Il y a ici quelqu'un qui n'a pas besoin de se faire inviter deux fois pour choisir de s'élancer jusqu'au lit pour le partager avec moi. Oh et il y a Scotland Yard aussi, bien sûr. Le chien, au niveau d'énergie largement supérieur au mien, s'élance jusqu'à l'escalier, le sac vide de la couverture lestée en guise de fardeau. Ça m'inspire à reprendre le tissu en question, empli de petites billes plastiques. Je n'en reviens toujours pas qu'Arsène en ait une, qu'il s'en soit procurée une pour moi et mon confort. Il est donc hors de question que je parte sans, même si je m'attarde un peu plus longtemps pour rendre son baisé à mon aimé.

Tu vas me manquer. Essayez de ne pas trop tarder.

Parce que oui, même un étage d'écart est plus grand que ce que j'arrive à supporter. Nous, dramatiques et fusionnels ? Oui, c'est le cas. Et pourtant j'arrive à m'éloigner, à gravir les marches à mon tour pour aller rejoindre le Lougaroc qui, évidemment, m'attends déjà au lit. Lorsque j'arrive dans le cadre de la porte, le chien se relève, quitte le lit pour venir m'accueillir avec autant d'enthousiasme que s'il ne m'avait pas vue des jours durant. Je le gratifie de quelques caresses, arrive non sans un peu de mal à le contourner pour grimper dans le lit. J'étends la couverture et me glisse dessous alors que le chien saute à nouveau sur le matelas, tourne sur lui-même tel un très gros chat à la recherche du coin le plus confortable. Ce n'est pas la première fois qu'il fait ce manège et je sais que, laissé à lui-même, il risque de tourner longtemps. Heureusement que je me souviens de ce que dit Arsène, d'habitude.

Scot, installe.

Mon ton était las, fatigué, mes yeux déjà clos. Il continue de tourner, n'est pas convaincu. C'est ma faute, je n'ai pas été stricte, pas vrai ? Je dois le refaire, y mettre un peu plus du mien.

Installe.

C'était mieux et, comprenant l'ordre, le Lougaroc s'allonge enfin, tout content d'être avec moi et moi d'être avec lui. Je vais jusqu'à blottir mon visage dans la fourrure de son dos. Le poil n'est pas aussi doux, et ne sens pas aussi bon, que celui de Sibelius, mais je saurai m'en contenter. Je suis bien ici, dans le lit d'Arsène, accompagnée de ce fidèle compagnon qui m'aime presque autant que son maître. Quel dommage pour le concerné que, dans cet excès de confort, je m'endorme avant même qu'il n'ait fini de monter les marches. Il n'y aura, pour l'accueillir, que mes petits ronflements mignons qui se mêlent à la respiration du chien.