Le levier cède finalement et je sens alors de larges engrenages se mettre en mouvement autour de nous alors que le plancher s’ouvre finalement. Mais si lentement que c’est un hurlement d’une nature bien différente qui capte mon attention.

Quelque chose approchait. Et quoi que ce soit, la chose était furieuse sans le moindre doute.

Mon regard se fixe sur le tas de neige à l’entrée. Il y avait tant de chose que je pourrais faire: dire à Myry de bloquer l’accès à coup de laser glace, me préparer à sauter, m’assurer que le reste du groupe était prêt. Mais au lieu de tout ça, je suis là, terrorisé et fasciné alors qu’une paire d’yeux bleu acier s'extirpant de la neige.

Et sans même m’en rendre compte, j’étais à présent tétaniser. L’aura meurtrière de ce pokémon me dépasse complètement. Mes jambes ne me répondent plus. Ni le reste de mon corps. Je suis simplement là, un mélange d’anxiété, de peur et d’émerveillement devant cette créature qui me dépassait.

Combien de temps s’était écoulé? Je n’en avais aucune idée. Réalistiquement? Peut être quelques secondes. Mais cela aurait pu être plusieurs heures que je ne le réfuterais pas. Prisonnier de mon propre corps, mon esprit et mon énergie se vide à grande vitesse. Je pâlis à vue d'œil.

Je vais mourir.

Cette certitude s’imprime alors que je le vois fondre sur moi.

BOUGE! Bon sang, bouge!

Mais contre toutes attentes, mon corps est aussi immobile qu’une statue de marbre.

Quelle déception. Après tout ça, voilà comment j’allais atteindre la fin de ma vie? J’avais pourtant tellement à faire! Et Eddie. Serena. Poppy. Qu’allait il leur arrivé? Allais-je vraiment périr sans pouvoir rien f…

“MYRYYYYYY!!!!!!!!”

J’hurle. Ma voix résonne mais je n’en ai rien à faire. Dans un instant de pur réflexe, ma Gardevoir venait de s'interposer. Et s’effondrait devant moi.

“Non, non, non, NON!”

Comme si le sort de pétrification qui m’avait paralysé jusque là venait d’être levé, je me jette à ses côtés alors que l’ennemi recule d’un bond agile. Léo et Hildr s’interposent immédiatement, l’un comme l’autre à présent prêt à en découdre.

Myry gisait dans mes bras, un petit sourire en coin alors qu’elle aperçoit mon visage au-dessus du sien. Elle était heureuse de me voir sain et sauf.
Elle était en piteuse état. Je pouvais sentir plusieurs fractures au niveau de sa cage thoracique et elle avait clairement des difficultés à respirer.

Mais elle souriait. Je rappelle Myry dans sa ball, lui offrant un repos plus que mérité.

Je renifle. J’entends les autres parler mais je ne distingue pas leurs paroles. Mon esprit est trop confus. Il y a trop de pensées. Vengeance, colère, empathie, incompréhension et amour se mélangent continuellement sans interruption.
Si bien que je fonctionne plus en autopilote qu’en réel décision consciente.

Je jette un regard noir au pokémon qui venait de nous aggresser. Il avait constamment harassé notre groupe sans se montrer. Pourquoi se montrer à présent?
A cause de la trappe?
Et bien si c’était comme ça, j’allais lui faire payer. Il ne voulait pas qu’on aille plus loin? Et bien tant pis pour lui. J’irais chercher ce qu’il y avait au fond de cette abysse sans nom. Voyons voir comment il réagirait quand je lui prendrais à son tour ce à quoi il tenait le plus plus.

Dans un élan de pur colère, je me relève et regarde Eddie et Serena.

“Restez en vie! Maintenant, c’est personnel.”

Et me tournant vers mon équipe, j’enchaine:

“Hildr, déflagration! Et ensuite, tu les aides. Léo, avec moi!”

Et me tournant finalement vers cet adversaire qui avait choisi de nous agresser, je rétorque avec un rictus mélangeant haine et moquerie:

“Si tu veux tant que ça à faire le mal, soit. A mon tour de jouer dans ce cas.”

Et offrant un doigt magistral, je plonge dans l’étroit gouffre qui s’était à présent ouvert, mon Cizayox directement sur mes talons, ce dernier m'agrippant fermement. Nous ne voyons pas le fond, mais c’était à présent une course. Une que nous avions peu de chance de gagner. Le terrain nous était inconnu. L’adversaire nous dépassait complètement.
Mais je serais damné si je ne lui donnait pas au moins du fil à retordre. Et alors que je lance un dernier regard en arrière, je vois les flammes de la Déflagration lécher le plafond de la salle où nous nous trouvions.
Espérons que cela nous fera gagner un peu plus de temps dans cette course contre la montre.