Hey

Une voix douce et mélodieuse vient soudainement le sortir de sa panique. En levant les yeux de sa pokéball, il se retrouve face à une apparition inattendue. Une femme, belle, très belle, avec deux grands yeux saphir, une longue chevelure blonde et une peau claire à la couleur du satin. L’air de la salle d’attente, soudainement très chaud, fait rougir ses pommettes et ses oreilles. Une goutte de sueur perle le long de son cou. Tout d’un coup, l’horloge de la salle est étrangement captivante, avec sa trotteuse qui avance, seconde, par seconde, mais aussi la plante en pot, dans le coin de la pièce. Factices et couvertes de poussière, ses feuilles vert-bouteille sont pourtant une source insoupçonnée de distraction, car le jeune homme ne s’attendait pas à ce qu’une si belle femme lui adresse la parole.

D’habitude, les autres clients, enfin patients, l’ignorent. Lui, le jeune homme avec son T-shirt chiffonné et sa veste usée qui cherche souvent à se fondre dans le paysage, à faire un avec le papier peint moche et daté de la pièce. Mais une jolie, très jolie femme vient de lui adresser la parole. Il sait très bien qu’il est loin d’être à son avantage, mais peut-être que quelque chose lui a néanmoins plus. Il ne sait pas, il ne connaît pas comment fonctionne l’esprit féminin.

Alors, par politesse, il range rapidement sa pokéball, essuie ses mains moites sur son T-shirt, se met droit comme un piquet sur son fauteuil et finalement balbutie un : “B-bonjour !”

Commencer ou même nourrir une conversation ne font absolument pas partie de ses compétences, actuellement, cependant, il essaye. Son oncle serait bien plus à l’aise. Il se sent davantage comme un Magicarpe hors de l’eau ou comme un Pachiradjah dans un magasin de porcelaine. Il regrette amèrement de ne pas avoir suivi des cours de courtoisie, car la drague n’est certainement pas instruite au lycée. Et en ce qui concerne la gent féminine, il est loin d’être doué. C’est qu’il n’a pas eu de modèle, non plus. Sa mère et sa sœur ne sont plus de ce monde, son père est marié à son travail, et son oncle, sous ses airs de coureur, ne vit aussi que pour ses recherches. Et Huguette, son Hydragon n’est pas vraiment un modèle de féminité non plus, malgré les nombreux arguments du chercheur.

De fait, il n’a absolument pas de chance de ce côté. Et puis, la question reste entière. Matthew ne sait pas comment ça se drague une dame pareille ? Il ne peut pas lui demander son âge, cela ne se fait pas ! Est-ce qu’il a déjà envie de flirter avec elle ? Il est bien trop jeune, cela ne fonctionnera jamais. L’amour n’était certainement pas dans ses papiers ! Enfin, sauf peut-être celui de dame Cyrène…

D’un coup sec, Matthew se frappa les joues. Au moins, maintenant, ses joues sont écarlates à cause du coup. Il inspire et bredouille quelques mots.

“V-vous êtes -”

Avant qu’il ne puisse mettre son pied dans sa bouche en finissant sa phrase avec les mots suivant ; “très jolie…” La porte du cabinet du Dr Jones s’ouvre. Dans le couloir, la figure bien connue d’un homme roux grisonnant à la bedaine aussi large qu’il n’est haut accueille d’un large sourire ses patients.

“Matthew Miller, mon garçon ! Heureux de vous voir. C’est à nous maintenant”.

L’homme pénètre dans la pièce, alors que Matthew rassemble rapidement ses affaires. Mais à sa surprise, le docteur s’adresse à la femme avec une joie apparente. Ses petits yeux clairs pétillants à la vue de la belle dame.

“Mademoiselle Sulivan ! Justement, celle que j’attendais ! C’est un plaisir de vous avoir dans mon cabinet. Comment allez-vous ma chère ?” Dit-il en lui tendant une main potelée.