Tu ne peux que pâlir face au discours de ta soeur. Le pire, c’est que tu n’es même pas contre sa position en principe. Certes, tu préférerais que Callero puisse s’affirmer sans violence, mais tu n’es pas non plus naïve au point de penser que des simples demandes forceraient la main de l’Empire. Si c’était le cas, ça fait longtemps que tu aurais obtenu la représentation de la région au Sénat. Tu le sais, mais ça reste difficile à accepter, à encourager. Alors oui, tu te retrouves dans la position un peu nulle et pas tout à fait véridique de demander un entredeux. Tu ne blâmes pas particulièrement l’Armée révolutionnaire pour leurs attaques - même s’il est évident qu’elles t’ont troublé - mais tu ne peux pas non plus les encourager. Sauf que voilà, là où tu te retrouves modérées tant par des envies de paix que par le fait que tout autre position pourrait te couter cher, Rebecca, elle, en est bien loin. Tu le réalises toujours un peu plus à chacune de vos conversations.

Et ça te pousse dans un retranchement que tu n’aurais jamais cru rejoindre. Parce que t’as du même à croire qu’elle pense vraiment ce qu’elle dit et que ça te fait un peu peur, de savoir ce qu’elle pense vraiment. « Ça a aussi affaibli l’Empire, détruit Nephte. Si elle voulait détruire Callero comme ça, elle aurait pu faire autrement. » Ça te parait juste logique en soit. L’Empire a bien des tords, bien des problèmes qu’il faut corriger, mais tu ne penses pas que le Grand cataclysme était une tactique pour étaler la région au Sud. « Je ne te dis pas de leur faire confiance. » Même si t’espères qu’elle te fait confiance à toi. « Juste d’être… je sais pas. Si l’Empire voulait uniquement affaiblir Callero, l’armée suffisait amplement. » Donc pas besoin d’un cataclysme qui a couté tant de vie, pas uniquement là-bas.

Pour ce qui est de la solution, de ce qui devrait être fait, tu ne peux que soupirer. Oui rien faire risquait d’encourager plus de violence qu’autre chose, mais en même temps, ont-iels, avez-vous beaucoup plus d’options ? Tu te le demandes. « Iels ont peur Rebecca. Peur que ça devienne une véritable guerre civile. » C’est sans doute déjà le cas à vrai dire, tu ne te leurres pas sur ce point. « On a failli crever ce soir là, ça laisse des traces. » Tu t’en es sortie bien mieux que d’autres, t’y aurais pas cru considérant l’arrivée d’Edward Silverlake, mais bon. « Et je suis consciente que ça excuse rien, mais ça reste compliqué. » Ça irait mieux si tout le monde pouvait s’écouter un minimum, mais t’es consciente que ça fonctionne pas comme ça. « Je suis pas certaine que Callero accepterait une simple représentation au Sénat maintenant. » Et en voyant ta soeur devant toi, tu supposes qu’elle non plus n’accepterait que ça.