Callero. Voilà un moment que Gento n’avait pas foulé ces terres désolées. Un étrange sentiment lui pinçait toujours le cœur lorsqu’il repensait aux épreuves traversées, à l’histoire de cette région meurtrie par les conflits politiques et le Grand Cataclysme. Malheureusement pour lui, cette fois-ci, il n’avait pas le luxe de s’accorder quelques jours pour en faire le tour et évaluer la situation. Le diplomate avait commencé à parcourir l’Empire afin de rencontrer différentes figures et faire le point sur les différents points de vue en son sein ; chercher des alliés, potentiellement trouver des failles, même s’il haïssait dire les choses ainsi.

Il avait initialement souhaité rencontrer la sénatrice en charge de la région de Callero, mais s’était retrouvé invité à visiter la base militaire d’Arsinoe à la place. Sûrement une volonté de l’Empire d’à la fois se montrer accueillant, de montrer une partie de sa puissance militaire à Palera, afin de dissuader toute demande trop osée, et de rassurer quant à la situation de Callero. Si elle était défendue par une base militaire puissante, n’était-ce pas là une preuve que l’Empire souhaitait là protéger ses citoyens ?

Gento ne demandait qu’à voir. Il avait accepté. Après tout, il pouvait aussi se servir de cette visite à son avantage. S’il se doutait bien qu’il ne verrait pas l’entièreté de la base militaire – pour des raisons évidentes de sécurité – il aurait au moins l’occasion de discuter avec des gradés, voire même des soldats, certains originaires de Callero. Cela lui donnerait une étendue plus large de la situation que ce que l’Empire voudrait bien lui dire.

Il fut reçu dans la cérémonie la plus simple possible, à l’effigie des traditions de l’armée, et avec le respect dû à ce genre d’occasions. Exceptionnellement, on lui avait autorisé de garder Chrysanthème à ses côtés, au vu de sa santé fragile ; puisqu’il n’allait visiter aucune zone sensible, il avait été considéré qu’un petit Pokémon, tenu correctement, était acceptable. Le diplomate était de toute façon constamment accompagné de soldats, et il était évident que pour le bien des négociations, tout se passerait bien.

Chrysanthème somnolait dans les bras de son dresseur, ennuyée de la visite, ronflant calmement par moments. Gento n’était pas spécialement passionné non plus par l’infrastructure militaire, mais faisait l’effort de noter mentalement chaque détail qu’il pouvait noter.

Après quelques temps, l’officier en charge de la visite le conduisit à l’infirmerie. Il avait été jugé utile de le lui montrer en cas de besoin lors de sa journée au sein de la base militaire. L’officier avait insisté ; l’Empire prenait soin de ses soldats. L’infirmerie, bien qu’un endroit commun à de nombreuses infrastructures similaires, semblait un point clé dans la volonté de démontrer un certain intérêt pour l’Humain. Gento laissa le militaire expliquer ce qu’il avait à savoir. L’infirmière étant présente dans la pièce, le diplomate se contenta de la saluer d’un respectueux signe de tête, pour ne pas couper son interlocuteur.

Ce ne fut qu’au moment où ce dernier finit ses explications que Chrysanthème se permit d’éternuer bruyamment. Un long silence s’ensuivit, avant que Gento ne toussote légèrement. « Excusez-la. Il semblerait qu’elle ait attrapé froid récemment. »