On dit souvent que les mémés sont des petits êtres fragiles, qu’il faut choyer, protéger. Qu’elles sont là pour réconforter. Eh bah Artémis ne serait jamais vraiment une mémé alors. Parce que la vieille avait la niaque, et qu’elle était aussi vicieuse qu’un ratata d’égout. Pas de pitié ! Futée comme un Goupilou, mémé avait décidé de passer une petite annonce, camouflée pour une vilaine action. Enfin vilaine, le mot était peut-être un peu fort. On se demandait souvent comment l’ancienne pouvait tenir le salon de thé toute seule. En réalité, ses pokemon l’aidaient beaucoup. Un en particulier.

Le Simiabraz de mémé faisait des siennes depuis quelques temps. Soliloque était un serveur né. Il avait toujours aimé servir le thé au salon, et les clients le trouvaient adorable lorsqu’il n’était qu’un Ouisticram. Mais maintenant … maintenant qu’il avait atteint son dernier stade d’évolution, Soliloque était devenu un vrai cauchemar. Susceptible au possible, il faisait peur aux clients. L’un d’entre eux avait vu sa serviette prendre feu sur ses genoux “par accident” alors qu’il avait soulevé le fait que la gelée des bonbons n’était pas végétale. Un autre avait pris son thé au visage lorsqu’il s’était plaint de sa température trop élevée.

“Recherche un serveur à mi-temps”. Connerie : elle cherchait quelqu’un pour garder son pokemon incontrôlable ! Mémé ne voulait pas s’en séparer, il lui fallait donc agir. Et vite. Évidemment, un pigeon avait mordu à l’hameçon. Aujourd’hui le salon de thé était quasiment vide, excepté quelques étudiants habitués, rats de bibliothèque qui se tenaient au fond du salon. Mémé avait passé la tête hors de l’escalier pour apercevoir la blondinette qui venait d’arriver. En short et sweat “Pika-Tchou” avec un pokemon électrique sur un train, une manette dans la bouche et l’autre dans les mains, Artémis se décida à abandonner la partie en cours. Pour une autre bien plus délicate.

▬ Bonjour demoiselle ! Tu débordes d’énergie, c’est cool, j’aime ça ! Je suis Artémis, mais tu peux m’appeler mémé, ou la vieille, ou Arty. Fin débrouille-toi juste pour que je sache que c’est à moi que tu t’adresses quoi.

Mémé laissa ses manettes sur le comptoir, où elle posa trois tasses fumantes, premier test pour la miss. Même si en soit, le résultat ne compterait pas vraiment.

▬ T’as un CV ou un truc pour me dire ce que tu fais dans la vie, comment se nomme ce joli minois et tout le bordel ? Je vais lire ça pendant que tu m’identifies les breuvages que voilà.

Ses bras à plat sur le comptoir, mémé attendait patiemment. Elle jouait la comédie. N’importe qui ferait l’affaire. Et la gamine lui plaisait déjà beaucoup, en plus.