Tu te redresses un peu, difficilement, sur ton fauteuil dès lors que tu entends des clés dans la serrure de ta porte. T’ignores il s’est passé combien de temps depuis que tu lui as laissé le message, t’ignores combien de temps tu as passé à fixer le plafond de ton appartement, incapable de dormir, les pensées allant dans tous les sens. Tu ne peux que revenir sur ce qu’il s’est passé, sur votre mission qui s’est soldée par un échec. Sur la mort de la générale. Sur ces révolutionnaires qui se sont opposés à vous, qui ont tenté de vous tenir tête, qui vous ont tous blessés, sans exception.

Et tu ne peux pas t’empêcher de te dire que ça aurait pu être lui.
Tu aurais pu te retrouver contre ton père.

Cette seule pensée suffit à te rendre malade, l’estomac retourné et cette pression désagréable dans ta poitrine. Enfin, tu te redresses, t’efforce de ne pas grimacer de douleur tandis que tu adoptes une position assise, pour mieux pouvoir sourire à celle qui débarque dans ton appartement. Ça te fait du bien de la voir, de voir qu’elle n’a rien, alors que tu ne sais pas si elle aurait pu être mise en danger par les attaques ayant frappé sa ville natale. Celle où elle a encore son appartement, et ce, même si tu ne cesses d’insister pour qu’elle vienne vivre avec toi à Castra Nicia. Chez toi. Chez vous. - Merci pour la porte. Un rire discret qui s’échappe de tes lèvres, celle inférieure fendue, tandis que tes prunelles ne la quittent pas. Tu as envie de te lever, d’aller la serrer dans tes bras, toutefois, t’es pas certaine de si ton corps te le permettrait.

- Partout ? Ça te semble être la bonne réponse à sa question. Tu prends tout de même la peine de glisser ton haut par-dessus ta tête, nullement gênée face à celle qui t’a déjà vu nue à plusieurs reprises, révélant ainsi tes bandages mais aussi cette longue ligne partant de l’épaule, descendant entre tes seins et terminant à ton ventre, lacération ayant été soignée mais dont le sang traversait toujours un peu le bandage. - Ça, surtout. Mais bon, ils étaient pas trop inquiets, si je me tiens tranquille ça devrait aller d’ici quelques jours. Alors tu gardes le sourire, l’air un peu désinvolte, comme si cette blessure n’était rien. Tu lui fais signe de s’approcher, parce que tu veux qu’elle vienne te rejoindre sur le sofa, tu veux pouvoir la serrer dans tes bras.

Parce que tu t’es inquiétée.

Alors si ça te fait du bien de savoir qu’elle va bien, qu’elle n’a pas souffert des attaques sur sa ville, tu veux plus de contact, pouvoir entendre son coeur battre dans sa poitrine. - J’ai été appelée d’urgence pour une mission de sauvetage, à Arsinoe. Tu dis ça alors qu’elle savait que tu étais en repos, que ta présence dans le sud de l’Empire n’était que parce que tu voulais y entraîner quelques uns de tes pokémons, dans la chaleur du volcan.

- Ça ne s’est pas très bien passé.
Il s’agit-là d’un euphémisme. - Les renforts n’ont pas pu arriver.

La faute à qui ?