William attrapa le chocolat chaud d'une main, d'un sourire fragile et d'un petit remerciement du bout des lèvres. La douce chaleur de la tasse lui picotait les mains, mais il accueilli la sensation avec joie il la tenait près de son visage, réchauffant ses joues et son nez glacés avec la fragrante fumée de la tasse. Son autre main était devenue de marbre, figée sur la coquille de l'œuf sous les couvertures comme pour le protéger du monde extérieur, à l'abri dans un cocon de chaleur. La raison qui poussa Rebecca à lui confier l'œuf fit frissonner William d'inquiétude plutôt que de froid.

Il sonne comme une sacrée teigne... Non pas que je doute de tes capacités d'éleveuse mais- n'hésite pas, si tu as besoin d'aide. En attendant, ce p'tit-là est en sécurité. William se courba un peu plus autour de l'œuf après sa promesse, comme pour lui murmurer quelque chose, ou le couver de tout son corps, peut-être. Mais ce fût au prix d'une vive douleur au niveau de ses côtes alors qu'elles entrèrent en contact avec la coquille. William tira une grimace douloureuse, pendant une courte seconde, mais il ne prononça pas un mot.

Le blond  sursauta légèrement lorsque Rebecca décida de se lever pour aller chercher du matériel médical. Mais ce ne fût rien à côté du soubresaut qu'il eu lorsque Becks suggéra de retirer les couvertures. William ne pouvait pas. Non. Il avait trop mal, trop froid, trop honte. Les ecchymoses sur ses côtes étaient sans pitié, personne ne devait les voir. Car si personne n'était au courant, alors ça voulait dire qu'elles n'avaient jamais existé. Du moins, c'était la façon de William de voir la chose.

Il n'avait pas remarqué, mais des larmes avaient commencées à couler le long de ses joues, colorant ses joues de striures plus sombre. Il ignora leur existence, agissant comme si elles n'existaient pas. Comme s'il n'était pas le faiblard que son père l'accusait d'être.

William resta muré dans le silence pendant un moment. Toutefois l'agréable distraction qu'avait offert le petit œuf, ainsi que la réconfortante présence de Becks à ses côtés le relaxa malgré son apparente tristesse, juste assez pour délier sa langue, entre deux gorgés du doux chocolat.

...C'est juste... L'état d'Eddie empire, ces derniers temps. J'essaye de rester le plus longtemps possible avec lui, mais... Je rentre tard. Je réponds plus à mon portable... Et- mon père, il- il pense que je prépare une attaque, ou que je communique avec l'Armée Révolutionnaire. Il en est convaincu et... Il est du genre à punir avant que le crime ne soit commis, tu vois. Autant dire que son père l'avait toujours battu pour rien. Pour un oui ou pour un non. Pour un discours Révolutionnaire publique, comme pour un oubli de fermer une porte dans la maison.

Il câlina l'œuf avec un peu plus de vigueur, de détresse alors qu'il ne pouvait arrêter le flot des larmes qui cascadait sur ses joues. Il voulait prendre Rebecca dans ses bras, mais il avait peur. De quoi avait-il peur? De tout. Une détresse insensée et ridicule s'était emparé de lui, et il avait peur de répercutions qui ne viendrait jamais d'une personne aussi douce que Rebecca, et ce malgré l'image rugueuse et vulgaire qu'elle voulait donner. Et même s'il en avait eu la force, ses flancs n'auraient pas encaissé la contorsion de son corps causée par cette étreinte, aussi douce qu'elle aurait pût être. Et cette triste réalisation fût le petit coup de pouce, le changement de sens du vent. Il écarta, juste un peu, les couvertures qui masquait le duo. Laissant entrevoir son petit trésor, niché dans le trou que formait ses jambes croisées en tailleur, ainsi qu'une palette de couleur en arrière-plan, étalée sur ses côtes. Noir. Violet. Jaune.

Il baissa la tête, n'osant plus croiser le regard de Rebecca.