L'étreinte avait un effet si bénéfique sur eux qu'Arsène aurait voulu ne plus jamais la relâcher. Garder sa chère Olivia lovée ainsi contre lui à jamais, dans l'intimité de son manteau et de son coeur. Il s'était risqué à déposer un léger baiser sur sa tempe, car ses lèvres étaient dans l'immédiat proscrites.

Il avait posé sa tête contre la sienne alors qu'il entendait son "merci". Il avait laissé sa main glisser le long de son dos, doucement, de bas en haut, pour lui apporter un peu de chaleur et de réconfort. Il aurait aimé pouvoir la rassurer de manière plus efficace, plus vraie, mais il était tout aussi inquiet qu'elle. Elle risquait tellement, à se tenir à ses côtés. N'était-ce pas égoïste de vouloir la faire sienne? Surtout maintenant qu'il connaissait les aboutissants d'une telle relation? Ses mains s'étaient un peu crispées sous le coup de la frustration, tandis qu'il avait déposé un second baiser dans ses cheveux d'or.

Et comme toujours, Olivia était si attentionnée. Comme si ses propres risques n'étaient pas plus importants que l'état psychique d'Arsène. Elle ne craignait qu'il ne souffre, que tout cela devienne trop dur. Le brun avait soupiré pour calmer un brin les battements de son coeur. Ça ne serait pas facile, c'était une certitude.

— Promis, je te ferai savoir si ça devient difficile.

Le brun n'aimait pas les promesses, se sentant toujours incapable de les tenir. Et le simple fait d'imaginer la décevoir le tiraillait. Surtout, il ne voulait pas partager sa peine, parce qu'elle était sienne et seulement sienne, son propre fardeau qu'il se devait de gérer. C'était ce qu'il avait toujours fait. Mais la jeune femme avait été claire: ils devaient être sur un pied d'égalité s'ils voulaient vivre leur idylle convenablement. Lui mentir était donc interdit.

— Mais ton bonheur est tout ce qui m'importe, et si je veux te rendre pleinement heureuse, je dois faire ces efforts-là. Je dois au moins essayer.

Il fut un temps où Arsène avait abandonné tout espoir. Où il s'était persuadé que la vie n'avait plus rien à lui offrir, et qu'il n'avait plus rien à tenter. Olivia était un véritable phare dans l'océan de sa mélancolie. Il n'était pas encore sorti des vagues tumultueuses de sa dépression, mais chaque baiser d'elle le ramenait plus près du bord. Plus près du bonheur. Et parce qu'il savait ces mots plus difficiles à dire pour elle que pour lui, il s'était approché de son oreille pour les lui sussurer. Parce que ces mots n'étaient à jamais destinés qu'à elle.

— Parce que je t'aime.

Il n'en pouvait plus. Alors il avait penché la tête, à la recherche des lèvres d'Olivia pour l'embrasser passionnément. Et d'une main, il avait relevé le col de son manteau pour dissimuler leur contact. Bientôt, ils pourraient se dévoiler au monde sans crainte. Mais pour l'instant, Arsène n'avait pu s'empêcher de balbutier un "pardon" timide à peine audible.