Morituri
te salutant
ft. Clara
Voilà un bout de temps qu'elle n'était pas venue traîner dans la banlieue. Aujourd'hui, c'est un jour avec, et Lina fait mine de se balader entre les immeubles formant la périphérie de Castra Nicia. En réalité, elle sait très bien où elle va. Voilà un moment qu'elle tente de se renseigner, afin de faire son grand début en tant que championne underground; l'occasion s'est désormais présentée, et la voici fin prête à se pointer pour balayer de force l'opposition, munie de son fidèle Carabing. La précision "underground" est nécessaire; pas d'arène officielle là où elle se rend, mais la très select Ligue Carabing, un circuit pas forcément super légal où s'affrontent exclusivement les bestioles éponymes. Selon la rumeur, la machine est bien huilée : les combats seraient organisés partout à travers l'Empire, bien que la capitale royale accueille l'essentiel des rencontres importantes, son statut de cœur du pays aidant à y faire converger tous les compétiteurs les plus chevronnés. Les festivités d'Halloween aidant à capter l'attention des forces de l'ordre, qui veillent au grain dans le centre-ville, c'est donc en ce jour qu'a été organisé un grand tournoi exceptionnel; de phases de groupe en format battle royale émergeront quatre gagnants, qui se battront ensuite pour l'honneur d'affronter le mystérieux Champion Carabing de Castra Nicia - un Carabadge à la clé. Initialement, Lina désirait enquêter sur la branche de Ravenna, afin de s'assurer que le lieu de rendez-vous ne vienne pas parasiter les planques de la Révolution armée; mais elle a fini par se prendre au jeu, entraînant même son propre Carabing dans l'espoir d'en faire un champion. Dans sa sacoche, la Ball de Tarsis est parée pour le tournoi, et l'insecte prêt à l'action. Il a travaillé dur pour être au niveau ! Tournant dans un cul-de-sac délabré selon les indications qu'elle a pu obtenir, elle se faufile sous un rideau de fer à demi fermé, pénétrant dans ce qu'il reste d'un entrepôt désaffecté. Deux gorilles sont occupés à converser à l'intérieur, assis devant une sorte de sas à l'entrée close et derrière lequel le brouhaha étouffé des voix se fait entendre à travers le mur (pourtant épais). La voyant débarquer, dans sa tenue sportive monochrome, une casquette couvrant partiellement sa tête, ils se lèvent pour lui barrer le chemin, l'un des deux ramassant une liste posée à proximité. - Vous êtes? Le ton n'est pas vraiment courtois, mais compte tenu de leur rôle dissuasif, Lina ne s'attendait pas à taper la discute avec eux. - Solveig. Pas question de s'inscrire sous son vrai nom; comme l'année précédente, à la même époque, la voilà qui dégaine le patronyme de la petite blonde jadis hébergée chez elle pour une nuit. Celui des deux guetteurs qui s'occupe de la liste la scrute un instant, cochant une petite case; l'autre s'approche d'elle, saisissant le poignet de la participante pour y attacher une sorte de petit bracelet en papier adhésif. De couleur orange, il est orné d'un unique identifiant : D7. Levant les yeux, Lina constate que d'autres bandes de papier de différentes couleurs sont entassées dans un sac; si elle ne peut pas toutes les décortiquer, elle constate néanmoins que toutes celles de même couleur que la sienne commencent par la même lettre. Une façon de se repérer facilement, peut-être? - Y a quatre poules ce soir. Vous, vous êtes groupe D. On appellera votre numéro quand ce sera votre match. En attendant, le bar est à droite après les escaliers; prenez la passerelle, y aura une mezzanine qui donne sur le ring. Bonne chance. Et, d'un petit signe de tête, il lui ouvre le sas, lui permettant d'entrer dans l'arène alors que le boucan ambiant assaille ses oreilles. |