quiconque d’autre touche sa dresseuse. Gento se rappelait bien de ce trait de caractère de la Momartik. « Mélofée appartient à la Chaîne d’Électhor, pas à moi », répondit le diplomate. « Elle est libre d’aller et venir comme bon lui semble ; c’est ici chez elle. » La petite fée était encore un Pokémon sauvage et n’appartenait au effet pas à Gento.

Chrysanthème avait quant à elle reçu l’honneur de monter sur le dos de Malta, et gazouillait joyeusement pendant la descente du tunnel, heureuse de faire la connaissance de ce nouveau Pokémon. Face à l’éboulement, Cynthia se tourna vers sa Carchakrok en arrière de la file. « Malta, le chemin est bloqué. Euhm. Perpendiculairement, puis tu nous rejoins depuis l’autre côté ? » La dragonne s’ébroua puis se mit au travail, creusant la roche avec une facilité déconcertante. Chrysanthème piaillait, plus heureuse que jamais. C’était quand même bien plus amusant qu’un klaxon ! Les efforts combinés de Malta, de l’autre côté du tunnel, et des pouvoirs d’Elphelt dégagèrent finalement le chemin. Mélofée, face à toute cette agitation, s’était cachée dans les jambes de la championne de Carteia, à la recherche de protection. Une fois le tunnel creusé, elle reprit les devant sans demander son reste, uniquement devancée par Malta.

Fière, la Carchakrok guida le groupe vers un élargissement du tunnel, jusqu’à une cave. Une cave qui laissa Gento sans voix. Des cristaux recouvraient les murs couverts de mousse et autres plantes bioluminescentes. Des Pokémon vivaient ici et là, les ignorant.

Le diplomate eut un énorme frisson.

Un gigantesque arbre se dressait au milieu de la grotte.

« C’est sublime… murmura Cynthia. Votre Mélofée est un excellent guide. » Gento acquiesça, n’ayant même pas écouté ce qu’elle venait de dire. Le bruit d’une cascade était audible, provenant sûrement de derrière l’arbre. Mélofée était venue tirer sur les vêtements de Mino en lui pointant les cristaux, un doigt dans la bouche, l’air de lui demander si c’était ce qu’elle cherchait. Chrysanthème, elle, avait arrêté de supplier Malta de recommencer son tour, admirant la grotte, et s’empressant d’aller à la rencontre des Pokémon sauvages de la zone.

Le bruit de l’eau résonnait dans ses oreilles, et Gento sentait son cœur battre plus fort, se confondant avec les sons de la cascade. Il aurait été bien en peine d’expliquer ce qu’il ressentait. C’était indescriptible. Il en avait la chair de poule. Chrysanthème, sentant que quelque chose n’allait pas, retourna immédiatement auprès de son dresseur, le voyant au bord du malaise. Elle força ce dernier à s’asseoir sur une roche couverte de mousse lumineuse, libérant son Aromathérapie.

Le diplomate respira doucement. « Prenez les devants, dit-il aux deux femmes. Ce n’est qu’un petit malaise. Je vous rattrape immédiatement. » Son regard ne quittait pas l’arbre. Il se rappelait ce sentiment de petitesse face au monde, de cette insignifiance relative face à la Vie.

Il allait bientôt mourir, et cet endroit resterait aussi beau.
Il allait bientôt mourir, et Cynthia et Mino chercheraient toujours des cristaux sans se soucier de lui.
Il allait bientôt mourir, et Chrysanthème-
… Se retrouverait seule.

Il gratta doucement la tête de la Ptiravi qui s’occupait toujours de lui, un air inquiet sur le visage, gazouillant légèrement à son contact. « Ce n’est rien mon cœur… », murmura-t-il. Ces mots avaient une connotation presque pesante, mais une tendresse infinie, une tendresse que seule Chrysanthème pouvait recevoir et comprendre. « Et si nous allions jouer près de l’arbre lorsque j’irai mieux ? »

Chrysanthème gazouilla. Elle avait envie d’y croire. Alors elle regarda Mélofée qui aidait Mino et Cynthia à inspecter les cristaux, se demandant quand est-ce que c’était, que son dresseur irait « mieux ».