La championne haussa un sourcil, visiblement surprise de la révélation de Gento. Il était vrai qu’en Empire, du fait que les Pokémon étaient considérés comme des armes, voire des outils, il était commun d’en posséder ne serait-ce que pour garder les maisons ou s’aider dans les tâches quotidiennes. Mais le diplomate, du fait de sa santé, ne pouvait convenablement s’occuper de beaucoup de Pokémon. Il n’en possédait que très peu. « Pour la longueur nous pouvons toujours vous installer des accommodations. Des sièges. Des pauses entre chaque pokémon mis KO. Ou à un temps fixe. Les combats durent rarement très longtemps dans tous les cas, rassura Cynthia, j’aimerais dire que vous êtes un meilleur juge de vos limites mais j’ai comme un doute sur le sujet… » Son ton trahissait la taquinerie dont le diplomate était la victime. Ce dernier soupira, lui-même amusé. « Je connais parfaitement mes limites, répondit-il, je les ignore en parfaite connaissance de cause. » Ce n’était pas comme s’il n’était pas au courant des risques. Mais à ses yeux, vivre pleinement sa vie avant l’échéance en valait la peine.

Cynthia semblait pensive, alors qu’elle caressait la Pokéball du Barloche du bout des doigts. Elle brisa finalement le silence qu’elle avait elle-même instaurée après un certain temps. « Lycoris, c’est le Galopa ? Ou la Mélofée ? demanda-t-elle, tant qu’ils vous écoutent c’est bon. Les arènes acceptent les dresseurs de tous niveaux et si vous perdez, vous n’avez qu'à retenter votre chance ! Euhm, je dis ça à titre purement explicatif, loin de moi l’idée d’insister. Y avait-il autre chose dont vous vouliez me parler ? » Elle s’éparpillait encore, ce qui arracha un nouveau sourire au diplomate. Celui-ci décida d’aborder la chose point par point.

« Lycoris, c’est ma Galopa. Quant aux autres Pokémon que je « possède »… Disons qu’ils sont pour la plupart des Pokémon sauvages et ne m’appartiennent donc pas. Ils ne sont pas déclarés auprès de l’Empire car ils vivent librement. Je ne suis même pas certain qu’ils m’écouteraient si je décidais de leur donner des ordres. » Il ricana. Il admettait ouvertement ne pas déclarer les Pokémon sous son toit à une autorité impériale, comme s’il ne s’agissait que d’un détail. A ses yeux, les Pokémon ne faisaient que vivre temporairement chez lui, allaient et venaient, et il n’avait aucun contrôle sur eux. A tous les points de vue, ils n’étaient pas ses Pokémon.

Au sujet de ce qu’il voulait discuter avec la championne… « A l’origine, j’étais uniquement venu pour discuter des événements du 31 octobre avec vous, et vous offrir ce Pokémon, avoua le diplomate, si vous êtes occupée, je pense que nous pouvons ainsi conclure cet entretien. » Mais si elle voulait discuter d’autre chose, ou si elle se sentait plus à même de parler du sujet qui l’intéressait en premier lieu, alors il la laissait prendre l’initiative, et écouterait. Le diplomate n’était pas insatisfait de l’entretien ; même si Cynthia n’avait que très peu souhaité discuter du sujet abordé par son vis-à-vis, au moins l’avait-elle mis sur une piste. De plus, elle l’avait beaucoup aiguillé dans sa recherche de l’arbre auquel appartenait la mystérieuse branche qui le coiffait.