Genesis disait vrai : la Menace Obscure est réelle. Nul n'est à l'abri, pas même la princesse impériale. Ne vous y trompez pas : la guerre est à vos portes. Commencez-vous à voir les fils du destin ?
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On dirait bien que vous êtes passé à côté d'un être mythique... Que vous l'ayez vu ou entraperçu, leur existence est bien réelle. Et maintenant ?
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Electhor
Vous êtes le bras droit de ce que doit être le Mouvement Pacifique. Représentez les vôtres, sans jamais faiblir.
Une tasse de thé dans une tempête ft. Mino Valentine
J’tire un peu sur les poches que j’ai sous les yeux, j’déforme mes joues entre mon pouce et mon index, je passe ma main dans l’chaos d’ébène et de jais qui siège paresseusement là-haut, sur l’dessus d’mon crâne, et je m’regarde dans la vitrine de cette brasserie en m’disant que je n’ai l’air de rien… Une tête de cadavre, montée sur un grand tas d’centre, tout au plus. J’ai un peu la dégaine de ceux qui n’savent plus dormir, la dégaine de ceux qui ont perdu toute sorte de foi, la dégaine de ceux qui boivent pour ternir leurs souvenirs et pour tenir, un peu debout, sous la lumière de chacun d’ces nouveau jour… Bordel, je suis le spectre de mon ombre, essayant d’soulever mes paupières avec mes doigts seulement pour voir s’il reste ne serait-ce qu’un peu d’lumière dans l’fond d’mes yeux. Une étincelle, ouais, juste une étincelle, ça serait déjà pas mal… Mais tout ça m’semble tristement vide. Je soupire, et je siphonne le fond d’une canette sans âme, que j’viens abandonner dans une poubelle, sur un bout de trottoir, juste après… J’galère un peu à marcher. Et je n’sais même plus si ce sont mes jambes qui m’jouent des tours, ou si l’bitume se défile sous mes pas, et qu’importe. J’entends la brise marine qui se fout d’ma gueule, les immeubles qui m’regardent de haut, et je vois les yeux des gens, partout, qui m’arrache le visage, un peu comme… Ouais, exactement comme ça. J’ai envie d’leur dire que j’suis beurré, et alors ?... Mais ils ne diront rien. Ils se contenteront d’penser, tout simplement. Et moi, je m’entends à peine penser depuis… plusieurs jours ? Plusieurs semaines ? Je n’sais même plus vraiment… C’est que le temps s’fait la malle, comme ces ballons gonflés à l’hélium que les gamins relâchent par inadvertance, mais qu’il n’emporte rien avec lui. Absolument rien. Tout est là et tout reste là, par terre, les deux pieds coulés dans l’béton, comme un cercueil que l’on n’enterre pas, un cercueil qu’on n’referme pas, et ce pour aucune putain d’raison… Et je suis là, penché au-dessus, et c’est moche à l’intérieur. C’est vraiment moche…
C’est moche, mais j’marche quand même. Je marche et j’laisse derrière moi cette vitrine, et ça faisait plusieurs minutes que je m’regardais là-dedans, et peut-être bien que j’recherchais quelques traces restants de mon humanité sur ma tronche, mais bon… J’porte les mêmes fringues qu’hier, et j’végète dans une odeur de tise que je sens même plus, avec un soupçon d’parfum de tabac. J’suis comme un Chrysacier, et je m’enveloppe dans ce cocon là. Je relève un peu la tête vers un lampadaire, souriant à sa lumière qui ne s’allume pas, et je m’demande comment l’monde se débrouille pour être si lourd et si léger à la fois. C’est que je sens qu’mes épaules croulent sous à peu près tout, et à peu près rien, et inversement. C’est flou, et confus, mais je m’en fous. Et j’pousse la porte d’un salon de thé dans lequel je n’ai jamais mis les pieds auparavant, peut-être parce que je n’ai jamais sentis que j’pouvais y avoir ma place, peut-être parce que j’ai jamais trouvé que ça faisait vraiment partie d’mon monde, mais je rentre là-dedans comme si je l’avais conquis depuis plusieurs années déjà, ce maudit salon, et ils me regardent tous, aussitôt. Mes yeux s’baladent, comme s’ils n’avaient plus d’orbite. Ils glissent sur le bois des tables et des chaises, ils glissent sur ces senteurs de plantes, ils glissent sur tous ces murmures qui s’estompent. Ils glissent pour s’défiler, un peu… J’en viens à refiler mon nom à un type qui m’dit de le suivre, et d’nouvelles portes s’ouvrent sur un nouveau salon, et elles se referment sur moi, tout seul.
Plusieurs fauteuils entourent une table basse. Une monstera s’pavane. Un philodendron bombe un peu l’torse. Un caladium blanc s’repoudre le nez en cachette. Un puit d’lumière se la raconte un peu. Un lustre relève le menton, visiblement fier de pas grand-chose. Et moi, je m’laisse tomber dans l’un de ses fauteuils, et j’flanque mes pieds sur la table. J’attends. Et si je n’ai pas vraiment envie d’être là, mon « moi » du passé devait penser que ça serait intéressant. Et de toute manière, je n’ai même pas envie d’être ailleurs non plus. En vérité, j’aimerais être nulle part, et pas même dans un trou ou dans une cave, dans une caverne, ou n’importe quelle autre cavité du même genre, n’importe quel creux dans lequel je pourrais m’tapir un peu. Mais, enfin, la porte s'ouvre, déjà, et elle dégueule un nouveau corps que je n'connais pas et je n'sais pas vraiment pourquoi j'en viens à m'dire que ma simple présence est déjà une sorte de baroud d'honneur face à l'existence... Et c'est moche, quand on y pense, mais je suis là, quand même. Je suis là, et je m'relève, lentement.
Mino Valentine
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Une larve. Un home brisé. Une épave. Voilà la première chose que tu vois quand tu franchis les portes de la pièce du salon de thé. Tu ne t'attendais pas à voir un jeune homme en très grande forme, mais de la a le voir dans un tel état... Ça serait mentir de dire que ça n'est pas un avantage pour toi. Enfin bonne, la vraie question est de savoir pourquoi tu es ici. De toute manière il va vite le savoir.
"Bonjour monsieur Cassady. Ou préférez-vous que je vous appelle Ailbhe ? "
Tu t'arranges. Tu es le pour... pas forcément pour l'aider, mais au moins pour ne pas le terrifier. C'est pour ceci que tu lui as laissé le choix du lieu de rencontre, pour le mettre un minimum à l'aise. Difficile de dire si c'est efficace ou non.
"Encore merci de permettre cette entrevue. J'espère que vous allez bien."
Question con. Tu connais la réponse. Tu te penses fatiguée en permanence ? Tu es battu à plate couture.
"Je suis Mino Valentine, sénatrice de Nepthe."
Et tu es bien loin de ta ville des montagnes. Il fait terriblement chaud ici.
"Mes excuses pour être restée relativement vague dans mon premier message. Je suis ici pour discuter avec vous de la fête ainsi que d'une idé qui pourrait vous impliquer dans le futur. En positif, bien évidemment."
Tu te sens obligée de préciser.
"Je note que vous avez du gout pour l'établissement choisi. Leur liste de thé et de gâteau. Considérez que je vous invite."
Tu doutes qu'il aille ruiner l'Empire ici. Le contraire serait amusant.
"Je suppose que vous avez beaucoup de questions, et je suis prête à y répondre."
Tu as besoin d'aller à son rythme, sinon il va être inutile.
Ailbhe J. Cassady
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Acte 1 : Au travers des ombres
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Une tasse de thé dans une tempête ft. Mino Valentine
J’entends l’cuir du fauteuil qui grogne lorsque je m’redresse, ainsi qu’cette foutue table basse soupirer d’soulagement quand mes pieds s’en retournent sur c’parquet au bois assez lasuré, et lui aussi semble comme lever les yeux au ciel à ce moment-là… Les fougères, arborescentes, elles détournent le regard. Et il y a ces miroirs, dans d’gros cadres modernes, qui osent à peine refléter un fragment d’ma tronche, et je sais que je n’suis pas vraiment le bienvenu ici. C’est un peu comme si tout venait me l’susurrer et me glisser ça dans l’oreille. Je suis un indésirable dans ce salon de thé, je m’sens comme un bonhomme de neige un peu bidon au milieu d’une coulée de lave, je suis un Magmar dans une piscine municipale, une putain d’anomalie… Et maintenant que j’y pense, je m’dis que ce n’est pas seulement ce salon de thé… Je serre les dents, quelques secondes. Encore une fois, j’essaye de contenir ces synapses qui sont comme des mouches dans mon crâne, des mouches qui virevoltent un peu partout, des mouches et des mouches… « Ailbhe m’ira très bien, que j’parviens tout d’même à lui répondre, à la Sénatrice, tout comme, par soucis d’réciprocité, j’pense me contenter de Mino... » Et j’en reviens à ce fauteuil qui n’est pas plus ravi que ça de soutenir le poids d’ma carcasse. Mes yeux, fatigués, ils se posent sur elle, et elle n'a rien à voir avec moi. Nous ressemblons à deux univers qui s’rencontrent et qui s’entrechoquent, à deux polarités différentes, à des infrarouges et à des ultraviolets, et la longueur blonde de ses cheveux fait face à l’ébène terne qu’il y a dans les miens… Et j’pourrais continuer la liste, mais il y a un serveur qui débarque, et il est comme camisolé dans une chemise blanche et un gilet d’costume. Une carte, que j’regarde pendant quelques secondes, avant d’opter pour un thé vert en provenance d’Asia, peut-être un peu en m’disant que ça serait pas du plus mauvais effet avec ma gueule de bois, et le voilà qui s’éclipse assez rapidement… J’en étais où déjà ? Ah ouais, ok…
Mes yeux prennent congé d’la sénatrice pendant quelques secondes afin d’embrasser l’restant d’cette salle, qu’elle semble trouver assez à son goût. Et je suis pas si étonné que ça. C’est que les bourgeois de l’Empire ont cette tendance à aimer ce qu’ils ont eux même construit, et à peu près tout ce qui leur ressemble d’ailleurs. Mais je n’dis rien. J’suis peut-être beurré, mais pas totalement stupide, et je sais qu’cette foutue langue doit parfois rester derrière mes dents. Alors j’la regarde à nouveau, et même ses yeux, aussi bleus et profonds qu’les eaux d’un ou deux lagons, sont aux antipodes des miens, bien plus proche du Basalte... J’prends une inspiration. J’sais pas tellement pourquoi elle tenait à m’voir, ni ce qu’elle pouvait bien vouloir que je lui dise, mais j’fous un coup derrière la nuque du silence, et je le vois qui s’casse la gueule par terre. « Je n’ai pas grand-chose de plus à dire sur la fête, que j’préviens alors, évoquant les évènements du 16 Avril dernier non sans avoir un accroc dans la voix, et quant aux questions, j’avoue qu’elles se sont échappées… » Je hausse les épaules. C’est que je n’ai pas des masses l’habitude de telle rencontre, de la solennité qu’elle demande, des protocoles et des règles. C’est que j’ai un peu été élevé avec les Gourmelets, ou plutôt, que j’ai été élevé par un Gourmelet, le genre qui préfère les bistrots un peu cradingue qui sentent la clope à des établissements comme celui-là, et que j’ai fini par avoir plus de points en commun avec lui que je n’voudrais bien l’admettre. « Merci en tout cas de prendre le soin de m’inviter, que j’lui fais alors, et, si vous l’souhaitez, j’dois bien vous confier que j’suis assez curieux d’savoir ce qu’une sénatrice peut bien avoir derrière la caboche pour désirer une entrevue avec un type comme moi… » Et mes mains s’en retournent dans les poches de ma veste, mes doigts jouant avec un briquet qui s’trouve là-dedans, le tournant dans un sens puis dans l’autre, sans qu’mes yeux ne la lâche du regard… J’ressemble à rien, je suis passablement défait, mais il y a ce hasard assez cynique qui a fait d’moi le second d’Kyra désormais, et j’peux pas m’permettre de tout foutre en l’air aussi facilement…
Allez, oublie donc les cris dans ta tête, Ailbhe...
Oublie aussi l’ivresse qui coule dans tes veines...
Ne serait-ce que pour quelques putain d’minutes…
Mino Valentine
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Heureusement, ce n'était pas un examen de botanique... Vous avez obtenu le ruban des jardins extérieurs.
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"Comme vous le désirez. Et ne vous inquiétez pas pour la réciprocité."
Tu fais avec. S'il doit suivre tes manières à la lettre, vous n'allez jamais en finir, et ça va le mettre terriblement mal à l'aise. Déjà qu'il ne va pas très fort. Son regard voyage un peu partout, son ton n'est pas très assuré… Tu as clairement l'ascendant sur la conversation, et il ne faudrait pas grand-chose pour le réduire en poussière. Mais ça n'est pas dans ton intérêt. Pour l'instant.
"Vraiment ?"
Pas grand-chose à dire de plus. Bien sûr. Il ne veut pas en parler, nuance. Ça se voit bien. Dommage, tu ne vas pas vraiment lui laisser le choix.
"C'est bien normal. Et merci pour votre franchise. Je suppose que je pourrai vous laisser à vos théories, mais ce serait bien injuste."
Ça n'est pas une chose que tu as prévue, c'est une faveur.
"De nombreux regards sont tournés vers vous, Ailbhe. Au sein de l'empire, certains se demandent ce qu'on devrait faire de vous. J'imagine qu'il en est de même au sens du mouvement pacifique."
Quelle va être sa prochaine action ? Elle aura bien, bien plus d'importance qu'il ne le pense.
"Certains de mes collègues aimeraient faire de vous un exemple. Je vous laisse imaginer quel genre, je pense que je n'ai pas besoin d'expliquer ?"
Qui ira vérifier ce que tu dis ? Personne.
"Personnellement il est difficile de vous placer coupable. S'il y a bien une victime, c'est vous."
C'est ce qu'il veut entendre. Ça ne veut pas dire que c'est ce que tu penses.
"Ça n'est pas tous les jours que l'on voit une telle organisation, surtout de la part de personnes indépendante et relativement peu connue. Vu l'ampleur, surtout pour une première édition, je dirai 9 mois de préparation ? Peut être plus proche d'un an ?"
Tu sors quelques feuilles. Tu as les listes, tu as analysé son travail. Tu n'es pas une spécialiste, mais tu peux faire de bonnes hypothèses.
"Une grande variété d'artistes et de spécialités, principalement axée sur Callero, mais pas que, afin de ne pas trop repousser les personnes qui n'ont pas la région dans leur cœur."
Le tout afin de faire une belle promotion de la région. Très malin.
"La seule donnée qui m'échappe, c'est le choix de Neropolis. J'aimerais avoir votre raisonnement pour la sélection du lieu."
C'est un dialogue, pas une présentation.
"Même avec les problèmes, je pense que ça a été une réussite, Ailbhe."
Ce qui embête certaines personnes. Tu en fait partis, au moins un peu. Tout ceci fait bien long pour lui dire ce qu'il veut entendre, mais ne faut-il pas te justifier pour marquer des points ?
"Quant à l'incident… comme je disais, difficile de dire que vous êtes responsable. Surtout vu votre état."
Parfois tu sais te montrer empathique. Uniquement quand ça t'arrange. La sécurité a été limitée, certes, ce qui a empiré les choses. Ce qui est sur c'est que si un tel incident arrive a un événement que tu organises… tu aurais certainement du mal a dormir pendant quelques jours, si ça ne ce compte pas en semaine.
"La véritable question est de savoir ce que vous comptez faire. Encore plus par rapport à vos anciens… camarades."
Le mouvement armé. Les vrais responsables en soi.
Ailbhe J. Cassady
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Acte 1 : Au travers des ombres
Genesis disait vrai : la Menace Obscure est réelle. Nul n'est à l'abri, pas même la princesse impériale. Ne vous y trompez pas : la guerre est à vos portes. Commencez-vous à voir les fils du destin ?
Effleurer le divin
On dirait bien que vous êtes passé à côté d'un être mythique... Que vous l'ayez vu ou entraperçu, leur existence est bien réelle. Et maintenant ?
Badge Plante
Vous avez vaincu le champion type plante. Ne prenez pas racine.
Campagnard
On dirait bien que vous avez été impliqués dans quelque chose de plus grand que vous... Et que vous y avez survécu ! Pas trop traumatisé ?
Animateur d'un jour
Vous avez donné de votre personne pour créer quelque chose qui a changé le cours du forum. Pour le meilleur ou pour le pire, ça reste à voir...
De la vieille école
Bon anniversaire ! Plus d'un an ici, ça se fête. On espère que vous avez plein de beaux souvenirs ici !
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Une tasse de thé dans une tempête ft. Mino Valentine
Je fais front. Je n’peux rien oublier. Je l’ai laissé déblatérer ses phrases les unes après les autres, et ça ressemblait à ces pelotes de laine qu’on balance sur l’parquet pour faire jouer les Flamiaou, histoire de les occuper un peu et de n’plus les avoir dans les pattes. Je n’peux rien oublier, pas même pour une ou deux minutes. Je n’peux pas oublier cette soirée et cette nuit, et elles sont là, à l’intérieur de moi. Elles m’habitent, et j’fais front. Je suis face à toutes cette détresse, en écho. Je suis face aux hurlements de peur et de douleur. Je suis face à la mort, et aux morts. Je suis face à mon naufrage, et à mon ivresse. Je suis face à elle, et elle est assise et ses longs cheveux blonds qui dégoulinent un peu partout bougent eux aussi quand elle parle. Ils défilent, un peu comme ces mots, tout ça s’égrène, comme un chapelet, et ça ressemble à une sorte de prière, à une sorte de rituel, comme pour invoquer quelque chose, sans que je n’sache vraiment quoi. Je suis face à tout ça. Et si je n’peux rien oublier, ne serait-ce que pour quelques minutes, alors je peux essayer d’faire face au courant, plutôt que de m’laisser porter par lui. Pendant quelques secondes, ne plus être un Nenupiot à la dérive… Mon coude se pose sur l’bras du fauteuil, et ma main vient soutenir ma mâchoire. Et une de mes jambes vient s’replier sur l’autre. J’sens que tout mon corps est de travers, mais je n’en ai pas grand-chose à cirer… Je fais front. « Alors disons que ça m’fait un point commun avec ces gens de l’Empire, que j’commence à lui répondre, parce que j’suis l’premier à m’demander ce que j’devrais faire de moi… » Et ça pouvait peut-être ressembler à de la désinvolture, mais il y avait une grande part de vérité là-dedans. Et ça n’datait pas vraiment d’hier. Ni de la Fête des lendemains, et du carnage dans laquelle elle s’est achevée…
Je fais front… C’est quoi l’courage, hein ? C’est peut-être justement d’continuer à faire front, combien même on peut être bancal, et totalement perdu. C’est peut-être bien d’continuer de charger, et ce alors que l’Galopa est boiteux et qu’on a seulement envie de s’beurrer la tronche jusqu’à n’plus savoir son propre nom... C’est peut-être de s’lever vers quatorze heure du matin avec une terrible gueule de bois, et s’pointer quand même dans un salon de thé, pour lui dire, à la Sénatrice : « Vous vous plantez sur pas mal de points… déjà quand vous dîtes que s’il y a bien une victime, c’est moi, vous vous viandez. Des victimes, on en dénombre 483, et encore, ce chiffre n’prends pas en compte les blessés graves qui calenchent jour après jour, les disparus, les handicapés, les traumatismes psychologiques… » Je prends une inspiration. Je fais front. Je suis face à moi-même, et je ne m’laisserais pas engloutir par l’merdier, pas maintenant, et ce combien même ça peut s’avérer tentant. C’est peut-être aussi ça, le courage, ne pas céder, et refuser. Et continuer d’le faire là où il n’y a ni gloire, ni reconnaissance. Comme dans les quartiers pauvres de cette ville au bord de l’océan, ou dans un champs de ruine… « Pour certains, ce n’sont peut-être que ça, des chiffres, que j’ajoute alors, mais pour nous, et pour moi, ils étaient tous et toutes bien plus que d’simples numéros… On a essayé d’les protéger, on a couru vers la mort pour essayer de les tirer d’ses sales griffes… Mais ils crevaient sous les débris, et leurs visages, ils se faisaient souffler, ils saignaient et ils hurlaient et ils mourraient… Ils étaient démembrés, disloqués, décharnés… » Le courage, c’est peut-être aussi cette volonté de nier jusqu’à la mortalité des Hommes, et de l’faire par simplement volonté brute de continuer, et d’survivre, ensemble. Et, quelque part, c’est un peu comme se taper l’audace de cracher à la face du Destin. « Alors qu’ils fassent de moi un exemple, si ça leur chante, que j’en viens à finir, j’emporterai avec moi ma conscience. Et j’préfère encore ça plutôt que d’laisser dire que, s’il y a bien une victime, c’est moi… » Mes yeux s’plantent à nouveau dans les siens. Et un court silence s’installe…
Les portes s’ouvrent à nouveau, laissant apparaître le même type, portant un plateau avec des tasses qu’il dépose là, entre nous. Et je m’penche alors pour en attraper une par la hanse, et j’balance un peu mes lèvres dedans. C’est chaud, mais ça hydrate des parties d’mon corps qui n’connaissent plus l’eau depuis bien plusieurs jours maintenant… Est-ce que j’parle vraiment de courage alors que je suis là, le cul sur un fauteuil, et qu’on me sert une tasse de thé ? Je repose ma tasse là, et elle fume un peu. Je n'ai pas grand-chose à dire que l’courage, pas de grande définition à apporter, alors, pourquoi ça vient dans un recoin d’mon crâne, comme ça ? « Le festival a été préparé rapidement, en un peu moins d’six mois, que j’lui avoue alors, et le but n’était pas d’plébisciter Callero, mais d’représenter l’Humanité et ses cultures à travers le monde. Les artistes, ils venaient de tout l’Empire, et il y avait des spécialités provenant de plus loin encore, d’Europa, d’Asia, d’Afrika, qui s’laissaient découvrir… » Je sens bien que mon corps s’active, histoire d’accompagner mes mots, mais aussi que certains d’mes gestes ne sont pas totalement les miens. Et je m’dis que c’est l’alcool, qui glisse dans mes veines, et que j’aurais bien pu ne pas m’pointer ici, mais je suis là. Et c’est peut-être pour ça… « Neropolis a été choisis justement parce que nous n’voulions pas que La Fête des Lendemains soit fédératrices, que j’lui explique, que ce soit un évènement où nous pourrions nous rencontrer, tous et toutes, et imaginer le monde de demain, avec tout ce qu’on a dans l’cœur, et non pas une campagne de communication pour quoique ce soit d’autres... » Mes lèvres se tordent. Le courage, c’est peut-être dans les moments de doute et de désespoir. Ce truc qui fait que je suis là, sans trop savoir ce qui allait advenir de moi, et non pas à cuver dans un lit qui n’est même pas l’mien... Une sorte de force indomptable qui te pousse dans l’dos, quand tout te dit de laisser tomber…
Alors j’emmerde les fauteuils, la monstera, le philodendron, le caladium blanc, le puit d’lumière, et ce putain d’lustre. Et c’est bien la même chose pour les fougères et l’miroir. Je suis là, et ce qu’importe l’état lamentable dans lequel je suis, et combien même j’peux avoir l’air pathétique et hideux… Je suis là, combien même mon regard s’fait à nouveau la malle quand j’murmure quelque chose comme : « Et enfin, dernière de vos erreurs, la Fête des Lendemains n’est pas une réussite, pas avec un bilan comme celui-ci… Elle devait apporter de l'espoir, non pas se clore sur le désarroi... » Le courage, c’est peut-être sale, et tout aussi dur. Ce n’est pas une lumière éclatante, mais une flamme vacillante qui refuse de s’éteindre. Un peu comme l’espoir, finalement…
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Bon anniversaire ! Plus d'un an ici, ça se fête. On espère que vous avez plein de beaux souvenirs ici !
"Je pourrai dire que je sais quoi faire de vous, mais ça vous inquièterait plus qu'autre chose, non ?"
Trop tard. Il peut, et doit d'une certaine manière, être suspicieux de ta personne. Tu caches des choses, mais pas trop non plus. Ça fait partit du jeu. Et il se laisse moins faire que prévu. Intéressant.
"Je sais, j'ai la liste. Il y a un couple qui faisait les meilleures pâtisseries de Nepthe, j'allai régulièrement chez eux."
Tu avais désespérément regardé les listes en priant pour que des personnes proches ne noient pas dedans. Tu as majoritairement eu de la chance. Majoritairement.
"J'ai eu mon lot d'incident du genre. Je connais très bien le type de bilan qui suit."
Jamais rose, toujours déprimant. Ce sont des chiffres, mais il y a toujours un peu plus.
"J'imagine bien. On ne peut jamais sauver tout le monde."
L'humanité est faible, une simple variable au milieu de cette galaxie ou des dieux vivants marchent parmi vous. C'est fragile un être humain. Un petit coup de tonnerre, un Pokémon électrik en colère, un tremblement de terre. Pouf.
"J'ai une bien trop bonne connaissance de tout ceci. C'est la raison de ma présence pour aider la ville à se relever."
Les gens également, mais c'est moins gagné pour ça. Surtout vu son attitude défaitiste qui peut ce comprendre, mais que tu détestes.
"Bien sûr oui. La méthode lâche. Si vous êtes en prison ou mort, ça n'est plus votre problème, pas vrai ? Je peux vous assurer que ça ne fonctionne pas comme ça."
Tu es dure. Peut être un peu trop. Les conneries, l'inaction également, ça s'assume. Quand il y a un tel bilan, ça ne fait pas plaisir, c'est sur. Mais c'est nécessaire pour avancer. Tu y reviendras plus tard. C'est cette histoire de le rendre utile.
Puis il présente les détails de la fête. Intéressant. Ton point de vue impérial a dû légèrement fausser la donne. Ou ignore-t-il le sous-entendu politique de ce genre d'évènement ? Tu en doutes, vu sa profession. Il y a toujours une différence entre ce qui est prévu et ce qui est perçu.
"Je vois. Je comprends mieux."
Vraiment ? Vraiment.
"Ça, c'est votre point de vue. Du mien, j'aimerais que vous en organiser une seconde."
On pourrait penser que tu blagues. Que tu es moqueuse ! Tu es extrêmement sérieuse.
"Vous voulez vous rattraper ? C'est ainsi que vous pouvez le faire."
Et pas en se morfondant ici à ne rien faire et à prier pour un miracle. Ça n'existe pas les miracles. La chance, ça ce créer.
"Vous voulez être porteur d'espoir ? J'ai plusieurs propositions pour vous. L'une d'entre elles concerne principalement Callero."
Tu es plus dure que d'habitude. En même temps il t'a un peu énervé. Heureusement que tu es du genre à avoir des colères froides et non explosives.
"C'est exactement ce genre d'événement qui m'a poussée à devenir sénatrice. Nepthe a eu son lot de problème pendant le cataclysme. Et quand il s'agit d'agir, on n’est jamais mieux servi que par soi-même."
Tu hausses les épaules.
"Mais c'est votre choix. Je ne vais pas vous forcer."
Les poids morts, non merci.
Ailbhe J. Cassady
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ft. Rivaille, SnK
4820
970
Acte 1 : Au travers des ombres
Genesis disait vrai : la Menace Obscure est réelle. Nul n'est à l'abri, pas même la princesse impériale. Ne vous y trompez pas : la guerre est à vos portes. Commencez-vous à voir les fils du destin ?
Effleurer le divin
On dirait bien que vous êtes passé à côté d'un être mythique... Que vous l'ayez vu ou entraperçu, leur existence est bien réelle. Et maintenant ?
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Vous avez vaincu le champion type plante. Ne prenez pas racine.
Campagnard
On dirait bien que vous avez été impliqués dans quelque chose de plus grand que vous... Et que vous y avez survécu ! Pas trop traumatisé ?
Animateur d'un jour
Vous avez donné de votre personne pour créer quelque chose qui a changé le cours du forum. Pour le meilleur ou pour le pire, ça reste à voir...
De la vieille école
Bon anniversaire ! Plus d'un an ici, ça se fête. On espère que vous avez plein de beaux souvenirs ici !
Electhor
Vous êtes le bras droit de ce que doit être le Mouvement Pacifique. Représentez les vôtres, sans jamais faiblir.
Une tasse de thé dans une tempête ft. Mino Valentine
La flamme d’une bougie, qui vacille et qui refuse de s’éteindre dans l’cœur de la nuit. Une flamme de bougie sur laquelle elle souffle. Je n’saurai pas tellement dire si elle parvient à l’éteindre, mais la danse que son souffle lui impose suffit à remuer les ombres dans tous les sens. Mon regard, il s’enfuit. Comme s’il ne voulait pas voir la fin de cet éclat, comme s’il cherchait un autre chatoiement dans les fougères et l’philodendron, comme s’il voulait s’plonger dans ce puit d’lumières qui illumine ce salon de thé à la con… Mais il n’y a pas grand-chose, pas la moindre corde, et je serre les dents. La méthode lâche. Est-ce que je peux lui donner tort ? Je sens bien que tous mes abîmes m’y invitent. Je sens bien que cette soif n’est pas tant pour noyer ce qu’il y a dans ma tête, que pour me noyer moi-même… et toutes les eaux sont couleurs de noyade, et mes larmes les premières… J’abandonne tous les jours… C’est comme si mes épaules étaient brisées… Je suis l’capitaine ivre d’un bateau qui coule, et je n’fais que continuer à boire… Encore et encore, des litres et des litres, des fleuves et des océans de bière, de la bière et du whisky, de la vodka comme s’il en pleuvait… Les bras ballants, je relève la tête et j’tire la langue, et je l’fais pas pour me moquer de l’univers, mais seulement pour picoler ne serait-ce que deux ou trois gouttes de plus… J’deviens lamentable, et pathétique, et j’ressemble de plus en plus à mon père… Non, je suis pire que lui. Si l’alcool est aussi une sorte de fuite pour lui, c’est avant tout une fête. Je l’ai vu danser et chanter et rire, perché tout en haut de cette montagne de cadavres et de squelettes qu’il a dans l’crâne… Pétris de défauts, le vieux, mais animé par une vie flamboyante… Et moi, je m’terre sous cette montagne de cadavres et de squelettes, et je bois, seul, dans le noir, sans respirer, sous ce grand tas de morts… Je suis pire que lui…
Elle me gifle. Ses mots le font. Ils claquent, là, sur mes joues qui rougissent, et je reste là, le cul sur ce fauteuil qui m’déteste, et je n’dis rien. Je ne touche même pas à cette tasse de thé, qui n’en finit pas de fumer. J’ai les yeux bas comme un gamin qu’on engueule, et je n’vois plus que ces pieds. Je regarde la forme qu’ils ont, la manière dont ils bougent, par instant, la couleur de ses chaussures… Et je n’relève la tête que lorsque je l’entends dire qu’elle aimerait que j’organise une seconde Fête des Lendemains… Elle n’a même pas l’air de se foutre de ma gueule… Je crois que j’aurais préféré… Même si cet humour aurait été bancal, je l’aurais préféré… Et voir ainsi, je n’sais pas, un sourire, un éclat dans les yeux, ou n'importe quoi d’autre… mais non… Je sens que le bas d’ma mâchoire se décroche un peu du haut, et qu’mes sourcils se mettent en branle, par pure perplexité… « Je n’vous suis pas, que j’lui confie alors, je… » Ne parviens même pas à finir ma phrase, et j’ai un peu d’mal à me ressaisir. Ce doit être les gifles, et la surprise, qui m’hébète un peu. C’est comme si elle se jouait d’moi. Comme si je m’dressais sur un château d’cartes dans lequel elle venait d’flanquer un coup de savate. Et je me casse la gueule en la regardant, je tombe à la renverse sans même lui tendre la main pour qu’elle me rattrape un peu. « Je vous écoute, que j’bafouille alors, dîtes-moi ce que j’peux faire, parce que je ne vois… plus très bien… » J’ai l’dos qui claque par terre, et le souffle qui s’coupe aussitôt. Je sens l’odeur de cette fumée que les bougies diffusent lorsqu’elles s’éteignent. Et je regarde la sénatrice avec un désarroi dans l’regard, et elle hausse les épaules et je sens que quelque chose s’effondre à nouveau à l’intérieur de moi. « Je suis complètement paumé, que j’lui avoue alors, et j’aimerais continuer à l’porter, cet espoir, mais… ne vous foutez pas d’moi… » C’est tout, Ailbhe ? C’est tout c’que tu trouves à dire ? Bordel, on sortait les crocs il y a encore quelques minutes, et voilà qu’maintenant, tes oreilles s’aplatissent… La vache, je ne sais même pas vraiment ce que j’fous là… Si ce n'est contempler mes murailles qui s'effritent, et qui s'effondrent...
Mino Valentine
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Heureusement, ce n'était pas un examen de botanique... Vous avez obtenu le ruban des jardins extérieurs.
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De la vieille école
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Tu enchaines, tu ne lui laisses pas vraiment le temps ou l'occasion d'en placer une. Tu diriges cette conversation, ce qui est facile quand on voit l'état de ton interlocuteur. Ça te permet aussi de tester, de voir ce qui donne une réaction ou non. Le pari d'une seconde fête est énorme, mais réfléchi et calculé. Il s'avère que tu es assez forte en maths, quand tu veux.
"C'est-à-dire ? Je peux reformuler si besoin."
Oh tu sais très bien sur quoi il ne te suit pas. Tu joues à l'innocente, mais tu es plus que coupable.
"Ce que vous pouvez faire, ou ce que vous voulez faire ? Je ne suis pas là pour obliger. Surtout pour ce genre de chose ou le manque de motivation ce qui voit dans les résultats."
Tu peux faire sans lui. Mais l'impact sera bien moins grand. Autant pour lui que pour toi.
"Je suis sérieuse. Je pourrai frapper un homme à terre et que ne demande qu'a être achevé, mais ça n'avancerait pas grand-chose."
Dure ? Oui. Mais c'est le principe d'être (trop) franche.
"Et le plan de mieux vous relever pour vous terminer plus tard, c'est uniquement dans les films. Je sais que certains disent que je suis cruelle, mais tout de même."
Ça, c'est uniquement s'il te fait chier.
"Digressions à part, je peux vous offrir des moyens. Nepthe pourrai même co organiser, quand il s'agit du renouveau, nous avons de l'expérience."
Aussi triste que ce soit.
"Après je ne dis pas que ça sera facile. De votre côté, du mien aussi. Du moins si vous acceptez."
Mais c'est le principe. Ça n'est pas comme si ça doit arriver demain.
"La deuxième proposition est à propos d'une cellule de discussion entre Callero, Pallera, et l'Empire. Le but est de présenter les intérêts de chacun et de voir ce qui peut être fait pour la région."
Du moins, en théorie. Tu auras un peu peur de la pratique.
"Si je représente l'Empire dans ce groupe, il s'avère que je m'occupe de proposer des membres pour représenter Callero. Je pense que vous pouvez deviner la suite."
Maintenant, ses questions. Il serait étonnant qu'il n’en ait pas.
Ailbhe J. Cassady
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Une tasse de thé dans une tempête ft. Mino Valentine
Elle fout l’bordel dans ma tête. Comme si ce n’était pas déjà le cas. Comme s’il n’y avait pas assez des cris et des morts qui s’entassent, comme s’il n’y avait pas assez du sang qui s’écoule et d’ces remords qui rongent les synapses, comme s’il n’y avait pas assez des pleurs et des tremblements qui n’cessent de tout fissurer, à l’intérieur… Le cuir du fauteuil craque encore un peu, et j’ai l’impression que c’est l’sol qui s’ouvre en deux, en une fissure énorme, un peu comme la gueule d’un monstre ne cherchant qu’à se refermer sur moi, ne cherchant qu’à me déchiqueter et à m’avaler… Je secoue la tête, et je ne sais même pas vraiment si c’est pour lui répondre, ou pour dissuader cette créature de m’bouffer. Je sens son souffle qui colporte son haleine jusque sur mes joues, et comme une main épaisse et griffue qui s’pose sur mon épaule… Le poids de choses qui me dépassent… Les battements d’mon cœur, ils n’en finissent pas de s’accélérer, et ma respiration avec lui. Il y a comme des vers dans mon ventre et dans mon crâne, qui grignotent un peu tout ce qu’il y a là-dedans. En fait, je m’sens mal. Comme si je m’étais chargé d’acides avant d’venir, ou d’autres drogues de synthèse un peu trop corrosives pour le cervelet… Il y a comme une odeur de soufre, aussi… Je contemple, par terre, les éclats restants du masque d’argile que j’portais quand elle a pénétré dans cette pièce, et je sais qu’il était déjà fragile, mais je ne l’avais pas entendu se briser comme ça… Bordel, je suis un Sapereau pris dans les phares, un Goélise dans l’mazout… Et j’ai l’air pathétique et con à rester là, sur ce fauteuil à la con, au milieu d’ce salon de thé à la con, dans cette station balnéaire à la con, et je sens mon poing qui se serre sur l’accoudoir. Il faut que je revienne. Mon flot d’pensée est comme une marée descendante cherchant à m’éloigner d’la plage, mais j’dois rester là, les deux pieds dans l’sable… Putain… Je voudrais bien un peu d’silence dans ma tête… Rien qu’un peu de silence…
Du silence… Une inspiration…
… Et mes lèvres, elles s’entrouvrent pour me laisser expirer toute la poussière et la suif qu’il y a là-dedans. Mes doigts, ils se détendent et mes muscles aussi. Je suis là, et le sol ne s’est jamais ouvert. Il n’y a aucune main sur mon épaule. Ni d’odeur de souffre ou d’histoire de mer qui fout le camps. Je m’penche pour attraper la tasse de thé qui fume de moins en moins au fil des minutes, et j’la porte à ma bouche. Les arômes, ils sont puissants, et ils m’aident, quelque part, à m’encrer dans l’présent. « Je n’suis pas certain, que j’commence à répondre, qu’il soit vraiment d’bonnes augures de songer à offrir une deuxième édition à la Fête des Lendemains pour le moment… » Et j’aurais aimé qu’il en soit autrement… Ma bouche se tord un peu, et mes yeux, ils s’en vont chercher quelques matières à réflexion dans ce puit de lumière qui laisse dégouliner d’la clarté sur nous. « D’autant plus, que j’en viens à préciser, que ça m’ferait assez chier que ce soit récupéré, politiquement parlant… » Et voilà que je m’redresse un peu dans mon siège, quelques secondes, avant de m’pencher vers l’avant pour poser à nouveau cette tasse de thé sur la table basse, et d’poser mes avant-bras sur mes genoux. Je la regarde alors, mes yeux reviennent sur la sénatrice est, quelque part, elle me fait comme l’effet d’un Séviper, sans que je n’puisse vraiment expliquer pourquoi… « Je n'peux pas organiser une seconde fête des Lendemains maintenant, que j’conclus alors, et en vérité, je n’en ai pas envie non plus… ça serait d’mauvais goût, et plus qu’indécent, c’est mort… » Il y a sans doute d’autres manières de faire briller l’espoir dans l’cœur des Hommes, d’autres manières de les amener à imaginer des lendemains plus radieux que le présent. Et si je n’ai pas encore d’idée, je m’dis que je finirai bien par en trouver une, quelque part… « En ce qui concerne la cellule de discussion, en revanche, que j’finis par dire, c’est peut-être une bonne façon de dépasser les clivages habituelles… » Je hoche la tête, avant de m’redresser un peu dans l’fauteuil. « Qui serait d’la partie ? Que j’demande alors. Il y en a qui serait plus indiqué qu’moi pour ce genre de travail… » Kyra, en premier lieu, mais il y a déjà pas mal de choses qui reposent sur ses épaules… Je passe une main derrière ma nuque, frottant un peu cette peau sous mes cheveux en silence… Je relève un peu l’menton, peut-être un peu méfiant… « Comment s’organise cette cellule ? Que j’demande alors à la Sénatrice. C’est plus d’autres réunions style bavardage dans un salon de thé, ou il y a de véritables chances de faire bouger les choses ? » J’ai les sourcils qui s’froncent légèrement, comme pour continuer de m’racheter une contenance. Mais j’ai parfois comme la sensation qu’elle voit clair, au travers de ma peau…
Mino Valentine
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Pas certain. Pas sur. Toujours cette indécision. C'est terrible ce blocage. Lui le subit car il est dans une phase franchement pas simple de son existence. De ton côté c'est souvent parce que tu tentes de calculer bien trop de variables, mais quand tu es dos au mur tu détestes rester plantée à ne rien faire.
"Si vous le pensez."
Vous commencez à tourner en rond. Il est ancré dans ses positions, dans sa peur. Ce n’est pas à toi de le sortir de la.
"Vous savez très bien que tout est politique."
Il est journaliste après tout. Si le message politique n'est pas déclaré, les autres interpréteront à leur manière. Mal, souvent.
"La question est plus de savoir de quelle manière vous et Callero voulez en faire partit."
Ça n'est pas du “vous êtes contre eux", même si ça a toujours été le cas. Un avis, ça se change.
"Le mauvais goût est de penser qu'une tragédie interdit de vivre et de penser au futur."
Et c'est la pessimiste de service qui dit. Celle qui désire et travaille pour l'avenir radieux de Nepthe, mais qui peine à le voir. Qui est dans cette impossibilité de penser au jour même et qui est de plus en plus terrifiée par ce que réserve demain ? Le destin, ça s'affronte. C'est le mensonge que tu te répètes. Tu ne crois pas aux miracles, mais si chaque petite action penche la balance en ta faveur, aussi infime que ce soit, tu prends et tu exécutes. Nepthe, c'est ta vie. Dans le grand ordre des choses, la tienne ne vaut pas grand-chose.
"Mais je n'insisterai pas plus. Sachez que je reste disponible si une idée vous intéresse."
Tu dois être là deuxième sénatrice, voire politique, à dire ça à un Callérien (après Juniper). Il faut un début à tout. Et si tu sers de contact principal entre l'Empire et les Callériens, c'est tout à ton bénéfice. Pas forcément bon pour ton sommeil et ton stress toutefois.
"C'est vous qui avez choisi un salon de thé pour cette discussion."
C'était facile. Tu pourrais être plus vilaine.
"Pour l'instant pour Callero il y a les champions eau et électrique."
Inutile de préciser lequel du duo pose problème.
"Si vous avez des propositions, je suis preneuse. Vous connaissez bien mieux les membres du mouvement pacifistes et les Callériens que moi."
Kyra va surement être dans le lot. Mais elle est problématique. D'une part, il est impossible de la contrôler. D'autre part, c'est donner un peu trop de pouvoir à cette cellule, donc l'empire refusera. La rencontrer pourrait être intéressant. Mais risqué également. Pas sûr qu'elle désire voir une représentante de l'Empire en ce moment. À garder en réserve.
"Et pour répondre a la question, si le début risque d'être plus lent que prévu pour des raisons qui ne sont plus nécessaires a expliqué, je ne tiens pas a ce que ça stagne."
D'une part car Pallera surveille. D'autre part car ça voudrait dire laisser trop de pouvoir dans les mains des deux autres parties, et ça n'est juste pas possible. Callero ne peut être indépendante, c'est pour son propre bien. Et encore moins sous la tutelle de votre voisin du sud.
Ailbhe J. Cassady
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Une tasse de thé dans une tempête ft. Mino Valentine
J’ai comme la sensation que l’fauteuil s’essaye à m’bouffer l’fessier. Le philodendron, il se fout encore de moi, et l’soleil tourne et le puit d’lumière ne me laisse que de l’ombre. La contenance que j’essaye d’avoir ne vaut pas grand-chose, et je l’sens plutôt bien. J’ai d’nouveau cette putain de tasse de thé entre les mains, et le parfum fumé qu’elle dégage s’immisce dans mes narines. Je m’recule, mes yeux esquivant de nouveau la politicienne. Il y a des gouffres entre elle et moi, sur tout les points de vue, et peut-être que j’essaye de n’pas les voir. Comme pour n’pas être pris d’un vertige, en haut d’une falaise, en regardant en bas. Mes lèvres s’abaissent un instant, alors que je l’écoute présenter les personnalités en charge de représenter Callero dans son petit groupe de discussion, et j’serre un peu plus mes doigts autour de la porcelaine. « La championne électrique, pour représenter Callero, que j’en viens à répéter, avant d’ajouter avec un léger sourire en coin, le genre assez moqueur et incrédule, j’dois bien avouer que c’est assez original… » C’est que Kyra m’a parlé d’elle, et que sa nomination à l’arène d’Arsinoe a fait pas mal de bruit, un peu partout… et moi, j’pensais surtout à Maud. A notre confrontation, à son aide, à son numéro de téléphone, inscrit quelque part en lettre digitale dans l’mien… Et peut-être bien que j’aurais pu lui écrire, mais je ne l’ai pas fait. Mes lèvres laissent passer un soupir, et j’ai cette impression qu’il y a encore comme des vers qui grouillent dans ma tête… « J’ai quelques idées, de personnes qui pourraient représenter Callero un peu mieux que votre championne, que j’réponds alors, je dois peut-être seulement les contacter… » A l’intérieur de ma bouche, il y a ma langue s’active mais ma mâchoire reste close, et elle se resserre même. C’est peut-être mon instinct, qui se méfie de ce que j’peux bien dire à celle qui est là, assise en face de moi…
Ma tête se relève un peu, et mes yeux s’en reviennent à nouveau sur elle et sur la longueur blonde de ses cheveux. Il y a comme un moment de silence, un moment de flottement, un moment où j’essaye de voir ce qu’il peut bien y avoir derrière cette peau, derrière ce crâne, à l’intérieur de son cerveau, mais il y a le bleu d’ses yeux qui sont comme un rempart, comme une muraille de glace, et j’finis par encore détourner la tête, comme si ces plantes étaient la véritable chose à voir à l’intérieur de ce salon. « Soyons honnête, que j’finis par lâcher alors, je n’sais pas si je peux vous faire confiance, ni si je l’dois d’ailleurs… Vous comprenez sans doute bien que ma position au sein du mouvement est assez nouvelle pour moi… » J’ai l’cœur qui s’emballe à l’intérieur de ma poitrine, et j’essaye de calmer ces battements en achevant d’un trait le thé qu’il y avait dans cette maudite tasse, que je repose sur la table basse. « Cependant, j’suis du genre persuadé que l’dialogue a une importance capitale, que j’continue à avouer, et quand je dis que je n’suis pas certains d’pouvoir vous faire confiance, je vous prie de ne rien y voir de personnel… Il se trouve que, d’ordinaire, j’suis plutôt l’genre à parier sur la bonne nature de l’être humain… Ouais, sans rire, il y a encore quelques semaines, j’aurais même pu vous inviter à passer la soirée avec moi, sans rien savoir de vous... » Mais les choses sont assez différentes aujourd’hui. Non pas que j’ai perdu en Humanisme, seulement qu’il y a comme un voile sombre qui l’entoure désormais. Un doute, une déception peut-être, une incertitude, une blessure encore un peu trop fraîche, une sorte de… traumatisme… « Mais j’crois bien que j’ai l’cerveau et l’cœur en compote en ce moment… » Je suis un verre zébré d’fêlures, il faut bien que je me l’avoue, au bout d’un moment... Et pourtant, j’ai accepté d’porter quelque chose de nouveau, un poids, une de ces responsabilités que je m’escrimais pourtant à fuir… Peut-être par sentiment de culpabilité ? Je n’en sais trop rien… « Je n’vous demande que quelques jours, que j’en viens alors à requérir, tout ça m’dépasse, dans le sens où ça concerne pas que moi... J’ai besoin d’en discuter, et d’y réfléchir, et je vais m’accorder ce temps… » Ouais, j’ai peut-être seulement besoin d’encore un peu de temps…
Je m’lève, et l’cuir du fauteuil craque à nouveau et l’parquet soupire et qu’importe. J’ai toujours l’air d’un macchabé sur patte, et ça aussi je m’en fous pas mal. Je n’sais même pas s’il est vraiment d’bon ton de me tirer un peu comme je l’veux, mais je crois que ça m’importe peu, au final. Je n’connais pas vraiment le protocole qui convient d’suivre dans des situations comme celle-ci. Alors voilà que j’hausse les épaules sans trop rien dire, si ce n’est quelque chose comme : « Je vous contacterai, et merci encore pour le thé… » avec mes yeux noirs qui tombaient un peu sur elle, et ma tête qui hoche en silence. Je prends une impulsion vers la porte. Je n’ai pas grand-chose de plus à dire de toute manière, si ce n’est, peut-être… « Au passage, si vous souhaitez aider Callero, que j’ajoute alors, ne vous contentez pas d’ce quartier. Il est beau, certes, mais surtout riche et nouvellement construit pour les fortunes de l’Empire… Allez plutôt faire un tour du côté d’la banlieue… Les habitants de Syenne s’y sont retranchés face à la gentrification des anciens quartiers populaires… C’est là-bas que vous croiserez des gens qui ont besoin d’aide, pas ici… » Ma main, elle entoure la poignée de la porte, et j’pourrais bien lui dire que je m’ferai un plaisir d’être son guide, là-bas, dans ces rues qui m’ont vu grandir, dans ces rues où les désespérés et les abandonnés poussent comme des champignons en pleine forêt, mais je n’y pense même pas vraiment…
Ce sont eux qui ont besoin d’aide… Ce sont pour eux que je suis là… Ce sont pour eux, que je désirais ces lendemains…
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"On peut le dire de cette manière. Le choix n'était pas entièrement sous ma direction."
Pour ne pas dire que tu ne contrôlais rien, mais ce petit mensonge est un détail. Tu contrôles la situation, point final.
"C'est pour ceci que je cherche d'autres personnes que les champions."
Et si ça ne motive pas les révolutionnaires à vite placer leurs pions, tu ne sais pas ce qu'il leur faut. Plus ils prennent de temps, plus ils sont en désavantage. De ton côté, ça te permet de donner l'impression que tu joues franc jeu. Les dettes, ça existe, et tu sauras en prendre avantage.
"C'est tout à fait votre droit de ne pas me faire confiance. C'est vous de décider si vous acceptez ou non. Je ne fais que proposer. Contacter les personnes que vous désirez, quitte à ce que je les rencontre plus tard."
C'est risqué de te présenter comme point de contact principal... mais c'est le cas. D'une certaine manière, tu es leur meilleure chance. Les pauvres sont très, très mal tombés. Rien n'est dû au hasard.
"Je suis d'accord avec vous. Personnellement, entre discuter et me prendre des bombes dans la tête, le choix est vite fait."
C'était ce qui avait véritablement débuté ta paranoïa. Les évènements d'octobre en ont rajouté une couche. La fête, c'est le pompon, et tu as une jolie cible sur ta tête avec cette histoire de cellule de discussion, mine de rien. Tu dors de moins en moins et tu approches doucement de l'explosion.
"Si vous m'invitez, je me rendrai disponible."
Une preuve de bonne foi du moins en partit. Tu n'es pas comme lui, tu ne crois pas au genre humain. Vous êtes égoïste et prêt à pousser vos voisins dans un trou sans fond si ça vous permet de mieux vous en sortir. Ou c'est juste toi qui penses ainsi. Il y a toi, tes amis, Nepthe... et le reste.
"De même si c'est pour discuter avec d'autres membres du mouvement pacifique. Ce serait avec grand plaisir de pouvoir parler directement avec eux."
Au minimum, ça serait intéressant. Plaisant ? Pas sur. Mais ça te permettrait de toujours comprendre mieux les demandes des Callériens.
"Ce qui est normal au vu de la situation. Ce genre d'évènement est tout sauf relaxant."
Tu ne le sais que trop bien, même si c'est légèrement différent.
"Aucun problème. Je me répète, mais je reste à votre disposition que ce soit pour des questions, des remarques ou votre réponse."
Ou autre. Bref, être un contact de (relative) confiance si possible. Ça va être épuisant.
"Merci à vous de m'avoir fait découvrir cette adresse."
Pas sûr que tu y retournes un jour, mais qui sait ?
"Je sais bien. Et c'est pour cette raison que je suis là."
Il y a beaucoup à faire pour Callero. Et ça n'est pas la seule région qui a besoin d'aide. Rien n'est gratuit. Ils ne devront pas oublier qui les aide, que ce soit l'Empire ou toi.
"Passez une bonne journée, Ailbhe."
La tienne n'est pas finie. Loin de là. Tu as beaucoup de notes à ajouter à ta proposition, ce qui est une bonne nouvelle.
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