Andy n'avait pas de plan.
Il n'avait pas même la prétention d'en avoir un.
La plupart des personnes encore dans l'assistance devaient l'avoir réalisé maintenant, mais ne comprenaient pas forcément ce que cela impliquait. Parce que pour cela, il fallait le connaître. Et même parmi ses collègues champions, dont certains partageaient avec lui cette fonction prestigieuse depuis de nombreuses années, tous ne pouvaient pas se vanter de savoir qui exactement était l'ancien sergent Andrew Wyatt Anderson, désormais champion d'arène de la ville de Nepthe. Certains d'entre eux en avaient une vague idée, d'autres pas du tout ; il n'était pas homme à s'ouvrir aux autres. Pour pleinement le découvrir, il fallait le vivre - et il n'était jamais plus lui-même que dans le feu de l'action.

Bien sûr, cela ne signifiait pas que ses autres comportements n'étaient pas authentiques, qu'il faisait semblant d'être quelqu'un qu'il n'était pas - mais il ne se révélait entièrement qu'une arme à la main, que ce soit un Sig Sauer M17 ou une pokéball.
Non pas parce qu'il était un boucher sanguinaire, mais parce que Dieu - ou Arceus, qu'importe - l'avait doté d'un corps fait pour le combat ; s'il n'était pas croyant, cela ne l'empêchait pas d'être intimement convaincu « qu'il devait l'oublier à bon escient. 'faut pas gâcher.

Qu'il fasse ou non encore partie de l'armée, Andy était une machine de guerre - ce qui ne voulait pas pour autant dire qu'il n'avait rien dans le crâne, contrairement aux apparences. Sans cela, il n'aurait ni gravi les échelons, ni réussi à finir à la tête d'une des huit arènes de la région pendant plus d'une décennie.
Il n'avait rien d'un stratège, ça oui - pour la bonne et simple raison qu'il n'avait jamais cherché à le devenir. Ça ne l'intéressait pas. Les stratèges, ce sont ces gens qui passent leurs journées le cul posé sous la tente à regarder une carte dans tous les sens pendant que les autres font le travail à leur place. Quel intérêt ?
Il avait des notions de stratégie, comme n'importe quel soldat, assez même pour justifier son ancien grade, mais pas plus. Il n'avait pas cherché plus loin, n'ayant, contrairement à la plupart de ceux qui s'y intéressaient, aucune raison de vouloir s'éloigner du terrain.
Car c'était là qu'il vivait vraiment, encore aujourd'hui. Cette zone de guerre en valait une autre.

Cependant, s'il y avait bien une notion de stratégie qu'Andy avait retenu, c'était celle selon laquelle aucun plan de bataille ne survit au premier contact avec l'ennemi ; ce pourquoi ce qu'il n'avait pas en anticipation, il le compensait en faculté d'adaptation.
Il n'était peut-être pas à même d'élaborer des stratégies complexes, mais il savait mieux que quiconque quoi faire dans le feu de l'action - ce pourquoi s'en prendre au leader ennemi s'était rapidement imposé à lui, au-delà de son envie personnelle de sans cesse repousser ses limites.
C'était après tout le seul ennemi - du moins parmi les présents - à avoir une réelle importance ; les autres n'étaient que des pions, des sbires, une extension de sa volonté plus qu'ils n'avaient la leur. S'il devait être mis en difficulté, voire même abattu, il ne faisait aucun doute que leur belle détermination s'effondrerait instantanément.
Car il y avait une bonne raison à ce que les chefs d'armées restent le cul posé sous une tente, précisément.
Car même si ce n'était pas la raison pour laquelle on décidait de les suivre, qu'on leur trouvait d'autres qualités, qu'on se voulait plus malin que ça, il n'en restait pas moins dans la nature humaine d'être attiré par la force - qu'il s'agisse d'obéir à ceux qui en ont ou de la posséder soi-même.
Si ceux que l'on considère « meilleurs que nous » au point de se rallier à leur cause, parfois même d'être prêt à mourir pour eux font défaut, montrent le moindre de signe de faiblesse, l'on est amené à reconsidérer la confiance qu'on leur prête. C'est ainsi. Car s'ils sont plus faillibles qu'on ne le croyait, ne le sommes-nous pas également ?

En ce sens, Andy - qui, loin d'avoir poussé la réflexion aussi loin, synthétisait tout cela sous forme d'instinct - avait réussi son coup : il avait prouvé que l'ennemi n'était pas invincible. Qu'en y mettant assez de moyen, il était possible de lui faire mal - peut-être même de le vaincre.
Cette rougeur sur sa joue en était le symbole ; le fait qu'il ait pu arriver jusqu'à lui - l'atteindre malgré la distance qu'il maintenait entre lui et la « plèbe » - également. De même pour le fait d'avoir réussi à lui faire rappeler l'un de ses pokémons. D'aucuns auraient été démoralisés de voir que même un champion d'arène n'arrivait « qu'à ça », mais pour lui, c'était plutôt « déjà ça ».
S'il s'évertuait à refuser le combat, alors c'était sa crédibilité qui en paierait le prix.
Tant pis si ça devait impliquer de tomber d'un drattak en plein vol.

▬ AH ! TU VOIS QUAND TU VEUX ! hurla-t-il néanmoins à l'envahisseur au moment de choir, sans perdre son sourire malgré le coup dans le ventre et le balayage qui venaient de le jeter dans le vide. Alors, c'était pas si compliqué, pas vrai ?!

Par chance, Charlie n'était pas très loin ; désœuvré après l'avoir « déposé » - faute de meilleur mot - auprès de sa cible, il n'en avait pas pour autant quitté le combat, au contraire. La seule raison pour laquelle il n'avait pas poursuivi son assaut était la volonté de ne pas blesser son dresseur en taillant son ennemi en pièces.
Ainsi est-ce tout naturellement qu'il vint le rattraper au milieu des airs sans broncher - ce n'était de toute évidence pas la première fois qu'il devait lui épargner une chute potentiellement mortelle, et la manœuvre était rodée.
De même était-il largement habitué à se battre contre un drattak, « mega » ou pas, à l'instar de celui qui fonçait droit sur lui - sur eux -, et il n'envisagea même pas la possibilité de sortir de sa trajectoire ; d'une part parce qu'il n'en aurait certainement pas le temps, d'autre part parce qu'il voulait lui montrer que son attaque ne l'impressionnait en rien. Il s'était promis de prendre sa revanche, et il ne changerait pas d'avis.
Ce pourquoi il déploya à son tour une bulle protectrice dans un puissant rugissement de provocation, prêt à le recevoir de front ; ce n'en serait que plus facile de contre-attaquer après l'avoir repoussé. Il allait lui montrer que son attaque - cette attaque dans laquelle il mettait toute sa puissance - était insignifiante, qu'il n'avait rien à craindre de lui !

L'impact eut lieu et la pièce entière trembla, un grincement insupportable - qui n'était pas sans rappeler celui d'ongles sur un tableau noir - se prolongeant pendant de longues secondes ; celui des griffes et des crocs du dragon adverse, raclant sa barrière sans pouvoir la franchir... jusqu'à ce que des fissures se mettent à la parcourir.

▬ Merde,  fit Andy qui, depuis le dos de son compagnon, n'avait pas eu son mot à dire dans cette confrontation, et prenait conscience de la situation trop tard pour faire autre chose que le soutenir de son mieux. Il leva le bras et projeta son esprit combattif et sa soif de vaincre en direction de son méga-bracelet, lequel, déjà lourdement sollicité, se mit à crépiter, nimbé d'étincelles, alors qu'il approchait rapidement de la surcharge. ALLEZ, TIENS BON !

Malheureusement, malgré leurs efforts communs, le bouclier finit tout de même par se rompre dans une violente explosion. Au milieu du nuage de fumée en résultant, Charlie secoua la tête, tâchant de ne pas se laisser étourdir malgré les dégâts subis, et, ouvrant grand la gueule, entreprit de charger une riposte enflammée de son cru... Avant que ses yeux se révulsent et qu'il bascule dans le vide, à bout de forces après cette résistance acharnée. Aussi bien lui que son cavalier s'écrasèrent au sol parmi les débris issus du combat et de ce qu'il restait encore du mobilier, le brûlant dragon perdant aussitôt sa forme pour redevenir un « simple » dracaufeu - inconscient.

Aussi robuste qu'il soit, même le maître des dragons dut accuser le coup ; si l'adrénaline battant encore dans ses veines lui permit de se relever sans trop trainer, son corps n'en était pas moins parcouru de plaies éparses, des taches de sang s'étendant sur sa chemise, débris de verre et autres esquilles de bois faisant là son office.
Ce n'était cependant rien comparé à son bras gauche, lequel avait « amorti » - façon de parler - la majeure partie de sa chute et pendait désormais piteusement contre son flanc. Il n'en était pas à sa première fracture, et celle-ci ne suffirait pas à le décourager à elle seule, mais ça ne la rendait pas plus agréable pour autant.
Et pire encore : ses lunettes de soleil lui avaient été arrachées, révélant ses prunelles ambrées au grand jour.

Comprenant bien que ce n'était pas le moment d'attendre des ordres de sa part, ses autres pokémons se firent forts de se débrouiller par eux-mêmes. Après tout, eux aussi avaient suivi une formation militaire et étaient donc capables d'autonomie, même si le regard extérieur de leur dresseur était toujours un apport bienvenu. Victor plus particulièrement sut garder son sang-froid ; ce n'était pas la première fois qu'il voyait son maître se blesser de la sorte et, l'ayant toujours vu s'en remettre jusque là, ne voyant pas de raison de s'inquiéter plus que de rigueur, pleinement conscient que le meilleur moyen de le « mettre en sécurité » était encore d'éliminer la menace.
Ce qu'il s'empressa de faire, profitant que le pingoléon se soit détourné de leur affrontement pour venir en aide à son propre dresseur ; une erreur qu'il se garda donc bien d'imiter, préférant pour sa part lui cracher brusquement un Draco-Souffle dans le dos après avoir pris le temps de le calibrer à l'aide d'un Affilage, mettant toutes les chances de son côté pour que ce soit là l'assaut décisif.
Hotel, lui, n'en menait pas large, devant se confronter à un deuxième adversaire après avoir déjà dû repousser le mammochon. Si, comme son apparence le suggérait, il pouvait compter sur une certaine solidité, même lui avait ses limites.
Lesquelles n'étaient fort heureusement pas encore atteintes - en tout cas, pas assez pour l'empêcher de se défendre en adoptant une posture de garde... Avant de tirer parti du fait que l'oiseau catcheur l'attaque au corps-à-corps pour essayer de l'agripper et de l'abattre sur le carrelage fracassé en l'écrasant de tout son poids, retournant sa propre force contre lui une nouvelle fois. Et s'il y parvenait, et bien... Un tir d'Ultralaser en pleine tête devrait le calmer - en plus de les emmener tout deux à l'étage inférieur.

De son côté, Andy ne tarda pas à se relever - tant bien que mal de par son membre incapacité -, mais ce furent les paroles de Benjamin qui achevèrent de faire disparaître l'acouphène qui lui vrillait les tympans depuis la déflagration. Faisant fi de la douleur, il laissa échapper un rire et, après avoir rappelé Charlie dans le confort de sa pokéball pour qu'il s'y remette de ses blessures, déchira sa chemise en lambeaux pour se débarrasser des différents éclats acérés qui s'y étaient installés.

▬ T'inquiète pas pour moi, j'ai pas encore dit mon dernier mot !

Et en effet, à cet instant précis, le bruit d'ouverture d'une pokéball se fit entendre - loin, quelque part dans les airs ; là où il avait réussi à l'envoyer avant d'être renvoyé manu militari sur le plancher des écrémeuhs. Là où un autre de ses précieux alliés - de ses soldats - serait libre de déployer ses ailes et de se mouvoir à sa guise malgré sa stature ; de se projeter, ombre immense dans la poussière, en direction du drattak, plus vite que même lui n'était capable de se mouvoir, s'abattant sur lui de toute sa force et de tout son poids. Son poing s'auréola de foudre à son tour et, s'aidant de celle qui parcourait encore le dragon ennemi après qu'il ait été foudroyé sur place par deux fois, lui enfonça dans la cage thoracique, nullement freiné par la torpeur qui déjà s'emparait de lui.
Ce dracolosse, Oscar, de son prénom, était un être doux, bien plus en tout cas qu'on n'aurait pu l'attendre de la part de quelqu'un - humain ou pokémon - en ayant vu autant qu'il avait été amené à le faire. Mais s'il y avait bien quelque chose qui pouvait le faire sortir de ses gonds, c'était que l'on s'en prenne à ses amis et à ses proches, et un simple coup d'œil à la situation avait suffi à le plonger dans une colère noire. Et s'il aurait lui aussi dû être incontestablement plus faible que le pokémon ennemi, il avait pour lui d'être en pleine forme - et d'être plus que motivé à punir les responsables de ce désastre. Une gravité peu commune sur le museau, ses écailles bleutées illuminées par les flammes environnantes, il appuya le contact - et fit parler la foudre.
Il était temps d'en finir.

---

• Récapitulatif des actions
  
• Andy tombe du drattak, mais est réceptionné par Charlie, qui était encore dans les parages après l'avoir « déposé ».
  
• Charlie le dracaufeu contre l'attaque du drattak avec Abri, qu'il tient jusqu'au bout, Andy et lui poussant au maximum la puissance donnée par le méga-bracelet, mais ça ne suffit pas.
  
• Charlie donne brièvement l'impression de préparer une contre-attaque avant de tomber au sol comme une pierre, Andy toujours sur son dos.
  
• Andy se casse le bras gauche en tombant et a le corps criblé de débris divers, même s'il tient le coup.
  
• Victor l'hyporoi se débrouille de son côté en profitant que pingoléon soit plus concentré sur Edward que sur lui, utilisant Affilage pour augmenter sa précision avant de lui tirer un Draco-Souffle dans la nuque en espérant le paralyser.
  
• Hotel le duralugon est déjà un peu éprouvé par son face à face avec mammochon mais s'accroche et se défend, puis profite que brutalibré l'attaque au corps-à-corps pour l'agripper et essayer de le plaquer au sol en utilisant Fulmifer, afin de retourner sa force contre lui. S'il y arrive, il utilise un Ultralaser pour essayer de le dégommer à bout portant, au risque de les faire tomber tous les deux à l'étage du dessous.
  
• Andy rappelle Charlie (KO) et se relève tant bien que mal pendant qu'une pokéball « laissée dans les airs » - lancée au dernier moment - s'ouvre.
  
• Oscar le dracolosse en émerge, furieux qu'on ait touché à ses amis, et se précipite sur le drattak à l'aide d'un Vitesse Extrême pour lui asséner un Poing-Éclair en profitant du fait qu'il soit encore parcouru d'électricité, qu'il amplifie encore d'un Tonnerre supplémentaire.